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Taïaut ! Taïaut ! la chasse au DSK est ouverte par la meute des chiens de garde de Sarko (III)

Publié le 08 mars 2011 par Kamizole

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Je ne reviendrais pas sur les propos contestables de Christian Jacob sur la ruralité, du style «la terre ne ment pas» d’inspiration pétainiste que j’aborde par ailleurs Attention danger ! Christian Jacob a ouvert sa bouche fosse à purin et ça fouette grave !… Pourquoi une telle agitation frénétique saisit-elle Nicolas Sarkozy, l’Elysée et ses chiens de garde de l’UMP ? La réponse est tout simple : Nicolas Sarkozy pète de trouille à l’idée d’affronter Dominique Strauss-Kahn en 2012. Et sans doute bien pire encore : celui-ci ne pouvant se prononcer tant qu’il est président du FMI, ils sont taraudés par l’incertitude. DSK démissionnera-t-il du FMI – et quand ?

Petit détail qui a son importance et prouve bien la rouerie de Nicolas Sarkozy : celui-ci étant le président du G20 jusqu’à la fin de cette année et donc sans nul doute maître de l’ordre du jour a programmé le sommet final du G20 le plus tard possible. Trop tard en tout cas pour que DSK puisse y être présent s’il décidait de participer aux primaires du PS, la clôture des candidatures étant fixée au 13 juillet 2011. D’où le dilemme : rester à la tête du FMI jusqu’au terme de son mandat ou démissionner avant la date butoir des primaires?

Force est de remonter début février pour comprendre le pourquoi et le comment de cette soudaine agitation que l’Humanité qualifiait fort justement le 15 février 2011 d’Hystérie de la droite autour de Dominique Strauss-Kahn. Commedia dell’arte ou Guignol de l’Elysée, à votre guise. Je vous laisse admirer au passage cette magnifique photo de masques italiens qui, aussi bien que Janus ou les Quatre-sans-cul de la fontaine de Chambéry illustrent à merveille la personnalité clivée et roublarde de Nicolas Sarkozy : avec tous ses discours contradictoires et toujours mensongers, impossible de savoir réellement ce qu’il a derrière la tête

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ACTE 1 : L’impatience de l’UMP devant être à son comble, le 1er février 2011, étrillant DSK sur moult sujets pour le Parisien, Jean-François Copé lance : “J’en ai marre” du silence de DSK (L’Express du 1er fév. 2011) : «J’aimerais bien qu’il parle. J’en ai marre de cette espèce de figure tutélaire, de statue de commandeur, d’oracle, de ce type dont on dit: il sait tout sur tout (…) D’accord, mais qu’il le dise (s’il sera ou non candidat). Il ne parle plus, or il faut parler aux Français». Parler aux Français ? Sarko et sa clique s’y emploient beaucoup pour un résultat lamentable !

Pierre Moscovici lui répondit immédiatement du tac au tac : «Je dis aux impatients polis du PS, et aux impatients grossiers comme monsieur Copé : il faut poireauter, mon pote !»… La phrase (Libération du 2 fév. 2011) ne m’avait bien sûr pas échappé sans que j’eus hélas le temps de l’exploiter…

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Cerise sur le gâteau, interrogé sur les propos de Christian Jacob – qui décidément ne rate aucune sarkonnerie, celle-ci m’avait échappé mais si l’on devait s’arrêter à toutes ces broutilles ! – qui avait déclaré le 26 déc. 2012 au Parisien que «Strauss-Kahn a peur d’y aller» : «Dominique Strauss-Kahn est en vraie difficulté. Il est en train de se révéler comme quelqu’un qui n’arrive pas à choisir. Pour être candidat à la présidentielle, il faut le vouloir. On a le sentiment qu’il est incapable d’assumer. Il a peur ! On découvre un DSK craintif, incapable de trancher. On aurait grand tort de sous-estimer Ségolène Royal et Martine Aubry. Dans le trio, le faible, c’est Strauss-Kahn !» Jean-François Copé répondit «qu’il devait y avoir un peu de ça» !

