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Abeilles menacées d'extinction : l'humanité met en cause son avenir

Publié le 12 mars 2011 par Graeme

Abeilles menacées d'extinction : l'humanité met en cause son avenir Le dĂŠclin des abeilles, qui sont des insectes vitaux pour la pollinisation des vĂŠgĂŠtaux et par consĂŠquent pour la production alimentaire, risque de devenir potentiellement dĂŠsastreux si les hommes ne changent pas profondĂŠment leur mode de vie, de l'utilisation des insecticides en passant par la pollution atmosphĂŠrique, souligne un rapport du Programme de l'ONU pour l'environnement (PNUE) rendu public jeudi 10 mars.


 La manière dont l'humanitÊ gère, ou gère mal, le potentiel de la nature, notamment les pollinisateurs, dÊfinira en partie notre avenir collectif au cours du 21ème siècle. Sur les cent espèces vÊgÊtales qui fournissent 90% de la nourriture dans le monde, plus de 70% sont dÊpendent des abeilles pour leur pollinisation , a insistÊ le Directeur du PNUE, Achim Steiner, à l'occasion de la sortie du rapport.

Selon l'Êtude du PNUE, baptisÊe  DÊsordre dans les colonies d'abeilles et autres menaces sur les pollinisateurs , le nombre de colonies d'abeilles est en chute libre dans de nombreuses rÊgions du monde. Pour expliquer ce phÊnomène, l'agence onusienne met en avant plus d'une douzaine de facteurs, qui vont de la diminution des espèces de plantes à fleurs aux dommages des insecticides sur la mÊmoire des insectes, à la propagation d'organismes nuisibles et la pollution atmosphÊrique.

Dans ce contexte, le rapport appelle Ă  la mise en place immĂŠdiate de mesures d'incitation Ă  la restauration des habitats des pollinisateurs et de leur environnement pour les agriculteurs, par exemple pour le dĂŠveloppement de champs de plantes Ă  fleurs Ă  cĂ´tĂŠ des ceux utilisĂŠs pour la production agricole.

 Les êtres humains ont fabriquÊ une illusion, celle consistant à imaginer qu'au 21ème siècle, ils disposeraient des prouesses technologiques leur permettant d'être indÊpendants de la nature , a poursuivi Achim Steiner, avant d'estimer que la situation des abeilles soulignait  une autres rÊalitÊ  :  dans un monde de près de 7 milliards d'humains, nous sommes plus dÊpendants de la nature, et pas non l'inverse .

Sur la liste des facteurs dangereux, le rapport du PNUE place de nouveaux types d'agents pathogènes fongiques virulents, potentiellement mortels pour les abeilles et d'autres pollinisateurs, qui se sont dÊveloppÊs et rÊpandus dans le monde entier, à la faveur de la mondialisation et de la croissance rapide des Êchanges commerciaux de biens autour du globe.

Dans le même temps, selon le rapport du PNUE, environ 20 000 espèces de plantes à fleurs, dont dÊpendent de nombreuses espèces d'abeilles pour se nourrir, pourraient être perdues dans les prochaines dÊcennies, si aucun effort de conservation n'est dÊployÊ. Selon une Êtude anglo-nÊerlandaise citÊe par le PNUE, depuis les annÊes 1980, il y a eu une baisse de 70% des fleurs sauvages de la planète, dont les plus importantes sont la menthe, les pois et la famille des herbacÊs vivaces.

En parallèle, l'utilisation croissante de produits chimiques dans l'agriculture cause des dommages considÊrables sur les abeilles, dont ils affaiblissent le système immunitaire. Des Êtudes en laboratoire montrent que certains insecticides et fongicides, utilisÊs ensemble, peuvent être 1000 fois plus toxiques pour les abeilles, affectant leur sens de l'orientation, leur mÊmoire et le mÊtabolisme de leurs cerveaux. Les herbicides et les pesticides rÊduisent Êgalement la disponibilitÊ des plantes dont les abeilles ont besoin pour leur alimentation, ainsi que de nombreuses espèces de pollinisateurs aux stades larvaires de leurs reproductions.

De même, le rapport du PNUE montre que la pollution de l'air peut aussi interfÊrer avec la capacitÊ des abeilles à trouver ou retrouver des plantes à fleurs et donc de la nourriture, dans la mesure ou des odeurs et parfums qui circulaient en 1800 dans un rayon de plus de 800 mètres, ne circulent plus aujourd'hui que dans un pÊrimètre de moins de 200 mètres.

Les champs ĂŠlectromagnĂŠtiques provenant de sources d'ĂŠnergies, comme les lignes ĂŠlectriques Ă  haute tension peuvent ĂŠgalement ĂŞtre des facteurs de changement de comportement des abeilles, extrĂŞmement sensibles aux camps magnĂŠtiques car des glandes abdominales des abeilles contiennent du plomb.

Autre facteur menaçant les abeilles, les parasites et ravageurs, comme l'acarien Varroa qui se nourrit de fluides d'abeille, et le petit colÊoptère des ruches, qui ravage le miel et le pollen stocke. EndÊmique en Afrique subsaharienne, ce parasite s'est aujourd'hui rÊpandu en AmÊrique du Nord et en Australie, et il est attendu en Europe.

Les abeilles peuvent aussi souffrir de la concurrence par d'espèces exotiques, telles que les abeilles africanisÊes aux États-Unis et le frelon asiatique qui se nourrissent les abeilles europÊennes. En France par exemple, le frelon a colonisÊ près de la moitiÊ du territoire depuis 2004.

Au sommet de tous ces facteurs, figure enfin le changement climatique qui, laissÊ sans rÊponse, risque d'aggraver encore la situation d'une multitude de manières, par exemple en modifiant les pÊriodes de floraison des plantes et de prÊcipitations, qui affecteront à leur tour la qualitÊ et la quantitÊ de nectar disponible pour les abeilles.

Selon le PNUE, la diminution du nombre des colonies d'abeilles remonte au milieu des annĂŠes 1960 en Europe, mais s'est accĂŠlĂŠrĂŠe depuis 1998, notamment en Belgique, en France, en Allemagne, en Italie, aux Pays-Bas, en Espagne et en grande Bretagne.

A l'approche du troisième sommet de la Terre l'ONU consacrÊ au dÊveloppement durable et qui se tiendra à rio, au BrÊsil, en 2012, le PNUE appelle les pays du monde à intensifier les efforts internationaux dÊployÊs pour accÊlÊrer la transition vers une Êconomie verte et un modèle de dÊveloppement durable. Pour Achim Steiner, son Directeur, il faut  investir et rÊinvestir maintenant dans les services fournis par la nature, par les forêts, par les cours d'eau douce, par les champs de fleurs et par les rÊcifs coralliens .

ÂŤ Rio 2012 est une occasion d'aller au-delĂ  des dĂŠfinitions ĂŠtroites de la richesse et de inclure dans la richesse nationale et mondiale, le patrimoine et les services offerts par la nature, telle que la pollinisation par des insectes comme les abeilles, qui se chiffre en multi milliards de dollars Âť, a-t-il conclu.

Source : PNUE (communiquĂŠ)



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