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« Les fonctionnaires contre l’État — Le grand sabotage » (Agnès Verdier-Molinié)

Publié le 09 mars 2011 par Lecriducontribuable
Les fonctionnaires contre l'État

Ce dernier ouvrage de la directrice de l’iFRAP rassemble dans un style très vivant un maximum d’informations sur les fonctionnaires français. Il montre à ceux qui l’ignoreraient combien le sort de nos fonctionnaires est privilégié. Ce sont les chouchous du régime. Leurs salaires ont grimpé depuis 1995 de 4 % par an, contre 2,1 % dans le secteur privé. Ces salaires sont supérieurs de 9 % en moyenne à ceux des Britanniques.  Ils sont aussi supérieurs  à ceux du secteur privé. Par exemple des cadres supérieurs  comme les directeurs des autorités administratives indépendantes reçoivent chaque année de 180 000 euros (Hadopi) à 300 000 euros (AMF). Les pensions de retraite des fonctionnaires sont très supérieures à celles du privé. Si l’on ajoute à leurs salaires les 55 % de cotisation versés par l’Etat pour financer ces retraites, alors qu’un employeur privé cotise pour 15 % du salaire, le salaire réel des cadres publics est de 35 % supérieur à celui des cadres du privé, pour des horaires moyens inférieurs de 33 %. Les horaires de travail sont encore réduits par un absentéisme bien ciblé : 81 % des arrêts-maladie sont autour du week-end. Dans les collectivités locales les arrêts-maladie atteignent 22 jours par an.

Chaque catégorie de fonctionnaire cherche à obtenir des avantages : 130 000 fonctionnaires bénéficient de la garantie individuelle du pouvoir d’achat, accordée en 2008 ; les enseignants ont obtenu que les heures de soutien scolaire soient payées en heures supplémentaires ; 25 % des fonctionnaires  vont recevoir un intéressement de 300 euros; 127 000 logements de fonction sont fournis gratuitement ; 37 % de la population active de Martinique est fonctionnaire, avec des salaires supérieurs à la métropole et des impôts inférieurs .

Et pourtant les services rendus ne sont pas bons : d’après un sondage BVA,  seulement 36 % des Français sont satisfaits de leurs services publics,  alors qu’au Royaume-Uni la proportion est de 48 %. Dans un rapport de la Cour des comptes, « l’Education nationale estime que la satisfaction des usagers n’est pas une notion pertinente dans ses missions ».

Les fonctionnaires refusent d’être évalués par des organismes indépendants, pratique courante à l’étranger. Leur notation individuelle est sans conséquence. Les députés n’osent pas utiliser leur droit de contrôle sur place : au total il y a chaque année entre trois et six visites de députés dans les administrations.

Car les fonctionnaires sont défendus par des syndicats très puissants, financés à 80 % par les contribuables. Tous les dirigeants des syndicats, et 56 % des syndiqués, viennent du secteur public.  Six membres du bureau de la CGT sur huit sont du secteur public. Ces syndicats abusent des grèves : 62 % du total des jours de grève leur sont imputables.  Des travailleurs protégés ont même fait grève contre une réforme des retraites qui ne les concernait pas ! Avec le droit de retrait en cas de « danger grave et imminent »,  ils ont trouvé un nouveau moyen de faire grève sans préavis, sans perte de salaire, sans service minimum, la « rolls des syndicats » écrit Agnès Verdier-Molinié.

Les fonctionnaires ont colonisé la politique : 71 % des directeurs de cabinet de ministre sortent de l’ENA ; 61 % des présidents de région et 48 % des présidents de Conseil général sont issus de la fonction publique. Ils ont aussi envahi les grandes entreprises : 44 % des dirigeants du CAC 40 en sont issus alors que la proportion d’anciens fonctionnaires n’est que de 8 %  dans les grandes entreprises allemandes et  5% au Royaume Uni.

A l’étranger un statut spécial est réservé aux seuls fonctionnaires régaliens : un tiers des fonctionnaires allemands, 15 % des Italiens, 10 % des Britanniques.

Agnès Verdier-Molinié propose de faire de même : remettre en cause le statut de la fonction publique. Elle propose aussi de geler réellement les salaires publics pendant trois ans, et de n’accorder  ensuite que des augmentations au mérite. Elle montre l’exemple de l’Allemagne, dont le nombre de fonctionnaires est passé de 6 700 000 en 1991 à 4 500 000 aujourd’hui.

La mise en œuvre de ces propositions rendrait la France prospère et moins inégalitaire. Puisse Agnès Verdier-Molinié être lue et suivie !

***

Les fonctionnaires contre l’État — Le grand sabotage d’Agnès Verdier-Molinié, aux éditions Albin Michel.

Alain Mathieu, président de Contribuables Associés

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