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Notez au passage la vaseline dans le dos de Martine Aubry et Ségolène Royal… Demain ou après-demain si l’une ou l’autre gagne les primaires, elles ne seraient plus bonnes qu’à jeter aux chiens - ceux de la meute UMP qui les déchiquetteraient à pleins crocs… de boucher ?

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Christian Jacob ne devrait pas se lancer dans la psychologie, surtout de si bas étage ! Il n’est ni suffisamment intelligent ni cultivé pour déterminer si DSK est capable d’assumer ou non le fait d’être candidat à la présidentielle ni sonder ses intentions. Si la candidature de Sarko n’est mystère pour personne - «Il ne pense qu’à ça !» - nous apprendrons en son temps la décision de Dominique Strauss-Kahn à cet égard, nonobstant la mauvaise foi patente de Christian Jacob qui sait pertinemment qu’il est tenu au silence tant qu’il sera à la tête du FMI. Laisserait-t-il Anne Sinclair s’exprimer – de manière sibylline - en ses lieux et place ?

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ACTE 2 : Il y a bien de cela, tout du moins en apparence… Et c’est précisément une déclaration d’Anne Sinclair qui mit le feu aux poudres. Je me suis bien amusée à lire l’article paru dans La Dépêche du 15 février 2011 DSK : l’absent au centre des débats politiques. «Se retrouver au centre des débats politiques sans avoir prononcé un mot. Telle est la singulière situation dans laquelle se trouve Dominique Strauss-Kahn. Contraint au silence, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) (…) n’a jamais été autant au cœur de l’arène politique française que depuis que son épouse, Anne Sinclair, a lâché la semaine dernière qu’elle ne souhaitait pas qu’il effectue un second mandat à la tête de l’institution internationale. Une confidence prononcée à Washington, qui a déclenché une tempête 6 200 kilomètres plus loin».

Incontestable “effet papillon” : un simple battement de cils d’Anne Sinclair à Washington déclenchant une véritable tempête médiatique à Paris ! Car les propos d’Anne Sinclair après avoir mis le PS en effervescence (Nouvel Obs du 9 fév. 2011) ont déchaîné les aboiements et jappements furibards des chiens de garde de la meute de Nicolas Sarkozy…Taïaut ! Taïaut ! Sus au rusé renard qui refuse d’annoncer s’il sera ou non candidat. Mais quant à faire, autant commencer immédiatement la curée. Exorciser la peur en même temps que Lucifer.

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«Sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?» - «Messires, je ne vois que votre route qui merdoie et Dominique qui louvoie»…

C’est aussi bête que ça : Anne Sinclair ne veut plus du FMI pour DSK (L’Express du 9 fév. 2011) qui reprend les propos qu’elle a tenus au Point le même jour EXCLUSIF - Dominique Strauss-Kahn fait un pas vers 2012 dont Hervé Gattegno excipe la conclusion qu’ils annoncent la candidature de DSK. Les propos d’Anne Sinclair restant pourtant prudents : «J’ai lu dans plusieurs journaux français que la réélection de Dominique serait assurée à la tête du FMI, pour ce qui me concerne, je ne souhaite pas qu’il fasse un second mandat». Avant d’extrapoler sur une éventuelle candidature de Dominique Strauss-Kahn, il resterait à savoir si cela participe d’une stratégie de communication inspirée par DSK ou si tout simplement Anne Sinclair en a carrément marre de Washington comme je pus le lire ou l’entendre bien avant en diverses occasions…

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Il convient maintenant d’examiner les arguments déployés par l’UMP pour contrer Dominique Strauss-Kahn. L’ennemi numéro 1. DSK, cible privilégiée des attaques de l’UMP (Nouvel Obs du 14 fév. 2011). Pierre Lellouche et Christian Jacob se partageant peu ou prou le travail. Je ne reviendrais pas sur les sorties d’inspiration maurrassienne et pétainiste très “terre-à-terre” du président du groupe UMP à l’Assemblée nationale «La terre ne ment pas»… Christian Jacob se trompe d’époque !. Le premier attaquant Dominique Strauss-Khan en tant que grand bourgeois donc incapable d’être un candidat socialiste crédible…

