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Peut-on encore avoir confiance en nos médicaments ?

Publié le 14 mars 2011 par Kapa Sante

Peut-on encore avoir confiance en nos médicaments ?Scandale du Médiator, retrait de la vente du Di-Antalvic, sans oublier la liste des 77 médicaments surveillés par l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé (AFSSAPS) : depuis plusieurs mois, de nombreux incidents ont émaillé le monde pharmacologique et pharmaceutique et sérieusement entamé la confiance des Français dans leurs médicaments. Etats des lieux et explications du malaise.

Début mars, le Di-Antalvic était retiré de la vente. Une nouvelle évaluation de la balance bénéfices/risques de ce médicament a été jugée défavorable. En France, ce sont pourtant près de huit millions de patients qui prennent régulièrement du Di-Antalvic.
Il y a 5 jours, le 9 mars, c’est au tour du Noctran d’être dans la ligne de mire. Commercialisé en France depuis 1998, ce somnifère, qui figure sur la liste de 77 médicaments surveillés, présenterait des effets secondaires graves comme des troubles neurologiques, psychiatriques et même des chutes. Selon la commission d'autorisation de mise sur le marché, encore une fois le rapport bénéfices-risques de ce médicament n'est plus favorable ce qui conduit à proscrire son maintien sur le marché. De plus, Noctran présenterait d’autres inconvénients : un sevrage difficile, et, lors des tentatives de suicide, une utilisation par surdosage médicamenteux. Le Noctran sera – t-il retiré de la vente ? La décision sera rendue publique par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, après la  procédure contradictoire avec le laboratoire Menarini France, fabricant dudit médicament.

Autant d’affaires qui ont semé le trouble dans l’esprit des patients. En janvier dernier, un sondage du quotidien « Le Parisien », révélait qu’un Français sur trois se méfiait des médicaments. Dans cette enquête réalisée par CSA, on apprenait  que 40 % des sondés ne font pas confiance aux autorités publiques de santé comme l’INPES ou l’AFSSAPS, justement chargées de contrôler et garantir l’efficacité des produits.
Le salut viendra-t-il  des « Assises du Médicament » qui ont débuté en janvier  dernier sous la houlette de Xavier Bertrand, Ministre de la Santé ? Espérons-le. Les objectifs annoncés : restaurer la confiance dans le système de sécurité sanitaire des produits de santé et construire une vision stratégique nationale de la politique des produits de santé, qui sera ensuite portée au niveau européen. Répartis en 6 groupes de travail, les acteurs du secteur vont élaborer des propositions sur : l’évaluation, le suivi, l’utilisation et la promotion des produits de santé.

Les groupes de travail des « Assises du Médicament » devraient rendre leurs rapport fin mai

  • Le groupe 1 sur le thème « Améliorer les conditions d’octroi de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) », est présidé par Jean-François Girard, ex-directeur général de la Santé. Conseiller d’Etat, J.F.Girard est  également membre du Conseil scientifique de l’Institut des hautes études pour la science et la technologie (IHEST), et l’auteur de « Quand la santé devient publique » (Hachette Littérature).
  • Présidé par Dominique Costagliola – chercheur puis directeur de recherche à l’INSERM, elle est, depuis 2009, directeur de l’unité 943 épidémiologie, stratégies thérapeutiques et virologie cliniques dans l’infection du VIH, le 2e groupe  se penchera quant à lui sur les moyens de « Renforcer le système de surveillance des médicaments ».
  • Le groupe 3, chargé de faire des propositions pour « Encadrer les prescriptions hors AMM » est présidé par Hubert Allemand, médecin-conseil national de l’Assurance-maladie et  professeur de santé publique à la Faculté de médecine de Besançon.
  • Le 4e groupe, qui planchera sur les pistes pour « Développer l’information sur les produits de santé », est piloté par Alain-Michel Ceretti, administrateur de l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux (Oniam), de l’Observatoire d’éthique clinique, et de la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS). Il est aussi fondateur et président honoraire de l’association Le Lien (aide aux victimes d’infections nosocomiales) et de l’association des victimes du Xénopi.
  • Le groupe 5, intitulé « Optimiser la gouvernance et clarifier les missions des organismes intervenant dans les produits de santé », est présidé par Claude Huriet, Docteur en médecine, ancien sénateur et président du Conseil d’administration de l’Institut Curie.
  • Enfin, le 6e groupe, « Renforcer le contrôle et l’évaluation des dispositifs médicaux », est présidé par Eric Vicaut, Professeur des Universités, praticien hospitalier et directeur du Centre d’Évaluation du Dispositif Médical à l’hôpital Fernand-Widal. Les groupes de travail devraient rendre leur rapport fin mai.

Premiers en ligne : Les pharmaciens

D’ici là et pour faire avancer le débat, la revue Prescrire a fait, pas moins de 57 propositions pour redresser le cap de la politique du médicament. En attendant cette date, le malaise est palpable. Premiers en ligne : les pharmaciens. Le 10 mars dernier, Isabelle Adenot était auditionnée devant la commission parlementaire chargée de faire la lumière sur le scandale du Médiator. A la tribune, la Présidente de l'Ordre national des pharmaciens s'est faite le porte-parole de tous ses confrères dans les laboratoires ou les officines : "La profession est extrêmement affligée par les faits, les dérives et par les conséquences de cette affaire." Elle poursuit en évoquant une population "suspicieuse, inquiète qui n'hésite pas à interrrompre un traitement en prenant des risques importants". Isabelle Adenot a conclu son interventtion en faisant plusieurs propositions comme :

  • Informer l'ensemble des pharmaciens en un temps record.
  • Se constituer comme un collecteur d'informations via les 13 millions de français qui ont opté pour le dossier pharmaceutique
  • Faciliter la déclaration de pharmaco-vigilance de ses confrères
  • Mettre en place dans les mois à venir un portail sanitaire
  • Renforcer sur le terrain la loi dite "anti-cadeaux".

Des initiatives louables qui mettront sans doute du temps à estomper le malaise qui s'est installé entre, d'un côté, les médecins, les pharmaciens, les laboratoires pharmaceutiques, et de l'autre, les patients. Frédéric G., pharmacien en région parisienne  est pessimiste. "Avant on suivait l'ordonnance, on donnait des explications, depuis l'affaire du Médiator, il faut se justifier parfois sans fin. C'est usant" se décourage-t-il. Son fils, lui-aussi pharmacien dans l'officine familiale se veut plus rassurant. "Je trouve les patients plus conscients et plus actifs dans leur traitement. Pour moi, les choses vont dans le bon sens". Affaire à suivre donc…

Qu’en pensez-vous ? Faîtes-vous confiance aux médicaments prescrits par votre médecin ? Etes-vous plus méfiant ? Posez-vous plus de questions à votre pharmacie ? Avez-vous le sentiment que les autorités de santé publique ont pris la mesure du problème ? Etes-vous inquiets du retrait de la vente de médicament comme le Di-Antalvic ? Venez nous faire part de votre expérience, vos anecdotes, vos doutes. Ce blog est le vôtre.


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