Le bilan dressé il y a quelques jours par le président de la Cub quant aux solutions de relogement des familles roms sur l’agglomération bordelaise a suscité de vives inquiétudes auprès de certains collectifs et associations qui oeuvrent sur le terrain.
Vincent Feltesse s’était engagé en novembre dernier à trouver des solutions de logement pérennes pour environ 200 personnes sur les 450 roms comptabilisés sur l’agglomération. Vendredi dernier, l’élu PS, président de la CUB, s’était réjoui d’être en mesure de proposer d’ores et déjà des logements à une vingtaine de familles (100 personnes) et s’était engagé à poursuivre le travail pour une autre centaine de roms souhaitant s’inscrire dans un parcours d’insertion. Quant aux 250 autres, il avait indiqué qu’il y aurait «des reconduites à la frontière et des destructions de squats». Mais pour Médecins du Monde comme pour l’association Procom, le travail n’est pas fini. «Il existe plein d’autres familles qui méritent une chance et qui devraient être prises en charge».
Des zones d’ombre
Pour ces deux organismes, l’initiative de la Cub consistant au départ à proposer des logements pour certains roms en se souciant de l’accompagnement social et en évitant le risque de ghetto, a été plutôt bien perçue. Mais au-delà, dans la manière de procéder, de nombreux problèmes se posent. Ils pointent notamment du doigt le manque de transparence dans les démarches effectuées. «Nous constatons certaines zones d’ombre dans le choix des familles relogées et le nombre de personnes réellement concernées ainsi que sur les modalités de l’accompagnement social», soulignent le docteur Paul Lanusse-Cazalé de Médecins du Monde et Jérôme Lobao de l’association Procom. Compte tenu de leur travail de terrain de longue haleine, ils regrettent tous les deux de ne pas avoir été plus amplement associés aux démarches du Centre d’Orientation Sociale (COS), chargé de choisir les familles qui pourront intégrer les logements. «Nous nous étonnons également que le travail commencé il y a plus de 6 mois avec la mairie de Bordeaux ne soit pas pris en compte». En outre, les deux hommes s’inquiètent du sort réservé aux 250 roms restant sur l’agglomération. «Nous n’avons pas d’avis sur l’évacuation des squats car nous comprenons bien que cela peut être une nécessité à un moment donné pour le développement d’une ville. Mais si cela se fait dans l’urgence par la force policière, ce sera une catastrophe sanitaire et sociale», assure Paul Lanusse-Cazalé.
«Le problème n’est pas réglé»
«On ne peut pas dire qu’une fois que les 200 auront été relogés et que les 250 autres auront été expulsés que le problème sera réglé. Dans quelques mois, ces citoyens européens expulsés reviendront squatter et dans des conditions toujours pires», assure Paul Lanusse-Cazalé. «Il faut absolument sortir d’une logique de logement d’urgence pour s’inscrire dans un plan d’intégration sur le long terme», poursuit le représentant de Médecins du Monde. «Nous insistons sur l’intérêt de mettre en oeuvre une plateforme d’accueil qui serait un lieu d’accompagnement social et de médiation que chacun pourrait solliciter».• SD