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Ce type d’argument n’est pas nouveau et fut utilisé par l’UMP pour discréditer Matthieu Pigasse (l’un des trois compères, avec Pierre Bergé et Xavier Niel du trio dit BNP, repreneurs du Monde). Pensez-donc ! Un banquier milliardaire (patron de la Banque Lazare) qui se dit uniquement préoccupé par l’utilité sociale (Nouvel Obs du 25 juin 2010) ! Un véritable OPNI (Objet politique non identitfié) quand Nicolas Sarkozy ne songe qu’à la meilleure manière de plumer les Français pour s’en mettre plein les fouilles et garnir celles de ses amis multimilliardaires du COUAC/40 et autres convives gloutocrates de l’interminable nuit du Fouquet’s.

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Or donc, pour Pierre Lellouche, interviewé dimanche dernier sur RCJ (Radio de la Communauté Juive, fm 94.8 pour l’Ile de France, la même fréquence que Radio J, judaïque FM et Radio Shalom qui se partagent les plages horaires) DSK est l’homme de la «gauche ultra-caviar» selon ce qu’en rapporte Jim Jarrassé dans Le Figaro (13 fév. 2011). «C’est un bon candidat mais en même temps, est-ce qu’il rassemble son propre camp ? Parce que c’est quand même la gauche ultra-caviar (…) celle que j’aime bien, celle qui connaît le libéralisme, celle qui connaît la mondialisation (…) un très grand bourgeois qui fait semblant d’être élu des quartiers difficiles (…) Beaucoup de gens de gauche que je connais considèrent qu’il est de droite et pas de gauche».

Il a tout de même un sacré toupet Lellouche ! DSK n’a pas fait «semblant» d’être élu à Sarcelles. Merci de ne pas nous prendre pour des cons, pour une fois ça changerait. En même temps que les électeurs de Sarcelles. Avez-vous déjà vu un candidat qui ferait seulement «semblant de s’intéresser» au sort de ses futurs administrés ne pas prendre une belle veste ? Il a été élu maire de Sarcelles et plus tard député. Dans l’article d’Hervé Gattegno, je lis que François Pupponi, l’actuel maire de Sarcelles et proche de Dominique Strauss-Kahn a lancé dans le Point daté du 10 février «un véritable appel à sa candidature», particulièrement élogieux : “J’aimerais que Dominique fasse pour la France ce qu’il a fait pour Sarcelles, déclare-t-il. La ville avait un déficit abyssal et une image déplorable. Il a rétabli les comptes, relancé l’activité, fait reculer le chômage. C’est un homme qui trouve des solutions.” Et dispose d’un carnet d’adresses bien garni. Ce qui aide forcément.

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La plupart d’entre vous ne connaissent sans doute pas Sarcelles - la première “ville-dortoir” construite en France au début des années 60… on lui dut même un mal-être connu sous le nom de «sarcellite»… - ni son histoire. S’il y avait un tel déficit, il ne saurait donc être imputé qu’à Raymond Lamontagne (RPR) qui fut maire de Sarcelles de 1983 à 1995, ainsi que député de la VIIe circonscription (Montmorency). En 1997, ce vieux-beau (83 balais aux fraises) se représenta à nouveau, sans doute persuadé d’être réélu dans une ville bourgeoise mais fut battu par Yves Cochet (Verts) à la faveur d’une triangulaire avec le FN.

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Selon ce que je lis sur L’Express (13 fév. 2011) DSK, c’est la gauche ultra caviar” Pierre Lellouche aurait ajouté «C’est bien sûr un bon candidat, c’est quelqu’un d’intelligent, il a ses qualités et ses défauts mais si je l’ai battu aux législatives il y a un peu moins de vingt ans (dans le Val d’Oise) c’est qu’il doit y avoir quelque part des failles dans la cuirasse».

