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Et si le maire Tremblay, à Saguenay, s’inspirait de Voltaire? Et gagnait?

Publié le 08 mars 2011 par Politicoblogue
Et si le maire Tremblay, à Saguenay, s’inspirait de Voltaire? Et gagnait?

Ci-dessus: Portrait de François-Marie Arouet, dit Voltaire (1694–1778). Le tableau a été peint par Catherine Lusurier (vers 1753-1781), d'après le tableau de Nicolas de Largillière (1656-1746).

Et si c’était le maire Jean Tremblay, de Ville de Saguenay, au Québec, qui était en train, à sa manière, de mener une sorte de combat de Voltaire contre l’intolérance?

Les adversaires du maire y ont-ils pensé? Et le maire lui-même?

Surtout après que Saguenay ait été condamnée à payer 30 000C$ pour une prière (Saguenay va en appel) prononcée à l’intérieur de la salle du Conseil de Ville. On croirait vraiment lire un passage de Candide.

Essentiellement, ce que je propose ici, c’est une solution généreuse, pratique, et qui ne manquerait pas non plus d’un certain humour sous-jacent – voire d’une dose homéopathique de douce ironie.

Une solution pourrait être d’afficher la très belle, très profonde, très émouvante Prière à Dieu de Voltaire (dont le texte suit, plus bas, et qui ne réfère à aucune religion en particulier) à l’intérieur de la salle du Conseil municipal de Saguenay et d’observer chaque jour une bonne minute de silence où chacun prierait selon sa tendance intérieure ou sa foi.

Et si le maire Tremblay, à Saguenay, s’inspirait de Voltaire? Et gagnait?

Ci-dessus: Jean Tremblay, maire de Ville de Saguenay. Source: la phototèque du quotidien de Québec Le Soleil.

Il ne serait pas sans intérêt – et ce serait extrêmement révélateur à tous points de vues, de voir lesquels seraient les premiers à dénoncer Voltaire … On pourrait avoir de grosses surprises.

Quoi qu’on dise, quoi qu’on pense, la prière demeure une fonction radicale, vitale, fondamentale, de la psyché humaine, elle existe sous une multitude de formes depuis la nuit des temps, elle existe aujourd’hui, continuera à exister dans l’avenir, elle ne s’éteindra pas.

Vouloir l’éradiquer partout sous toute forme dans l’espace public m’apparait présentement comme une sorte d’aberration anthropologique et historique: jamais l’espace public n’a eu autant besoin qu’aujourd’hui d’une inspiration profonde et universelle, dans le monde, pas hors du monde – et certainement pas hors de « l’espace public », une inspiration qui puisse toucher, ne serait-ce qu’un tant soit peu, et encore plus, si possible, le coeur des pouvoirs (tant qu’ils existent), une inspiration divine en ce monde, pas nécessairement liée aux formulations propres aux diverses dénominations religieuses – mais sans non plus nécessairement condamner fanatiquement chacune de ces dénominations comme le font trop souvent les militants « anti-prière ».

Sous ce rapport, la célèbre Prière à Dieu, de Voltaire, convient extraordinairement bien à notre époque. Il s’agit, comme beaucoup le savent, d’un extrait du chapitre XXIII du Traité sur la tolérance publié en 1763. Voltaire était déiste. Il était anticlérical, mais il n’était pas athée. En fait, le dernier paragraphe pourrait très bien être prononcé à haute voix, vu qu’il n’est pas très long, et ne nécessiterait qu’une adaptation mineure quant à deux noms de lieux.

Voici cette prière, l’une des plus belles à avoir jamais été écrites ou prononcées :

« Ce n’est donc plus aux hommes que je m’adresse ; c’est à toi, Dieu de tous les êtres, de tous les mondes et de tous les temps : s’il est permis à de faibles créatures perdues dans l’immensité, et imperceptibles au reste de l’univers, d’oser te demander quelque chose, à toi qui as tout donné, à toi dont les décrets sont immuables comme éternels, daigne regarder en pitié les erreurs attachées à notre nature ; que ces erreurs ne fassent point nos calamités. Tu ne nous as point donné un cœur pour nous haïr, et des mains pour nous égorger ; fais que nous nous aidions mutuellement à supporter le fardeau d’une vie pénible et passagère ; que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants, entre tous nos usages ridicules, entre toutes nos lois imparfaites, entre toutes nos opinions insensées, entre toutes nos conditions si disproportionnées à nos yeux, et si égales devant toi ; que toutes ces petites nuances qui distinguent les atomes appelés hommes ne soient pas des signaux de haine et de persécution ; que ceux qui allument des cierges en plein midi pour te célébrer supportent ceux qui se contentent de la lumière de ton soleil ; que ceux qui couvrent leur robe d’une toile blanche pour dire qu’il faut t’aimer ne détestent pas ceux qui disent la même chose sous un manteau de laine noire ; qu’il soit égal de t’adorer dans un jargon formé d’une ancienne langue, ou dans un jargon plus nouveau ; que ceux dont l’habit est teint en rouge ou en violet, qui dominent sur une petite parcelle d’un petit tas de la boue de ce monde, et qui possèdent quelques fragments arrondis d’un certain métal, jouissent sans orgueil de ce qu’ils appellent grandeur et richesse, et que les autres les voient sans envie : car tu sais qu’il n’y a dans ces vanités ni de quoi envier, ni de quoi s’enorgueillir.

« Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères ! Qu’ils aient en horreur la tyrannie exercée sur les âmes, comme ils ont en exécration le brigandage qui ravit par la force le fruit du travail et de l’industrie paisible ! Si les fléaux de la guerre sont inévitables, ne nous haïssons pas les uns les autres dans le sein de la paix, et employons l’instant de notre existence à bénir également en mille langages divers, depuis Siam jusqu’à la Californie, ta bonté qui nous a donné cet instant. »

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