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Patron en France, le coupable idéal

Publié le 14 mars 2011 par Copeau @Contrepoints

Votre travail vous ennuie ? Votre patron est moche et légèrement irritant ? Ce fat vous demande des efforts en l’échange de votre salaire qui, de toute façon, est bien trop maigre ? Vous avez besoin de jolies vacances tous frais payés et vous voulez que ce soit lui qui régale ? C’est très simple ! Avec le Kit Prudhomme Demaerd, vous trouverez rapidement une solution efficace et complète à tous vos problèmes salariés !

C’est aussi ça, l’énorme avantage de vivre en République Socialiste du Bisounoursland.

À chaque problème, à chaque vexation, à chaque accident de la vie, aussi minime fût-il, correspond une solution Demaerd Approved qui vous permettra de faire avancer la cause progressiste vers l’horizon lointain mais définitivement pas inatteignable du bonheur général, ultime et fraternel où chaque individu se fondra joyeusement dans un collectif bienveillant, doux comme du coton, mou comme un chamallow et intrusif comme une main gantée de latex d’un douanier tatillon.

Ainsi, si vous envisagez, comme proposé plus haut, de quitter la boîte dans laquelle vous travaillez pour prendre quelques vacances bien méritées, et qu’en plus, vous désirez modérer le coût de ce départ, voire en tirer un profit palpable, il existe maintenant une solution officielle, relativement simple à mettre en oeuvre, qui vous permettra d’arriver exactement à ce résultat.

La manœuvre demande un peu de préparation, mais le terrain juridique a été préalablement pavé pour vous de bonne intentions et, bien sûr, de savon noir pour votre patron.

Toute l’opération consistera donc à accumuler un faisceau de faits concordants, éventuellement de preuves (écrites, si possibles), que vous subissez un harcèlement moral de la part de votre hiérarchie ou, à la limite, de vos collègues de bureau.

La médecine du travail étant ce qu’elle est, il ne devrait pas être insurmontable pour vous d’accoupler cette recherche méticuleuse de petits tracas que vous lance votre vil patron à un arrêt de travail dûment cautionné par la Faculté de Médecine. Prétextez par exemple un bon gros mal de dos, c’est très vague et c’est même psychologiquement approuvé par un expert des troubles somatoformes.

Egalité, Taxes, Bisous : République du Bisounoursland

Ensuite, il vous suffit, une fois rassemblé un nombre suffisant de preuves forcément confondantes, d’attaquer votre méchant patron pour ce fameux harcèlement moral qu’il vous fait subir. Et il n’y aura même pas besoin que votre patron soit au courant qu’il faisait du harcèlement ; mieux, ainsi attaqué, il pourrait avoir à payer des dommages et intérêts pour des faits commis inconsciemment. Ou, dans notre cas, pour des faits que vous aurez estimé qu’il a commis.

Ensuite, tout fripé de l’intérieur, triste et mélancolique, vous devrez poser votre démission, la mort dans l’âme et l’oeil humide des pleurs que vous verserez d’avoir à quitter un job qui aurait été si bien sans ce harcèlement. Snif.

Et ceci vous permettra d’obtenir une requalification de votre démission en licenciement sans cause réelle et sérieuse, avec indemnités à la clef (non mais).

Certes, il faudra vous assurer que vous avez bien plus d’un unique élément à faire valoir à la justice, le harcèlement ne pouvant s’entendre sur un fait unique. Mais gageons que vous saurez y faire : d’autres ont ouvert la voie, il suffit de la suivre, courageusement.

Et puis, ce monde est trop cruel pour se laisser faire.

Ce monde est trop plein de patrons méchants qui ne veulent que vous marcher sur la gueule. Et surtout, ce pays est manifestement encore trop gentil avec ces gens qui ambitionnent sans honte de créer une entreprise, de la mener au succès, de créer des emplois — franchement, je vous jure ! — et de se retrouver un jour à la tête d’équipes nombreuses de salariés sous-payés à gémir sous leurs ordres farfelus !

Grâce à ce Kit Prudhomme Demeard, gageons qu’enfin, les ahuris et les pervers qui se lancent dans l’exploitation de l’homme par l’homme s’en iront, loin de ce pays merveilleux des enfants heureux ! On n’a pas besoin d’eux, ici, en République du Bisounoursland. Non. Qu’ils aillent plutôt exploiter les travailleurs des autres pays ! Ici, on veut travailler moins pour toucher plus de chômage !

Ce dont on a besoin, c’est de plus de coton, doux, moelleux, gentil et rose, qui ne peluche pas et qui sent bon.

Et des containers entiers de vaseline.

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