Or, il faut replacer les choses dans leur contexte historique et politique. Il se trouve que je connais bien la VIIIe circonscription du Val d’Oise (Sarcelles) car elle jouxte la VIIe (Montmorency où je vis et qui comprend d’ailleurs une petite partie de Sarcelles). L’élection dont parle Pierre Lellouche est celle de 1993 à une période où le Parti socialiste n’avait pas du tout le vent en poupe. Après la réélection de François Mitterrand en 1988 et les élections législatives anticipées qui avaient donné une majorité relative à la gauche (d’où une politique “d’ouverture” en direction des centristes qui eut peu d’effets) la droite avait gagné les législatives suivantes. Comme en 1986 et 2002, la raison essentielle de cette déculottée tenait à la politique trop libérale et pas assez sociale de la “gauche de gouvernement“.

Au demeurant, cette disgrâce ne dura pas longtemps. Dominique Strauss-Kahn fut élu maire de Sarcelles en 1995. Les Français ayant vite compris qu’au moment où la crise économique battait son plein, le gouvernement d’Edouard Balladur faisait tomber «Une cascade de libéralités sur les clients de la droite» - rien de nouveau sous le soleil ! - selon le titre d’un article de Christian de Brie dans le Monde diplomatique (reprise d’un titre datant de la première cohabitation entre 1986-88, Jacques Chirac étant alors premier ministre).

Je ne pense donc pas qu’il s’agisse d’une «faille» personnelle de DSK. La meilleure preuve étant qu’en 1997 lors des élections législatives qui ont suivi la calamiteuse dissolution de l’Assemblée nationale décidée par Jacques Chirac, Dominique Strauss-Kahn fut élu brillamment, Pierre Lellouche sentant le danger s’étant prudemment carapaté dans le IXe arrondis-sement de Paris… Brave mais pas téméraire !

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Pour en terminer avec Sarcelles, je conseille à toutes les personnes aussi désargentées que je le suis – et cela ne risque pas de s’améliorer avec tout ce qui nous tombe sur le coin du museau : le 1er avril 2011 ( ce n’est pas un poisson !) le gaz prendra encore 5 % et c’est précisément la date à laquelle nos modestes retraites devraient augmenter de 2 % ce me semble, bien en deçà de l’inflation ! - de fréquenter l’immense marché qui s’y tient (les dimanches, mardi et vendredi) sur l’avenue du 8 mai 1945, juste avant la gare RER de Sarcelles-Garges.

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La circulation et l’accès sont rendus moins faciles en ce moment sur l’avenue en raison des travaux du futur tramway (qui rendra la vie plus facile aux habitants). Mais le jeu en vaut bien la chandelle : les fruits et légumes, la viande et le poisson sont – à qualité égale – deux fois moins cher qu’ailleurs. Quant au reste, on y trouve de tout à des prix défiant toute concurrence, même chez les Chinois de Paris et les vendeurs y sont autrement sympathiques…

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Il est proprement risible d’examiner deux autres types d’arguments tout à fait contradictoires mais dont on subodore bien leur complémentarité.

Les caciques de l’UMP reprochant en même temps à Dominique Strauss-Kahn de ne plus connaître suffisamment la situation française et d’être oubliés par les Français – «loin des yeux, loin du cœur» - en raison de son éloignement géographique à Washington et arguant que faisant du très bon travail à la tête du FMI il serait plus utile à la France en demeurant à son poste Pour l’UMP Dominique Strauss Kahn est mauvais pour la France mais excellent à l’étranger. Jusqu’au terme de son mandat (2012). Une fois Sarkozy réélu, ensuite de quoi – sa réélection à la tête du FMI me semblant bien moins acquise que les promesses d’un Sarko (qui ne les tient jamais ! et après sa réélection, bien moins encore…) le laisseraient supposer - ils l’imaginent bien prendre la tête de la Banque centrale européenne (BCE). «Any where out the world» eût dit Baudelaire… … Tout plutôt qu’à l’Elysée

