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Au commencement…

Publié le 11 mars 2011 par Jfa

Une fable-tribune libre de Bertrand Lenoir-Welter. 

Au commencement, il n’y avait rien. Ensuite, ça ne fit qu’empirer : il eut quelque chose que, plus tard, on appela D.I.E.U., un sigle signifiant “Dieu Infini, Eternel et Universel”, assorti d’une de ces boucles sans fin chères à Lewis Carroll. Il n’y avait donc rien, et il y avait Dieu qui, en toute bonne logique, était tout – et peut-être même le contraire de rien, on n’en est pas certain. Mais tout et rien ne se mélangeaient pas, rien n’étant pas partie de tout, et tout, de par son infinitude, ne laissant aucune place à rien. Rien n’avait même pas d’existence réelle, car s’il avait été, il serait devenu une composante de tout et, n’étant alors plus rien, il aurait aussitôt perdu sa substance, laquelle consiste avant tout à ne pas en avoir. Le simple fait de ne pas exister maintenait rien hors d’atteinte de tout. J’espère que vous me suivez.

Nous autres initiés savons que tout est un, aussi vrai que un et un font trois – je ne plaisante pas, Par conséquent, Dieu était unique, et d’ailleurs la plupart des prophètes, ainsi que leurs cortèges d’inquisiteurs et autres ayatollahs ont beaucoup insisté sur ce point, en le mettant sur les “i” si nécessaire. Seulement, voilà : unicité est synonyme de solitude. Dieu était un, donc Dieu était seul, et même infiniment seul. Il n’avait pas besoin de savoir lire et écrire, connaissant déjà tout, c’est-à-dire Se connaissant Lui-même et, comme de juste, connaissant l’univers. Il ne savait pas non plus compter, car seul le nombre 1 existait et, les choses étant bien faites, Il était justement cet un. Au-delà de 1, il n’y avait rien.

Bref, Dieu s’ennuyait ferme. On sait qu’il ne jouait pas aux dés, ce qui est évident car un dé à une seule face ne tient pas debout, pas besoin d’être Einstein pour comprendre ça. Dieu ne pouvait même pas tuer le temps à faire des sudokus, faute de disposer d’autres nombres qu’Il aurait pourtant volontiers inventés pour se distraire un peu. Mais Il réfléchit et conclut que, en tant qu’unité, Il ne pouvait pas S’additionner à Lui-même puisqu’Il était déjà infini ; Il ne pouvait pas davantage Se soustraire puisque ça n’aurait rien donné; Il n’aurait pas été plus avancé en Se multipliant par Lui-même, puisqu’une fois un fait toujours un, et pareil s’Il tentait de Se diviser par Lui-même, ce qui ne ferait jamais qu’une seule part. En somme, Il était un, condamné à le rester quoi qu’Il fasse, et la situation était bien partie pour durer.

Les réflexions mathématiques sont souvent créatives et, par voie de conséquence, ce qui devait arriver arriva : une voix qui n’était pas la sienne se fit entendre.

- Tu ne peux pas continuer comme ça. Tu vas finir déprimé.

Dieu sursauta. C’était la première fois qu’on s’adressait à Lui. Il regarda dans la direction d’où venait la voix, mais ne vit rien.

- Qui es-tu ? Où es-tu ? Comment peux-tu exister en-dehors de Moi ?

Un petit rire se fit entendre.

- Je n’existe pas. C’est pour ça que Tu ne peux pas me voir. Si Tu es tout, alors je ne suis rien puisque je ne suis pas Toi. Mais avoue qu’il serait inconvenant que Dieu existât sans un diable pour représenter tout ce que Lui-même n’est pas. Et si tout est un, alors je suis zéro, le vide, l’absence. Autant dire que Tu ne risquais pas de me remarquer.

Dieu était intrigué mais ravi d’avoir enfin une conversation, quand bien même c’était avec le néant.

- Et ça fait longtemps que tu fais ton chemin en-dehors de Moi ?

Le diable, appelons-le ainsi puisqu’il s’était présenté comme tel, répondit :

- Allons, Tu es effectivement infini puisque je ne suis rien. Mais moi aussi je suis éternel et universel. S’il y avait de la lumière dans le coin, je serais Ton ombre. Quand Tu chantes Ta propre gloire de Ta belle voix de basse, le silence qui suit est de moi. En fait, ce qui nous rend si différents, c’est que moi, je n’ai aucun espace, pas même de dimension. Tu es infiniment grand, donc je suis infiniment petit. Tu prends toute la place et je ne suis qu’un point.

Dieu se demanda vaguement comment une chose inexistante pouvait bien être, mais Il était d’autant moins d’humeur à philosopher que, étant omniscient, Il savait que le diable se niche dans les détails.

