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Les récifs coralliens vont-ils disparaître d'ici 2050 ?

Publié le 09 mars 2011 par Bioaddict @bioaddict
Une nouvelle étude réalisée par le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) et l'Institut mondial des ressources (WRI), révèle que 75% des récifs coralliens de la planète sont actuellement menacés d'extinction par l'activité humaine.

Un rapport très alarmant

Les récifs coralliens pourraient disparaître du fond des océans d'ici 2050 si rien n'est fait pour mettre fin aux activités qui menacent la "forêt tropicale de la mer", peut-on lire dans le rapport intitulé "Révision des risques sur les récifs coralliens". Réalisé en collaboration avec un réseau de plus de 25 organisations spécialisées, il présente une analyse complète des menaces qui pèsent aujourd'hui sur les récifs coralliens, en intégrant pour la première fois les effets du changement climatique.

L'acidification des océans au niveau mondial (qui elle-même est due à une hausse de la concentration de CO2 dans l'eau), cumulée avec la surpêche, l'érosion terrestre, l'urbanisation du littoral et la pollution, menacent 75% des récifs coralliens du monde. Les catastrophes climatiques telles que les tsunamis et les cyclones provoquent des rejets massifs de sédiments qui sont également préjudiciables aux coraux. Des perturbations qui s'observent actuellement au large du Queensland, en Australie, après le passage du cyclone Yasi.

Même si un quart des récifs du globe est officiellement protégé, seuls 6% d'entre eux le sont réellement. La pêche constitue la première menace et si rien n'est fait pour la rationner, 90% d'entre eux seront en danger en 2030 et la totalité d'ici à 2050.

Les récifs coralliens, support de l'économie locale

S'ils sont loin d'être une préoccupation majeure des Français de l'hexagone, les coraux ont une fonction vitale qui est mieux perçu dans les collectivités d'outre-mer. Ils constituent - avec la cime des forêts équatoriales - les écosystèmes les plus riches et les plus complexes de la planète. Ils jouent un rôle essentiel pour des millions d'habitants côtiers.

D'après le rapport du PNUE , 27 pays dépendent ainsi des services rendus par les coraux. Parmi les premiers concernés : en Haïti, à Grenade, aux Philippines, aux Comores, à Vanuatu, en Tanzanie, à Kiribati, aux Fidji, et en Indonésie. Environ 275 millions de personnes, réparties dans plus de 100 pays, seraient ainsi tributaires des récifs coralliens pour leur nourriture et la fourniture de services. Car ceux-ci servent de refuge à une multitude d'espèces de poissons péchés par les locaux. Ils protègent les côtes de l'érosion et des tempêtes et contribuent grandement au développement du tourisme local : 1 milliard de dollars par an de revenu sur la Grande Barrière de Corail en Australie, 3 milliards dans la région de Key West, en Floride.
Les études réalisées en Martinique et en Nouvelle-Calédonie concluent que la valeur totale des services rendus par les récifs coralliens est de l'ordre de 200 à 300 millions d'euros par an.

Les zones les plus menacées

La grande barrière de corail australienne est le plus grand ensemble récifal du monde et certainement le plus médiatisé. Il est pourtant loin d'être le seul concerné. Tous les récifs proches des zones urbaines ou densément peuplées sont en péril d'extinction. Plus ils se trouvent à proximité des côtes, et plus ils sont impactés par les activités humaines. Au contraire, les récifs barrières, protégés par un lagon, demeurent souvent indemnes.

Dans le rapport, les récifs les plus menacés se trouvent en Haïti, à Grenade, aux Philippines, aux Comores, à Vanuatu, en Tanzanie, aux îles Kiribati et Fidji et en Indonésie. Ces neuf zones les plus menacées ont pour point commun de cumuler au moins trois des effets contribuant à la vulnérabilité de leurs récifs : haute dépendance de la population à ces récifs, haute menace d'exposition et une faculté limitée à s'adapter. Les zones qui ont été les plus touchées, de manière générale, se localisent dans l'océan Indien, au large du Moyen-Orient et de l'Asie du Sud Est.

Dans le cas de la France, compte tenu de la diversité et de la dispersion des récifs des DOM-TOM, on estime que plus de la moitié demeurent inconnus. En effet, les formations construites de Nouvelle-Calédonie, les archipels éloignés de Polynésie, Clipperton, Wallis et Futuna, le récif barrière de Mayotte, n'ont été que partiellement explorés.
Aussi d'après l'Initiative française pour les coraux (Ifrecor), les récifs français sont dans un état relativement satisfaisant et faiblement en danger, à l'exception des conséquences générales des changements climatiques.

Toutefois, les Antilles, la Réunion et Mayotte, où les écosystèmes coralliens sont bien moins étendus (moins de 1 % du patrimoine national), subissent les pressions exercées par une forte densité de population. Dans les Antilles françaises, les récifs peuvent donc être considérés comme ''étant en danger moyen'', selon l'Ifrecor.

Dans ses conclusions, l'étude expose une série de recommandations destinées à mieux protéger et gérer ces écosystèmes sous-marins, notamment par la mise en place de nouvelles zones marines protégées et le renforcement de la lutte contre le braconnage et la surpêche. Le rapport mentionne également la mise en place de traités internationaux pour protéger les coraux et venir en aide aux populations qui en dépendent.

Lors de la conférence internationale sur la biodiversité de Nagoya, en octobre 2010, 193 pays se sont engagés à convertir 10 % de la surface totale maritime en aires marines protégées d'ici 2020. La France, souhaite atteindre cet objectif d'ici 2012, ce qui semble absolument indispensable.

Depuis la première étude sur les récifs, en 1998, de nombreux efforts afin de protéger les récifs ont été engagés, tout particulièrement autour de la Grande Barrière de corail. Aussi, les gouvernements doivent s'inspirer de ces exemples et les exporter dans les zones les plus vulnérables, afin que nous puissions jouir au maximum de ces merveilles marines.

Pour consulter le rapport du PNUE en anglais : http://www.wri.org/publication/reefs-at-risk-revisited

Alicia Muñoz

A lire aussi : Acidification des océans : le rapport alarmant

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