Ici, quand le vent meurt,
les mots défaillent.
Et le moulin ne parle plus.
Et les arbres ne parlent plus.
Et les chevaux ne parlent plus.
Et les brebis ne parlent plus.
Se tait le fleuve.
Se tait le ciel.
Se tait l’oiseau.
Et se tait le perroquet vert.
Et, là-haut, se tait le soleil.
Se tait la grive.
Se tait le caïman.
Se tait l’iguane.
Et se tait le serpent.
Et, en bas, se tait l’ombre.
Se tait tout le marais.
Se tait tout le vallon.
Et se tait même la colombe
qui au grand jamais ne se tait.
Et l’homme, toujours silencieux,
de peur, se met à parler
Rafaël Alberti