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Car ne nous y trompons pas : l’utilité de DSK à la tête du FMI ou de la BCE - de même que ce qui serait utile à la France - est le cadet de leurs soucis. Ils n’ont qu’une chose en tête : Dominique Strauss-Kahn est susceptible de faire tomber Nicolas Sarkozy en 2012 et ils ont le trouillomètre à zéro. D’où cette salve d’attaques tous azimuts, bien évidemment orchestrée par l’Elysée et Sarko nonobstant tout ce qu’ils peuvent affirmer de contraire.

Le reproche fait à Dominique Strauss-Kahn de ne plus connaître – de l’intérieur – la situation de la France et des Français est notamment développé par Jean-François Copé selon ce que je lis sur Libération sous la plume de d’Alain Auffray La chasse au DSK est ouverte. Tout en faisant mine de prendre de la hauteur «Il faut rester calme. Il est important que chacun dans une démocratie puisse s’exprimer et appeler l’attention des Français sur les failles de l’adversaire»… Tout cela est bien dans la lignée des arguments développés par François Fillon pour minimiser la gravité des attaques contre Dominique Strauss-Kahn en avançant que «Ce qu’il dit est d’une extrême modération par rapport à la façon dont certains à gauche parlent de Dominique Strauss-Kahn» et “invite les députés à garder leur calme” Fillon soutient Jacob après ses propos sur DSK (Le Monde du 15 fév. 2011).

Il fait bien entendu allusion à Jean-Luc Mélenchon qui a qualifié DSK “d’affameur des peuplesDSK. Cacophonie après les propos de Christian Jacob (Le Télégramme, 15 fév. 2011). Je n’ai jamais apprécié Mélenchon et ce ne sont pas ses outrances verbales et autres provocations grossières qui montent en puissance au fil des mois sur le mode de la démagogie populiste de la pire espèce qui me feront changer d’avis à son égard. Quelqu’un l’a comparé dernièrement à Georges Marchais… en pire

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Je regrette, Messieurs Copé et Fillon, mais je n’ai nulle intention de rester calme. Ce n’est pas du tout dans mon tempérament. Cela doit être inscrit dans mes gènes du côté écossais car «Aut pax aut bellum» - la paix ou la guerre – est la devise du clan maternel. Et j’entends bien rester la “snipeuse de la République” comme je m’étais appelée en 2007. Pour tirer à boulets rouges à chaque fois que cela me semblera nécessaire, quand bien même saurais-je l’influence de Lait d’Beu proche du zéro absolu. J’écris avant tout et surtout pour me faire plaisir. S’ils veulent que nous traitions de leurs «failles» - «faillites» (frauduleuses !) serait plus approprié ! - ils ne seront pas déçus du voyage… A boulets rouges mais sans nulle «boule puante». Je peux être féroce mais je n’ai jamais mangé de ce pain-là. Pas d’attaques en dessous de la ceinture, je me disqualifierais moi-même.

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«L’énorme faille de DSK» selon Jean-François Copé : être exilé à Washington depuis plus de trois ans. «Il n’est plus en France, (…) on ne peut pas construire comme ça, ex-nihilo, un projet pour la France sans avoir passé le temps nécessaire avec les Français pour comprendre les grands sujets». Argument repris par ad nauseam par toute la meute depuis la venue de DSK ce week-end à Paris pour le sommet du G20. Entendus assez rabâchés sur BMF-TV ou i-Info chaque fois que j’ouvrais la télévision.

J’étais bien plus préoccupée par la sanglante répression des insurrections en Libye, à Bahreïn, et au Yémen qui m’a tenue scotchée assez longtemps devant le poste de télévision ou avec France-Info et RFI sur les oreilles et de surcroît bien trop fatiguée pour m’attarder à chercher les articles traitant cette nouvelle salve de sarkonneries tirées contre Dominique Strauss-Kahn qui ne m’appren-draient rien de plus.

