Chronique du lundi 14 mars.
L’équipe de France a fait beaucoup pour la promotion du rugby en Italie et c’est une bonne chose. Pour le rugby Italien, bien sûr, mais aussi pour le rugby… Français, si les joueurs tricolores se servent de cette défaite pour se faire enfin entendre. Explications.
Enthousiasme et organisation en berne :
Samedi, l’équipe de France a manqué d’enthousiasme et d’organisation à la fois. L’enthousiasme, cela peut se comprendre. Les joueurs sont touchés par le diabolique enchaînement des rencontres. L’Irlande, l’Angleterre et une journée de Top14 en continu, cela fait beaucoup, sans oublier, bien sûr, que la saison a commencé en août dernier. Le physique s’épuise par accumulation et le psychique s’évapore dans la répétition. Résultat, les joueurs expédient les affaires courantes d’une manière mécanique et apathique, croyant, en plus, avoir fait l’essentiel en menant de 10 points à un quart de la fin. C’est là que le mérite Italien a été grand, capable de ne pas mourir, comme cela avait été le cas contre l’Irlande et le Pays de Galles, capable de hausser le niveau de leur jeu pour prendre le dessus sur un adversaire qui n’avait pas la capacité d’accélérer.
Le manque d’organisation, par contre, pose problème. L’équipe de France a pris une leçon de stratégie par une équipe d’Italie quasi-agonisante, n’ayant, pour seul fond de jeu, que 4 chandelles et la qualité individuelle. C’est très peu et cela montre à quel point l’équipe de France a touché le fond. Alors que les Italiens se raccrochaient à une tactique simple, remonter le ballon à coups de boutoirs de Castrogiovanni et compagnies avant, dans un quatrième temps, d’envoyer la balle au plus large, une fois que la défense française s’était trop resserrée, la France sombrait corps et âme dans un match qu’elle contrôlait pourtant. Le manque d’esprit tactique de cette équipe est le reflet d’une absence d’échange entre les entraîneurs et leurs joueurs. Les choix stratégiques des premiers ne sont pas appliqués par les seconds. C’est uniquement cette incompréhension qui est à l’origine de la défaite Romaine.
La rupture est consommée :
Le match de Rome n’est, en soi, qu’un microphénomène. Une contre-performance dans un Tournoi déjà perdu n’a pas, en soi, de conséquence. Par contre, cette défaite peut être utile dans la réussite de l’équipe de France en Coupe du Monde. Elle doit servir d’électrochoc pour tous, staff et joueurs compris, de manière à renouer un dialogue qui semble aujourd’hui n’être qu’un double monologue.
Il n’est pas possible de croire que l’absence de stratégie de l’équipe de France soit une réalité en soi, que les entraîneurs Français n’aient donné aucune consigne à leurs joueurs. Du coup, il paraît évident que les joueurs n’ont pas appliqué celles données car ils n’adhèrent pas à ce que Marc Lièvremont leur demande. Il est donc temps d’arrêter cela et de se mettre à table pour crever l’abcès.
L’équipe de France ne peut plus continuer comme cela. Marc Lièvremont a complètement perdu la main et l’équipe offre un spectacle ridicule. Le sélectionneur Français a commis une erreur de management en novembre, en ouvrant le groupe au moment où celui devait naturellement se fermer, et il continue de la payer. Les joueurs, de manière instinctive, ne comprennent pas comment leur entraîneur a pu ainsi affaiblir l’équipe, se passer de certains joueurs rassurants, en lancer de nouveaux qui doivent s’adapter, casser les quelques automatismes acquis jusque-là,… préparant le terrain à la déroute Australienne. Ils sont sceptiques par rapport à un discours qui manque, depuis cette erreur originelle, de crédibilité. La seule solution pour inverser cette tendance est de crever l’abcès. De se réunir et de se dire les choses en face pour, enfin, recréer l’osmose entre encadrement et encadrés, pour que les joueurs construisent un jeu auquel ils adhèrent et s’impliquent dans une philosophie commune au service de la performance de l’équipe de France.
Une nouvelle erreur de management :
Si le samedi a été noir pour le rugby français avec la défaite Italienne, le dimanche est pire que ça. En décidant d’obéir aux ordres données par ses autorités fédérales et de faire quelques exemples, Marc Lièvremont a fini de casser le lien avec son groupe. En décidant d’offrir à la lapidation journalistique des joueurs comme Yannick Jauzion et Sébastien Chabal, l’entraîneur se dédouane, mais il ne fait qu’accroître le fossé qui le sépare de ses joueurs. En pensant reprendre le contrôle par la menace, il ne fait, en fait, qu’accélérer la rupture. En menaçant ses joueurs, il les condamne à êtres encore plus individualistes, plutôt qu’à vouloir œuvrer pour le bien commun. C’est suicidaire.
La Coupe du Monde commence vraiment le 1er juillet prochain, et les 2 mois de préparation peuvent permettre de panser les plaies et de recréer un dialogue au service de l’équipe. Mais, attention, il ne faut pas croire que toutes personnes qui se parlent sont obligatoirement dans le dialogue. Marc Lièvremont et ses joueurs se parlent, actuellement, sans s’écouter. Pire même, ces derniers sont dans l’incompréhension et la méfiance. Peut-être que, une fois qu’ils seront certains d’aller en Nouvelle-Zélande, ils auront le courage de partager quelques vérités avec leur entraîneur, histoire de construire, en 2 mois, un projet commun cohérent et qui redonne surtout la capacité à cette équipe de redonner, à son potentiel, le niveau de performance qu’il mérite…
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