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Finances mondiales : quand le poulet sans tête pète les plombs

Publié le 29 janvier 2008 par Pierre

hesiod.jpgLa crise des subprimes qui secoue actuellement le monde de la finance (et, bientôt, celui de la « vraie » économie) est bien le signe d’un système profondément absurde. Un immense poulet sans tête brusquement pris de panique.

Cette crise met en évidence la fuite en avant dans laquelle l’économie américaine est engagée. La consommation des ménages étant le charbon qui fait avancer la locomotive, on pousse par tous les moyens les consommateurs américains à acheter, emprunter, s’endetter pour soutenir la hausse du PIB. La machine est devenue folle : les USA n’ont plus d’industrie et voient leurs déficits commerciaux se creuser de manière abyssale pour satisfaire la fièvre acheteuse de leurs citoyens-consommateurs, eux-mêmes endettés jusqu’au cou (d’où la crise des subprimes). Au lieu de s’interroger sur les évidentes limites du système, Bush a prévu d’offrir 40 milliards de dollars à ses administrés, leur demandant de les dépenser au plus vite pour relancer le moteur… jusqu’à la prochaine crise.

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Ensuite, la panique qui s’empare progressivement des acteurs de la finance internationale, peu à peu conscients de l’ampleur des crédits frelatés (comme le cuisinier découvrant des kilos de viande pourrie dans son frigo), fait froid dans le dos. On évoque des sommes faramineuses, manipulées quotidiennement par des acteurs pour qui elles n’ont aucune signification concrète. Le sort de milliards de dollars est suspendu à la subite volonté de vendre ou d’acheter de quelques individus. Avec des répercussions collossales pour les économies, les systèmes de retraites, les emplois. Et dans tout ça, où est le contrôle du politique ? Nulle part. Chacun attend fiévreusement que le système s’autorégule.

S’il y en a bien un que ça n’inquiète pas, c’est Sarkozy. Il nous explique qu’il s’agit d’une crise strictement américaine, qu’on ne risque rien en France (ben voyons), et que de toute façon son paquet fiscal a préventivement limité les dégâts potentiels sur l’économie française. Ouf, on commençait à s’inquiéter.

Le mot de la fin pour Philippe Dessertine, professeur de finances à l’université Paris X, interviewé dans le JDD : « Nos politiques se confondent en déclarations rassurantes. Selon eux,

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l’économie européenne serait encore décorrélée de l’économie américaine. La réalité est tout autre. Nous allons vers des problèmes économiques majeurs. Je pense que l’Asie va commencer à décrocher en mars-avril et l’Europe vers mai-juin. A Wall Street, l’hypothèse d’une crise de type 29 est dans tous les esprits, tout le monde est catastrophé. On a commencé à licencier et des pans entiers de l’industrie sont en train de disparaître. Face à cette réalité, l’optimisme français est totalement décalé. Il n’y a qu’un espoir, c’est que les surplus commerciaux et d’épargne des pays émergents se déversent dans nos économies ».

Les riches du Nord sauvés de la déroute par les pauvres du Sud ? Voilà qui froisserait probablement l’ego de Sarkozy.

Fred


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