Clio m’avait bien signalé l’article d’Anne Sinclair sur son blog Deux ou trois choses vues d’Amérique - un vrai blog de journaliste ! - qu’au demeurant je connaissais déjà et qui traite surtout des problèmes américains et donne beaucoup de place en ce moment à la révolution démocratique qui secoue les pays arabes – mais je ne trouvai pas l’article en question immédiatement. Obstinée comme une mule, je n’ai pu m’empêcher d’y retourner.

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J’avais à l’évidence chaussé les mauvaises lunettes, sans doute parce que Clio affirmait qu’Anne Sinclair y critiquait Nicolas Sarkozy. Ce qu’elle se garde bien de faire ! Sinon par la bande et point du tout sur les attaques contre DSK. Pas folle, la guêpe ! Jouer avec le feu où elle démontre l’inanité (pour ne point dire l’enfantillage) des préoccupations qui mettent l’UMP, le gouvernement, Sarkozy et l’Elysée, sa meute de chiens de garde en pareil émoi. Incapables de prendre de la hauteur pour saisir l’importance des événement qui secouent le monde arabe.

Et en même temps, insensibles aux véritables attentes des Français, leur répondant par une énième attaque contre les étrangers sous couvert d’identité nationale. «on nous annonce de toute urgence un débat national sur l’Islam (…) comment ne pas être désarmé de retrouver, à côté de la puissance de ce bouillonnement, les petits et vieux manèges qui alimentent les anxiétés et jouent avec les sentiments les plus primaires ? (…) en espérant dégonfler l’extrême droite et ressouder une droite déboussolée devant les alarmes des Français devant les inégalités inacceptables, le chômage omni-présent, l’école en déroute, la santé en panne, l’Europe toute entière en crise. Et après tout le fracas qui a déjà eu lieu, quel résultat? Marine Le Pen à 20 % dans les sondages. Belle réussite !». Autant dire que je buvais du petit lait (pour une fois, pas d’beu) en lisant dans son article une analyse qui corrobore parfaitement ce que je pense.

Les arguments de l’UMP sur l’absence de DSK qui décrédibiliserait sa candidature à la présidence de la République attirent bien entendu plusieurs réflexions.

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Je commencerais par rappeler – Nicolas Sarkozy ne s’est-il pas autorisé du gaullisme à Colombey-les-deux-Eglises le 9 novembre 2010 pour justifier sa politique ? – que le reproche identique fut adressé (avant même la Libération) au Général de Gaulle : éloigné depuis 1940 il ne connaissait pas la France telle qu’elle était devenue… A qui fallait-il la laisser ? A ceux qui étaient restés – je ne parle bien entendu pas des Résistants de l’intérieur – et avaient voté sans barguigner les pleins pouvoirs à Philippe Pétain (je crois me souvenir que seuls 40 parlementaires s’y étaient opposés) et tous ceux qui s’étaient ensuite vautrés dans la Collaboration, toute honte vue. Ah ! ouiche, alors. Ils connaissaient certes la situation de la France… Mais tout comme nos Umpéistes de choc ils se contrefichaient totalement du sort des Français et de leurs attentes. Non seulement la défaite des Allemands mais aussi leur situation matérielle. S’étaient-ils jamais souciés de savoir qu’ils crevaient de faim ? Pour certains ce ne fut pas du tout au figuré.

C’est d’ailleurs ce qui nous attend sans doute demain avec l’envolée du cours des matières premières agricoles d’après tout ce que je lis et entends en ce moment. Nous ne remercierons jamais les banquiers amis de Nicolas Sarkozy et Christine Lagarde qui spéculent à tout va, comme pendant l’été 2007, sur les matières premières agricoles ou non. D’où aujourd’hui leurs colossaux bénéfices alors que la crise économique et sociale continue de battre son plein. J’ai entendu il y a peu une taspé qui ne manque certainement de rien affirmer à la télévision depuis le Salon de l’agriculture «qu’il fallait faire comprendre aux Français que les prix de la viande devaient forcément augmenter»… Ils ont déjà fait trois fois la culbute depuis 2002 et le passage à l’euro ! Vous pouvez être certains que les éleveurs n’en verront aujourd’hui pas plus la couleur !

