Les pauvres artistes du collectif General Idea, dont deux sur trois sont morts du Sida en 1994, avaient eu le temps, en une vingtaine d'années, de bousculer la provinciale scène artistique canadienne. Quant à Inci Eviner, elle réalise des turqueries vidéastiques assez drôles, à savourer dans les sous-sols du musée.
General Idea, très peu connu en France avant cette expo (ce qui la justifie en soi), est un collectif de jeunes artistes qui jonglèrent avec les quilles du dadaïsme et du Pop art du début des années 1970 au milieu des années 1990 au Canada anglophone.
On s'amuse d'à peu près tout : des caniches partouzards, de la fausse héraldique pop/critique, des vidéos décalées, du détournement des icônes de Robert Indiana, des incursions dans la peinture plus classique à coup de pâtes alimentaires.
Bien dommage que le Sida ait emporté deux des membres actifs, si l'on ose dire, de ce singulier ménage à trois.
Inci Enviner, elle, est présentée comme une artiste majeure de la scène turque contemporaine. Croyons le musée sur parole et amusons nous de ses deux énormes projections vidéos où s'agitent un petit peuple de gnomes perdu dans un espace inutile. Ses dessins à l'encre sont également de qualité. S'il n'y avait qu'elle en cause, on serait chaud partisan de l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne !