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Nucléaire : pourquoi ce long silence français

Publié le 14 mars 2011 par Lyriciste

Nucléaire : pourquoi ce long silence français

Tous les protagonistes du non-débat tricolore racontent

Et voilà, avec Fukushima, réactivé le débat sur le nucléaire. La chancelière Angela Merkel vient d’annoncer que l’Allemagne souhaite se donner un délai de réflexion avant de prolonger ses centrales nucléaires en activité, contrairement au credo qu’elle martelait depuis plusieurs mois.

Et en France ? Les Verts et le PS tentent de remettre la question sur la table. Mais le débat et l’information sur l’énergie nucléaire sont étroitement contrôlés par l’industrie depuis… presque cinquante ans.

En 1999, pour un hors-série d’ Arrêt sur images (France 5), Colombe Schneck est allée interroger tous les protagonistes du non-débat français. Il est aujourd’hui savoureux de ré-écouter l’ancien directeur général d’EDF raconter comment, en 1974, le gouvernement lui a donné quelques heures, un samedi matin, pour déterminer le nombre de centrales que EDF pouvait construire. Il faut entendre le Premier ministre de 1974, Pierre Messmer, expliquer benoîtement pourquoi le débat devant le Parlement est passé à l’as. L’arrêt de la construction de la centrale bretonne de Plogoff dès l’élection de Mitterrand en 1981, la catastrophe de Tchernobyl et ses rétentions d’information: autant d’étapes qui jalonnent le long silence français.

Cette émission a été diffusée le 25 avril 1999. Un peu moins d’un an auparavant, en mai 1998, les transports ferroviaires acheminant les déchets nucléaires des centrales françaises vers l’usine de retraitement de la Hague avaient été stoppés, parce que la Direction des installations nucléaires (ancêtre de l’Autorité de sûreté nucléaire) avait établi qu’un tiers des convois présentaient des contaminations radioactives bien supérieures à la limite autorisée. Données inquiétantes, qu’EDF et la Cogema (avalée depuis par Areva) s’étaient bien gardées de communiquer à l’Etat… Et en janvier, Daniel Cohn-Bendit, candidat des Verts aux élections européennes, militant de l’arrêt des centrales françaises, avait été reçu de façon très musclée par les syndicats de l’usine de la Hague, avec l’aval de la direction.

Alors que le débat sur le nucléaire va à nouveau faire rage en France, cette émission était, et reste, d’utilité publique. La voici.

Bonus : retour sur une autre émission Arrêt sur images version télé, du 16 janvier 2000. Quelques jours après la tempête de décembre 1999, on apprenait en janvier 2000 que la centrale nucléaire du Blayais, en Gironde, avait connu un incident de niveau 2 (qui en comporte 7), dû à des inondations. Les communiqués publiés par EDF entre le 28 décembre, jour de l’incident, et le 5 janvier, jour de sa médiatisation dans le journal Sud Ouest, sont pour le moins peu explicites et volontairement jargonnants. Ils sont décryptés par Valérie Casanova, devant le directeur de la communication d’EDF.


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