Pourquoi ? par l’abbé Pierre.

Pourquoi ?
O Toi l'Éternel en qui je crois, et que je crois être Amour car l'Éternel, l'Infini ne peuvent pas être sans la Perfection, et la Perfection n'est pas si elle n'est pas Amour, ô Toi, pourquoi ?
J'ai refusé d'être un “bien-pensant” non scandalisé, non blessé, non révolté dans l'humanité telle qu'elle est. Alors jusqu'à mon dernier souffle je veux crier “non !” parmi les victimes et lutter avec tous ceux qui le veulent pour que cessent leurs douleurs de misère, et crier, crier vers Toi : pourquoi ?
C'est, ayant les yeux de tout mon être grands ouverts, et non en tricheur qui refuserait de tout voir, que je t'aimerai, pas d'un amour simple, mais de cet “Amour quand même” qui seul est honnête, qui seul peut rendre supportable aux autres qui pleurent, et tant voient pleurer, la Foi dont je T'aime.
Merci, Toi de qui est tout bien, tout vrai, tout beau, merci pour les poètes. Ils ne sont peut-être pas souvent, mais qui le sait ?, des saints.
Mais quand ils crient et sanglotent, quand le blasphème est au bord de leurs lèvres, ne sont-ils pas, Jésus Sauveur, Libérateur, terriblement frères de Toi en ton horrible plainte : “Père, pourquoi m'as-tu abandonné ?”.
Parmi nous les hommes, le Pouvoir, vraiment Puissant, est si haut. Comment saurait-il autrement que dans la froideur des statistiques ? Comment serait-il conscient de ce que la “Loi de Vie et de Paix” de la société humaine ne peut être que : “servir premier le plus petit, le plus souffrant” ?
Et, parmi nous les hommes, la misère, cela à partir de quoi l'humain est empêché d'être humain, comment aurait-elle voix pour être entendue ? Et sans doute, plus que nulle part, là où elle n'est pas si étendue qu'elle fasse peur.
Non, la Vie vraie ne peut pas être l'absurdité sans cesse régnante, sans cesse renaissante, du “plus puissant, du plus fort premier servi” !
Croyants, poètes et quiconque puisqu'il consent à vivre espère que la Vie est plus que la vie, que c'est bon de se rencontrer, tous, sur le même chemin de l'Essentiel, marchant à la même Rencontre, de Toi, l'Eternel, mon “Amour quand même”.

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