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Tіffаnge782 : pоème Le mоnde аu creux de mes mаіns

Par Illusionperdu @IllusionPerdu


Il était une fois quelque part dans l'univers
Une petite fille parmi tant d'autres petites filles
Comme tout le monde, elle avait des rêves et des misères
Qui creusaient chaque détail de son caractère, de ses envies
Je me souviens que ma mère me disait
« Ton sourire irradiait tant que je t'avais prise pour une étoile »
C'était le jour de ma naissance, un jour parfait
Du moins, aux yeux de mes parents, rien d'anormal
J'aurais voulu avoir plus de souvenirs de cette journée
C'était tôt le matin lorsque j'ai pointé le bout de mon nez
J'ai alors appris ce qu'est le monde, pas à pas
En faisant mon chemin, en suivant ma voie
Je me demandais parfois qui tirait les ficelles de mon destin
N'étais-je qu'une marionnette ou avais-je vraiment le choix
J'étais pourtant bien jeune pour m'inquiéter de ce dessein
Mais j'allais être bien vite confrontée à un détour, à un trépas
Je me rappelle encore le goût de mon pouce blotti sous mon palais
L'odeur de mes oreillers, la douceur de mes draps fraîchement lavés
Qui ne souhaiterait pas se glisser à nouveau dans un monde secret
Celui que l'on imagine le jour où l'on tombe dans la dure réalité
***
Hier était le jour de ma naissance, de ma venue
Le temps s'est écoulé depuis, il a cascadé, dévalé les plaines
J'ai désormais l'impression qu'un chapitre de ma vie n'a pas été lu
A-t-il seulement existé ou n'est-ce qu'une espérance vaine
J'ai pourtant des poupées rangées dans ma valise comme des trésors
Vêtues de mes anciennes robes, si petites et si colorées
J'ai tant de preuves sous les yeux, mais elles ne sont plus qu'un décor
Et creusent un doute entre ma vie d'aujourd'hui et ce doux passé
Je crois que mon enfance est morte lorsque j'ai perdu
L'amour de mon père et la tendresse de mon frère
Je ne me rappelle plus la dernière fois que je les ai vus
Je sais juste qu'ils ont été pris par une dame que l'on nomme guerre
Mes souvenirs se sont brouillés comme une photo qui s'efface
Jaunie par le temps, on ne reconnaît plus ce qu'on était avant
Le bruit assourdissant d'un obus qui a laissé sa trace
Non seulement dans ma maison mais dans mon coeur d'enfant
Je n'ai que huit petites années derrière moi
Et pourtant, pourtant je sens le poids du temps
Qui me tient prisonnière entre ses bras
Je n'ai que huit ans mais trop de soucis pour une enfant
***
Aujourd'hui le ciel est gris, tout comme le fond de mon coeur
Je sens des nuages m'oppresser, j'ai tant de mal à respirer
Chaque brin d'air que j'essaie d'avaler m'écoeure
Je suis machinalement le temps qui ne cesse de couler
Je ne sais plus combien d'années ont filé depuis la disparition
De mon père, mon frère, mon enfance et mes souvenirs
Je ne parviens pas à faire le deuil, à oublier l'oppression
Si j'avais su que les hommes étaient capables de faire tant souffrir…
Il paraît que les fleurs avaient des couleurs et embaumaient
Que les oiseaux volaient et que les enfants savaient rire
Ce monde a-t-il un jour existé ou n'était-ce qu'un secret
Partagé entre quelques élus qui ont décidé de l'anéantir
J'ai honte de toutes ces pensées négatives qui traversent mon esprit
Mais je n'y peux plus rien, je suis prise dans un tourbillon de désespoir
Qui me fait tourner la tête et brouille la moindre de mes envies
Bloquant chacun de mes gestes, m'étreignant dans le noir
J'aimerais entendre à nouveau la mélodie de mon rire
Sentir mes lèvres frémir sous l'effluve d'un plaisir
Pourtant, j'ai déclaré forfait à l'heure où le désir
S'est éteint dans mon coeur, ou s'est mis à dormir…
***
Alors, épuisée par le manteau de désespoir qui pèse sur moi
Je laisse le sommeil prendre possession de chaque parcelle de mon corps
Mes yeux se ferment, ma respiration s'apaise, j'oublie toutes ces voix
Qui m'accusaient d'avoir survécu à ce destin, ce triste sort
A mon plus grand étonnement, je découvre un monde inconnu à ce jour
Je vois des hommes se tenir par la main, un sourire sur le visage
Les riches tendent du pain aux pauvres, on dirait de l'amour
Je bénis celui qui m'a permis de vivre dans ce mirage
Aucune pleine n'est souillée par des soldats et des chars
Les fleurs s'épanouissent, le soleil brille et les oiseaux s'envolent
Des enfants courent après des papillons, le visage un peu hagard
J'ai soudain l'envie de me mettre à courir dans l'herbe folle
Je sens un bien-être m'enivrer, une liberté, un bonheur sans pareil
Une flamme s'est ravivée en moi, plus forte et plus douce que jamais
Ai-je jamais connu un tel espoir, une telle vision d'un monde de merveilles
Je n'en sais rien, mais je me plais à contempler cet endroit parfait
J'ai l'impression que ce rêve dure depuis des années
Et quand je me réveille, je ne me sens plus la même personne
Cette flamme a glissé dans ma gorge un nouveau goût d'espoir et de gaieté
L'heure du renouveau sonne…
***
Alors que je croyais mon enfance perdue à jamais
J'ai senti à nouveau l'innocence me tendre la main pour me guider
En quelques secondes, mes poupées ont oublié mes secrets
Et m'ont à nouveau souri, comme pour me féliciter
Certes, il y aura toujours des évènements tragiques et sombres
On ne peut pas sauver chaque être humain, chaque étincelle
Mais on peut tout de même se prendre par les épaules pour franchir l'ombre
Et rendre, jour après jour, notre vie un tant soit peu plus belle
Un monde parfait, existe-t-il ailleurs que dans notre imagination
Et s'il était réel, saurions-nous l'apprécier à sa juste valeur
Il faut toujours que l'on perde nos espoirs et nos satisfactions
Pour que l'on découvre la véritable identité du bonheur
Si je le pouvais, je mettrais tout en oeuvre pour sauver
Chaque orphelin, chaque victime et chaque opprimé
Mais n'est-ce pas une tâche trop ardue, une tâche inappropriée
Pour une enfant qui vient à peine de retrouver le goût d'aimer
Aimer… la solution se trouvait juste sous le bout de mon nez
Elle n'arrête pas les balles et les obus mais elle est preuve de respect
Alors, sans bruit, vers ma maman je me suis dirigée
Et, au creux de l'oreille, je lui ai murmuré que je l'aimais…
***
Je n'avais pas encore sauvé le monde entier
Mais au fond de moi, une certitude était née
Alors que sortait de ma bouche ces quelques mots
Je l'avais désormais rendu plus beau...


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