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Cantonales 2011 : les écarts du PCF avec la stratégie du Front de Gauche…

Publié le 11 mars 2011 par Albert @albertRicchi

Cantonales 2011 : les écarts du PCF avec la stratégie du Front de Gauche…Si dans une majorité de cantons, le PC et le PG iront à la bataille sous l’égide du Front de gauche, le PC présentera ici ou là des candidats sous une étiquette particulière comme celle de «gauche rassemblée», autre appellation de feu la gauche plurielle.

Fait surtout en fonction de la configuration électorale de chaque territoire, ce choix «à la carte» en quelque sorte est destiné avant tout à sauvegarder le plus grand nombre des 109 conseillers généraux communistes sortants. Mais il pose néanmoins le problème de l’ambiguïté de la stratégie du Front de Gauche…

Un peu plus de 1600 candidats porteront les couleurs du Front de Gauche les 20 et 27 mars prochains pour les 1976 cantons renouvelables en France métropolitaine, soit un pourcentage d'environ 80%. Cette proportion d’accords est globalement la même que lors des dernières élections régionales qui avaient vu des accords FdG dans 17 régions sur 22, le PC ayant passé des accords avec le PS dans 5 régions et 19 départements, dès le premier tour.

Aujourd'hui, on note encore des alliances du PC et du PG avec des petits partis ou mouvements comme la FASE, les Alternatifs, le M’PEP dans une quarantaine de départements mais que dans certains cantons. Dans une vingtaine de départements, des alliances avec le NPA mais que dans certains cantons également.

La stratégie de la gauche rassemblée PC/PS au lieu et place du Front de Gauche s’observe surtout dans les cantons où le PC veut avant tout sauver ses conseillers sortants. C’est ainsi par exemple qu'à Avignon, dans le département de Vaucluse, il s'est prononcé pour une alliance avec les socialistes dès le premier tour. Le PC soutiendra ainsi la candidate du PS, dans le canton Sud, Mme Michèle Fournier-Armand dont le comité de soutien sera présidé par Patrick Gontard, proche du Modem. En contre partie, dans l’autre canton d’Avignon Est, le PS ne présentera pas de candidat contre André Castelli, conseiller général sortant PC et vice-président du conseil général de Vaucluse.

Au final, dans le chef lieu du département de Vaucluse, le FdG sera absent en tant que tel dans les deux cantons d'Avignon, au grand dam du PG local. Placé devant le fait accompli et ayant finalement décidé de ne présenter aucun candidat, le PG se contente simplement de soutenir la candidature d’André Castelli dans le canton Est. Mais comme pour ajouter encore un peu plus à la confusion, un conseiller municipal PG d’Avignon, Max Rieux, a décidé de soutenir le candidat EELV, Senoussi Djellal, dans le canton Sud face à la candidate socialiste !

Dans deux autres cantons du département, le PC et le PG apportent leur soutien à des candidats EELV qui soutient en contre partie une candidate PG, Anne-Marie Billiottet, dans le canton d’Isle sur la Sorgue !

Ce flirt avec des candidats EELV avait déjà été observé aux dernières élections régionales où par exemple en Ile-de-France, le maire PC de Sevran (Seine-Saint-Denis) Stéphane Gatignon était candidat sur la liste d'Europe Ecologie. Jean-Luc Mélenchon avait proposé, quant à lui, une alliance avec EELV, dès le premier tour dans la région Languedoc-Roussillon.

L'exemple de la ville d’Avignon montre qu'en décidant de ne pas choisir une stratégie claire aujourd’hui dans tous les cantons, hier dans toutes les régions, la direction du parti de la place du Colonel Fabien brouille fortement le message initial du Front de Gauche qui reste pourtant sa stratégie « officielle ».

Ce manque de cohérence est d’autant plus dommageable que depuis la création du Front de Gauche et du NPA, il apparaît évident que si les partis à gauche du PS s'unissaient, le paysage politique en sortirait grandement modifié, comme l’a montré l'exemple de la liste de l’autre gauche aux dernières élections régionales en Limousin («Limousin terre de Gauche», liste d’union PC/PG/NPA, créditée de 13,1% au premier tour et de 19,1% au second) ou celui de Die Linke en Allemagne

Dans un cas (accord PC/PS au premier tour), le parti de P. Laurent peut espérer garder nombre de ses élus, avec l'argument de pouvoir influencer les décisions des majorités départementales, bien que jusqu'ici, cela n’a joué qu'à la marge et sur des sujets annexes.

Dans le deuxième cas, (listes du FdG), le PC conforte son score électoral mais risque de perdre des élus si le FDG n’arrive pas à devancer le PS au premier tour ou atteindre le nouveau seuil pour être présent au second tour des élections cantonales (12,5% des inscrits), d’autant qu’il est obligé de céder à l’intérieur du FdG quelques postes aux membres du PG. Ce n'est pas rien puisque économiquement, le PC est en très grande difficulté sans la manne de ses élus de terrain.

Dans le dernier cas (listes d’union de l’autre Gauche), les scores électoraux peuvent être, comme l’espère JLM pour le FdG supérieurs à deux chiffres mais ces cas de figure n’existentque dans très peu de cantons.

Au final, en jouant principalement sur les deux premiers tableaux, le PC rebute tout à la fois le PS, le PG et le NPA et risque même de faire voler en éclat le Front de Gauche après la présidentielle de 2012. Car si pour l’instant, le PG semble décidé à avaler toutes les couleuvres sous réserve que JLM soit désigné comme candidat du FdG en 2012, cette situation pourrait évoluer car elle provoque depuis les dernières élections régionales des remous tant à l’intérieur du PC que du PG.

Quant au NPA, il condamne plutôt cette stratégie «à la carte» tout en laissant se faire dans certains endroits des accords FdG/NPA ou PG/NPA. Jean-François Grond, numéro 2 du NPA l’avait d’ailleurs déjà précisé lors des dernières élections régionales : « Pourquoi y aurait-il des accords à la carte ? Cela voudrait dire qu’il pourrait y avoir des programmes politiques à la carte ? Il faudrait faire une différence entre tel ou tel département ? ».

Mais tout dépend finalement du Parti Communiste, car autre paradoxe, s'il est plus faible que jamais au niveau électoral, aucune alliance de poids ne peut se faire sans lui au sein de l’autre gauche. Son passé, le nombre de ses militants, ses réseaux pèsent encore lourd, au moins localement.

Si cette stratégie électorale dualiste semble le moyen le plus sûr de conserver ses élus sortants et stopper sa dégringolade électorale qui a atteint son point culminant à la dernière élection présidentielle avec 1,93% des voix, le pari est cependant hasardeux car le PC semble arrivé à l'extrême limite de ses grands écarts…

Photo Flickr-cc : PCF par Julio Costa Zambelli (http://www.flickr.com/photos/julio_costa/2093516383/)

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