Croyez-vous que cela émeuve Sarko, Copé, Baroin, et toute la clique des chiens de meute qui osent prétendre être à l’écoute des Français ? Ils le sont tellement qu’ils persévèrent à nous imposer force mesures anti-sociales lors même que toutes les enquêtes d’opinion prouvent semaine après semaine, mois après mois, année après année que la plus grande majorité des Français y est carrément hostile : «cause toujours, tu m’intéresses». Sempiternel refrain.

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Ensuite et compte tenu de leur autisme – cécité et surdité : ils font d’ailleurs penser à la statue des singes indiens qui se bouchent les yeux, les oreilles et la bouche quand ils l’ouvrent c’est pour mentir ou sarkonner) – je ne vois pas pourquoi, nonobstant l’éloignement, DSK serait moins au fait qu’eux de la situation de la France et ce d’autant plus qu’au FMI il a l’avantage de l’observer également de plus haut. De l’inscrire dans une perspective plus large. Eu égard à sa position, il ne peut se montrer ouvertement trop critique envers les politiques économiques menées par Nicolas Sarkozy. Il a au moins, lui, l’élégance de ne pas se servir de sa fonction pour démolir son adversaire. Sans doute n’en pense-t-il pas moins.

Pour ce qui est de connaître la situation concrète des Français et leurs attentes, il me semble évident que ses partisans en France doivent minutieusement l’en informer et qu’il est le destinataire de nombreuses notes détaillées. De surcroît, s’il n’a pas le temps de lire la presse française, croyez-vous qu’Anne Sinclair – une talentueuse journaliste – ne la dépouille pas pour lui ?

Elle est à cet égard certainement autrement précieuse comme collaboratrice personnelle que ne peut l’être une Carla Bruni, évaporée vamp qui aura beau se piquer d’intellectualisme sans convaincre personne. Qu’elle soit plus cultivée que Nicolas Sarkozy ne surprenant personne. Ce n’est guère difficile.

Quant à ses compétences en matière politique, mieux vaut n’en pas parler. Style juponne-la-joie dans un Café du Commerce branchouille. Elle se croit obligée de déclarer «qu’elle ne se sent plus vraiment de gauche» (Nouvel Obs du 31 janv. 2011). L’a-t-elle seulement jamais été ? Elle se disait épidermiquement de gauche mais peu engagée (Le Point, 21 juin 2008) – en déduire qu’elle n’y entrave que couic - quand Nicolas Sarkozy cherchait encore à séduire l’électorat de gauche. Pas vraiment difficile, l’épiderme étant la partie superficielle de la peau. Quelques lavages (de cerveau ?)

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et il n’y paraît plus. Moi qui suis viscéralement (puis intellectuellement) de gauche depuis au moins mon adolescence, je doute que même un lavage d’estomac pût évacuer cette conviction.

Une potiche surmontée d’une girouette ou une girouette en forme de potiche. C’est «le vent qui tourne» dixit Edgar Faure qui s’y connaissait. Il suffit de “s’adapter” – injonction cardinale de l’ultralibéralisme – à l’air du temps. Eh ! hop ! passez muscade. Bonneteau idéologique. Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy cherchant à séduire l’électorat d’extrême-droite, ira-t-elle jusqu’à faire amie-amie avec Marine Le Pen ?

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Merci monsieur Copé de nous prendre pour de parfaits cons… mais c’est tellement habituel chez vous et vos semblables ! Vous devez acheter les arguments de mauvaise foi au mètre, que dis-je ! au kilomètre dans les think tanks proches de Nicolas Sarkozy : comment osez-vous parler de «projet pour la France, construit ex-nihilo» ?

