Né du rapprochement de CAAM (Crédit Agricole Asset Management) et SGAM (Société Générale Asset Management) en janvier 2010, Amundi est un des leaders de la gestion d’actifs en Europe. Dans un contexte post-fusion, le métier référentiel occupe une place importante, car il participe à la réconciliation d’organisations, de pratiques et de systèmes souvent très
différents. Dans un entretien accordé à Sia Conseil, Angèle SAYER, Responsable Référentiel, nous livre son analyse sur les enjeux, le positionnement et l’évolution de cette activité dans le contexte bancaire.
Le métier référentiel est une activité stratégique, sensible, transverse et malgré tout elle reste très souvent dans l’ombre des autres métiers. Comment expliquez-vous cela ?
Le métier référentiel constitue une brique incontournable très en amont pour l’ensemble des activités du groupe. Le groupe Amundi a d’ailleurs parfaitement compris ce positionnement en donnant la visibilité et les moyens au département référentiel de jouer ce rôle au sein de l’entreprise. Aujourd’hui, le département référentiel est en effet positionné en tant d’activité opérationnelle transverse avec un sponsorship indépendant vis-à-vis de la Gestion, des Risques, du Middle-Office et de l’informatique notamment.
Pouvez-vous nous en dire plus sur la variété des métiers du référentiel et la structuration de la gouvernance au sein de l’entreprise ?
Différentes équipes référentielles ont été regroupées dans le nouveau département Referentiel : les équipes d’origine (tiers, portefeuilles de gestion, valeurs, indices, benchmarks) ont été associées, dans une logique de productivité et de transversalité, aux équipes des produits, du référentiel personnes et des habilitations. Chaque équipe y a apporté son expertise et ses bonnes pratiques qui, mises en commun, permettent au département Referentiel d’assumer ses missions d’administration, de contrôles qualité et de conseil au service de ses utilisateurs.
Le référentiel peut apporter son expertise et garantir les processus et les données sur un périmètre élargi :
- au début du processus de création d’un produit avec la gestion, le marketing, le juridique
- à la création du portefeuille de gestion avec les différents acteurs front, le middle, les partenaires valorisateurs/compensateurs/dépositaires, les risques …
- durant la gestion du portefeuille sur les valeurs, les indices, les tiers, les caractéristiques, en phase avec la pricing policy
- sur le processus de bout en bout pour les octrois de droits des utilisateurs (référentiel personnes) aux différents outils d’Amundi et de ses partenaires (habilitations)
Le métier référentiel semble avoir bien évolué depuis une vingtaine d’années ?
Effectivement, la vision opérateur de saisie est révolue depuis longtemps. Le métier référentiel nécessite une vrai expertise métier et notamment avec la complexification des produits financiers, les besoins accrus de données analytiques pour le Front et les Risques, les spécifications requises dans les filiales étrangères et les obligations de sécurisation (surveillance de certains produits financiers, de certaines entités, vigilances sur les habilitations aux applications internes et externes).
Le référentiel est en amont de l’ensemble des processus et il a pour vocation de fournir des données à jour mais surtout fiables et analysées, selon des cut-offs stricts dépendant de la localisation géographiques des utilisateurs de la plateforme Amundi.
Le métier référentiel est passionnant mais nécessite un apprentissage long et complexe. L’expertise technique d’administration des bases, se cumule à l’expertise fonctionnelle sur les fonds, les valeurs, les émetteurs, les techniques d’asset-management différenciées, les applications métiers, les contraintes de gestion et les contraintes réglementaires…
Il est regrettable qu’il n’existe aucune formation académique à ma connaissance dédiée à ce métier.
Amundi mène une stratégie de croissance soutenue avec des ambitions fortes. Quelles sont les axes prioritaires pour le métier Référentiel ?
Le département Referentiel a lancé 4 axes principaux d’évolution pour lui permettre de répondre aux attentes du groupe.
- Achever la mise en place de la nouvelle organisation : Le département référentiel unique et centralisé pour le groupe Amundi est né au 1er janvier 2011. La feuille de route de son déploiement opérationnel va encore mobiliser les équipes sur le premier semestre 2011.
- Renforcer la polyvalence des équipes : Comme nous l’avons évoqué précédemment, le métier devient à forte valeur ajoutée et chacun doit pouvoir avoir une vision globale sur l’ensemble des référentiels. Un plan de conduite du changement et de polyvalence des équipes est en cours de déploiement afin d’impliquer l’ensemble des collaborateurs sur les enjeux du métier dans sa globalité. Des matrices d’immersion par objet référentiel ont été constituées afin d’accompagner les collaborateurs dans l’acquisition des connaissances. Le renforcement de la polyvalence vise également à développer les savoirs et fournir un cadre d’évolution à chaque personne tout en restant au sein du département référentiel.
- Piloter l’activité : La visibilité de la qualité du référentiel est un élément critique pour les utilisateurs. Des indicateurs de pilotage sont en cours d’élaboration. Il ne s’agit pas de se limiter aux aspects quantitatifs et de mise à disposition mais de fournir des indicateurs de qualité de service et de fiabilité qualitatifs.
- Industrialiser les processus : La dimension du groupe Amundi nous impose de progresser dans l’industrialisation des processus et leur outillage. La cible SI a été définie : elle consiste à capitaliser sur les briques existantes avec l’objectif de créer un ensemble cohérent vis-à-vis de nos utilisateurs. Cette démarche englobe l’optimisation de l’utilisation des flux financiers externes.
Pour conclure, pouvez-vous nous faire la promotion du référentiel ?
La relation de proximité avec nos utilisateurs est une priorité et nous nous efforçons de la renforcer afin de fournir un service de qualité et reconnu.
Des comités utilisateurs ont été organisés afin de sensibiliser nos utilisateurs à nos services et de recueillir leurs besoins. Nous lançons également des actions de communication.
Le meilleur indicateur de qualité pour notre métier est la reconnaissance de nos utilisateurs car nous leur fournissons la matière première indispensable à la réalisation de leurs métiers.
PARCOURS
Angèle Sayer est diplômée de l’ENSAE. Après quelques années d’expérience, elle devient responsable des opérations sur dérivés au sein de la BFT entre 1986 et 1991. Elle s’oriente ensuite vers un poste d’arbitragiste sur le fixed income international à la BIGT puis à la BAREP entre 1991 et 2000. Elle participe à la création du département de conseil chez Viel-Tradition avant de rejoindre, en 2002, Crédit Agricole Asset Management (CAAM) en tant que Data Quality Manager.
En 2007, elle prend la responsabilité du domaine référentiel pour l’ensemble du groupe CAAM. Au 1er janvier 2011, elle devient responsable du référentiel pour le Groupe AMUNDI, né de la fusion entre CAAM et SGAM. Elle participe activement à l’émergence du pôle référentiel.
Propos recueillis par Sia Conseil
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