Les jardins de minuit
Ont des immenses grilles
Belles ténébreuses harpes
Où l’on crucifie
Les amants condamnés
A sept ans de malheur
Les jardins de minuit
Ont de longues aiguilles
Qui blessent le coeur des rêveurs
Les jardins de minuit
Ont des grands miroirs noirs
Où les chagrins vont voir
L’ange qui sombre méprisé
Par l’ange de la réalité
Les jardins de minuit
Ont des froides allées
Où les délaissés
Promènent longtemps
L’aura de l’absence
Les jardins de minuit
Ont des arbres fidèles
Qui nous donnent leur sève
Pour faire fleurir les flèches
Que nous avons au coeur
Les jardins de minuit
Ont des arbres trompeurs
Et qui nous mènent loin
Dans les forêts sauvages
Il vont jusqu’au matin
Les forêts de minuit
Ont des grandes épines
Qui vont jusqu’aux étoiles
Qui vont jusqu’à nos larmes
Qui nous vont jusqu’au coeur
(Ernest Delève)