Pour ce qui est du vôtre, il n’est absolument pas surgi de rien mais dans la droite ligne de tout ce que nous subissons depuis presque 4 ans ! nous ne subodorons que davantage le projet que Nicolas Sarkozy nous prépare pour les cinq années suivantes : mettre les Français encore plus à la peine, faire de nous des quasi esclaves quand nous savons qu’il y a déjà 8 millions de pauvres en France (vivant en dessous du seuil de pauvreté, soit 950 €) dont Incroyable mais vrai : 25 % des salariés gagnent moins de 750 € ! (article d’Emmanuel Lévy, Marianne2, jeudi 3 février 2011). Je ne peux que conseiller de lire l’article de Laurence Dequay, Emmanuel Lévy et Mathilde Boussion dans Marianne (n° 722 du 19 au 25 fév. 2011) ainsi que l’éditorial de Jacques Julliard : «Le nouvel apartheid» dont j’aurais aimé écrire chaque ligne. Alors, votre projet : non merci, sans façon, vous pouvez vous le carrer où je pense.

A qui – sauf les plus stupides de vos électeurs - pensez-vous faire croire que Dominique Strauss-Kahn serait un OVNI sur un tapis volant qui concocterait son projet dans son coin, sans en discuter non seulement avec ses plus fidèles partisans mais bien entendu avec l’ensemble du Parti socialiste ? Sans doute ne retiendra-t-il pas tout du programme du PS (il aura suffisamment en mémoire la mésaventure de Ségolène Royal en 2007, piégée par des mesures dont elle savait pertinemment qu’elles n’étaient ni viables ni crédibles) mais ce ne sera certainement pas le programme de DSK tout seul.

Pour en terminer avec le registre de la «gauche super-caviar» dont DSK serait le parangon – surtout ne vous demandez pas ce que l’on servit à Sarko et ses convives de l’interminable Nuit du Fouquet’s ! comme l’on disait il y a déjà très longtemps dans ma cour d’école aux Acacias : c’est c’ui qui dit qu’y est… - Jean-Christophe Cambadélis, interrogé par Patrick Cohen sur France Inter lui répondit : “DSK, ce serait plutôt la gauche-couscous” (15 fév. 2011 blog Big Browser sur Le Monde) : «Vous savez, Dominique Strauss-Kahn n’est pas la gauche-caviar. Ce serait plutôt la gauche-couscous. On mange plus de couscous à Sarcelles qu’à Neuilly»… Certains ont bien entendu ironisé car DSK, s’il a été maire et député de Sarcelles, vit à Paris dans le quartier fort rupin de la Place des Vosges (IVe arrondissement) qui n’est pas franchement connue pour la dégustation de couscous. Et sans doute apprécie-t-il la gastronomie. Serait-ce un pécher ? «mignon» alors, dit la sagesse populaire.

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Sans doute mais ce serait oublier que Dominique Strauss-Kahn est né ce me semble au Maroc. J’ai le lointain souvenir d’un article où il était interviewé par un(e) journaliste (du Nouvel Obs ?) chez lui un dimanche alors qu’il s’activait à la préparation d’un couscous pour un déjeuner familial et amical. Ce qui fait qu’il ne fut nullement dépaysé quand il partagea des couscous avec ses administrés sarcellois. J’ai lu au passage sur la fiche de Wikipedia consacrée à Sarcelles que dans cette ville il y avait un tiers de juif et un tiers de musulmans. Et s’il y a au moins une chose en partage entre les juifs sépharades et les musulmans d’Afrique du Nord – outre la Bible qui est le «Livre» commun aux juifs, au chrétiens et aux musulmans – c’est bien le couscous ! Ceci dit, bien que catholique non pratiquante et élevée à Orléans, j’ai toujours adoré le couscous…

On pourra toujours rêver que la paix revenue entre Israël et les Palestiniens, les juifs et les musulmans, de Sarcelles et d’ailleurs, puissent un jour partager des couscous en toute amitié.

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