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Radieuse tristesse et bonne entrée en Carême

Publié le 08 mars 2011 par Beniouioui

Image1Demain, les chrétiens en prennent pour 40 jours.

40 jours de Carême.

40 jours de jeûne, d'aumône et de prière.

40 jours de conversion.

Mais 40 jours trop souvent oubliés.

Il fut un temps où les enfants fêtaient Mardi Gras pour s'en mettre plein la panse avant 40 jours d'effort culinaire. Il fut un temps où les vendredis de carême étaient dédiés au fameux bol de riz ("le vendredi, c'est bol de riz"). Il fut un temps où nos vies s'amélioraient miraculeusement pendant cette trève printanière.

Et puis, patatras. La foi est devenue un chemin de développement personnel qui ne nécéssitait plus tous ces rites absurdes. Le Carême devint pour les médias le "ramadan des chrétiens" et les efforts des derniers hérauts du catholicisme perdirent leur caractère matériel et physique.

C'était sans compter Benoît XVI. Sans compter la nouvelle génération. Sans compter la mode du jeûne.

Vous me direz que c'est bien la première fois que je promeus une mode sur BeniNews mais celle-ci peut être le début de quelque chose de grand.

Les orthodoxes pour le "Grand Carême" parlent de Metanoia. La Metanoia, c'est la conversion de l'esprit, le désir de Dieu. Dans cette perspective de conversion, le jeûne doit permettre au jeûneur de faire l'expérience que c'est Dieu qui nourrit l'homme et non la nourriture terrestre consommée sans Dieu.

Ainsi, pendant 40 jours, le chrétien est appelé à se convertir par le jeûne qui le détourne des biens terrestres, l'aumône qui l'ouvre sur l'Autre et la prière qui le recentre sur Dieu.

Les orthodoxes, toujours eux, disent avec beaucoup de poésie, que nous sommes appelés pendant le Carême à une "radieuse tristesse". La tristesse, nous allons la ressentir dans notre démarche de conversion en nous rendant compte de nos innombrables manquements. C'est d'ailleurs pour cela qu'il nous est proposé de changer, de rentrer dans un chemin de "metanoia". Mais cette tristesse est radieuse, car nous savons que Dieu nous aime et qu'il ne nous abandonne pas. Dieu aime les losers. Il y en a plein la Bible. Jacob était un menteur, le roi David avait plusieurs femmes, le prophète Elie était dépressif, Saint Thomas douta de Jésus et Saint Pierre le renia trois fois par manque de courage. Mais tous prirent un jour le chemin de la metanoia.

Dans le monde actuel, nous avons besoin de vivre cette "radieuse tristesse". Nous avons besoin de redescendre de notre arbre et de retrouver une part d'humilité. D'apprendre à écouter, raisonner, discerner. De nous ouvrir à ceux que nous n'aimons pas. De nous décentrer de notre fol amour de l'argent, du luxe, du sexe ou simplement de nous-mêmes. Bref, de souffler un peu.

Alors n'hésitons pas à nous provoquer. A nous forcer. A nous pousser dans nos retranchements en nous appuyant sur ceux qui nous entourent (épouse, famille, amis), en nous entraidant dans l'épreuve. Oui, n'hésitons pas à ne manger que du pain le vendredi, à essayer de jeûner le Mercredi des Cendres et le Vendredi Saint. A faire des efforts physiques pour nous pousser vers Dieu. A jeûner, donner, prier. Pour faire ensemble, ne serait-ce qu'un centimètre, sur le long chemin de la metanoia.

Seigneur et Maître de ma vie,
l’esprit d’oisiveté, de découragement,
de domination et de vaines paroles,
éloigne de moi.
L’esprit d’intégrité, d’humilité,
de patience et de charité,
accorde à ton serviteur.
Oui, Seigneur et Roi,
donne-moi de voir mes fautes
et de ne pas juger mon frère,
car tu béni aux siècles des siècles. Amen

(Prière de Carême de Saint Ephrem le Syrien +373)


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