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La « concurrence » entre classes, établissements ..

Publié le 09 mars 2011 par Perceval

( Résumé et reformulation d’un article des Cahiers Pédagogiques: Les livres du mois:  » École  : les pièges de la concurrence – Comprendre le déclin de l’école française » Coordonné par Sylvain Broccolichi, Choukri Ben Ayed et Danièle Trancart – La Découverte, 2010, 312 pages

Nous savons aujourd’hui que :

-   les résultats de notre école sont en baisse

-   la France a rejoint le peloton de tête des pays les plus inégalitaires en matière scolaire.

Les auteurs ont notamment comparé les résultats en fin de collège de plusieurs départements. Ils ont eu la surprise de noter que, par exemple, les résultats de la région parisienne, la plus riche de France, étaient inférieurs à ce qu’on aurait pu attendre, et plus particulièrement ceux des Hauts-de-Seine et des Yvelines, très favorisés socialement.

Plus surprenant encore, les élèves des « classes moyennes » de ces départements ont aussi des résultats médiocres par rapport à la moyenne nationale. Or, ce sont des endroits où l’offre scolaire est forte et où il y a la possibilité de « fuir » les collèges « populaires ». Du coup, ceux-ci ont tendance à la ghettoïsation tandis que les « bons collèges » font subir une forte pression, qui souvent décourage ceux qui ont du mal à suivre. Tout le monde est perdant, sauf peut-être la petite élite des meilleurs. Beau résultat de l’« assouplissement de la carte scolaire »  !

À l’inverse, dans un département comme la Loire, les résultats sont plutôt bons et peu inégalitaires pour des raisons complexes, parmi lesquelles des traditions locales de lien entre enseignants et familles, un attachement au secteur où l’on vit, la stabilité des équipes, et aussi, à vrai dire, le souci de maintenir des effectifs suffisants dans les collèges face à la concurrence du privé et au déclin démographique.

Les « bonnes classes » ? Au fond, tous les élèves gagnent à être dans de « bonnes classes »… Seulement les pertes subies dans les « mauvaises classes » sont telles (bien supérieures aux gains dans les classes regroupant les meilleurs élèves)… que - les classes hétérogènes s’imposant alors comme un moindre mal.

-   Il est vraisemblable que les progrès soient facilités dans les classes qui regroupent des élèves bien disposés scolairement… sauf si les d’exigences s’y élèvent au point de déstabiliser, « rabaisser » et démoraliser des élèves qui réussiraient ailleurs. À ce sujet, des parents parlent de collèges et de lycées qui « cassent » les élèves. Ils n’imaginaient pas exposer à ça leur enfant et croyaient même le protéger en lui donnant accès à une population d’élèves « triée ».

-   La constitution de classes très hiérarchisées en interne est un vecteur de tensions et de ressentiments, au niveau d’élèves et de parents bien sûr, mais aussi à celui des enseignants à qui sont attribuées les « mauvaises » classes.

Le marché (interne) des classes est en partie induit par le marché scolaire (externe) des établissements

  • Construire un consensus autour du projet de favoriser la réussite de tous les élèves dans une structure d’enseignement unique.
  • Faire évoluer le système de formation des professionnels, la qualité des conditions de travail dans les établissements et l’encadrement des élèves, en cohérence avec cet objectif.
  • Développer l’autonomie des collectivités locales et des établissements. L’Etat doit rester garant de la qualité des conditions de scolarisation dans tout le pays  ( en Finlande: les écarts de résultats entre établissements y sont les plus faibles au monde [site de l’OCDE ou de Pisa.] ).
  • Instituer des évaluations nationales permettant de savoir quels établissements ont besoin d’être soutenus, tout en parant aux risques de stigmatisation (les résultats ne sont pas rendus publics).

Actuellement, l’autonomie locale s’apparente davantage aux « débrouillez-vous » ( Il suffit de relire ce qui s’est passé pour la Réforme des lycées, ou le Socle en collège … ! ).

Pour 2012, les partis politiques doivent faire des propositions précises sur :- la formation des enseignants, – l’apport de différentes approches pédagogiques et didactiques, – l’aide à la réflexion des équipes, par exemple sur les pratiques se rapportant aux difficultés des élèves …

Il parait urgent de développer des modalités pertinentes de soutien aux équipes pédagogiques, et notamment à celles qui sont confrontées aux situations les plus difficiles. Si l’on veut enrayer les processus cumulatifs générateurs d’échecs que nous avons observés, il faut remotiver et stabiliser ces équipes en leur accordant des temps d’analyse des difficultés rencontrées avec des personnes-ressources. C’est en développant les coopérations entre praticiens, inspecteurs, formateurs et chercheurs qu’on mettra au point des dispositifs et des pratiques à la hauteur des enjeux. Encore faut-il que les politiques nationales et locales favorisent ces coopérations, au lieu de miser sur la concurrence.


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