- Bon, eh bien, que Me veux-tu ? Je suis tout et il n’est donc rien que Je ne puisse t’accorder si telle est Ma volonté.

Le diable éclata de rire.

- Tu es tout, certes, mais Tu n’es pas omnipotent. Il y a des choses que Tu ne peux pas faire. Et moi aussi, je suis puissant, ajouta-il non sans une certaine vacuité. Mine de rien, je dispose de quelques moyens que Tu n’as pas.

Dieu prit un air incrédule (aussi incroyable que cela puisse paraître, Dieu peut être incrédule).

- Je peux tout. Ne Me mets pas au défi car, comme tu le sais, rien ne peut être accompli sans Moi. Dis-moi une chose que Je ne peux pas faire, et Je la ferai.

Le diable prit un air malicieux, ce qui le changeait un peu car d’habitude il n’avait l’air de rien.

- Il y a quelques instants, tu venais de te rendre compte que Tu ne pouvais ni T’additionner, ni Te soustraire, ni Te multiplier, ni Te diviser.

- C’est exact, répliqua Dieu, mais tu ne le peux pas plus que Moi.

- Tu as raison, acquiesça le diable, mais Ta divine unité est mise en danger par ma diabolique nullité. Tu es tout, mais je peux T’anéantir.

- Allons donc, s’emporta Dieu. Si Je t’additionne à Moi-même, un et zéro font un, de même que un moins zéro font toujours un. Tu es nul; tu n’as aucun pouvoir sur Moi.

- Oui, ricana le diable, mais Ton propre pouvoir connaît des limites : par exemple, Tu auras beau me multiplier par Toi-même autant de fois que Tu veux, je resterai inchangé, aussi vrai qu’une fois zéro fait zéro. Et de même si Tu me divises. Zéro divisé par un reste zéro. Même en T’y mettant à plusieurs si Tu avais des collègues, je resterais inaltérable. S’attaquer au vide est stérile.

Dieu hocha gravement la tête.

- Je peux tout, répéta Dieu. Ce n’est pas parce que ma nature a horreur du vide qu’elle en a peur.

Le diable prit un ton solennel.

- Tu peux Te diviser par toi-même et rester inchangé, aussi vrai que un divisé par un fait toujours un. Tu peux aussi me diviser par Toi-même et je resterai inchangé, puisque zéro divisé par un fait toujours zéro. Nous sommes à égalité quand c’est Toi qui divises. Par contre, Tu ne peux pas faire de moi ton diviseur.

- Il n’est rien que Je ne puisse faire. Me diviser par toi n’est qu’une simple opération à portée de Ma toute-puissance. Franchement, Je ne vois pas pourquoi Je devrais M’en abstenir si tel était Mon bon plaisir.

- Eh bien, tu peux toujours essayer si ça t’amuse, répliqua le diable. Mais songe que le résultat d’une opération aussi simple pourrait Te surprendre.

- Je fais ce que Je veux, s’obstina Dieu. Es-tu prêt à Me servir de diviseur ?

- Je suis prêt, répondit le diable en bouclant sa ceinture de sécurité.

Dieu ne prêta pas garde à ce geste, le diable étant toujours aussi invisible que le néant. Il se contenta de lever les bras en psalmodiant :

- Ainsi soit-il, que Ma volonté soit faite !

Et la lumière fut. Une lumière aveuglante, accompagnée d’une formidable déflagration. Sans prendre la plus élémentaire précaution, l’Unique venait de Se diviser par zéro.

- “Classement Forbes : record absolu du nombre de milliardaires dans le monde”, Le Monde.

- FrenchLeaks , un site MédiaPart.*****

- Débandade sarkozienne: l’exemple des cantonales de la Creuse. Le Monde: l’Ump présente ses candidats en “Indépendants”..! Ces gens n’ont honte de rien.

- “Sarkozy refuse l’idée d’un “front républicain” pour les cantonales”, Le Monde. “Alors que nombre de personnalités, de Nathalie Kosciusko-Morizet à Gérard Larcher, avaient évoqué la nécessité d’un “front républicain” en faveur des socialistes,  Jean-François Copé avait, à l’inverse, refusé de se prononcer sur la question, tout en excluant des alliances entre UMP et FN”. Les alliances se feront en douce…

- “Et, enfin, parce que de moindres inégalités rendront plus acceptables les inévitables politiques de réduction de notre empreinte écologique qu’il nous faudra bien un jour accepter de mener en faveur de la planète. Une fois n’est pas coutume : justice sociale, santé et environnement vont de pair”…  Alternatives Economiques, Vive les partageux”.


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