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MoU MALE

Publié le 16 mars 2011 par Toulouseweb
MoU MALE

Dassault et BAE Systčme s’allient sans mal

C’est une alliance trans-Manche d’une espčre rare, voire surprenante : Dassault Aviation et BAE Systems vont développer ensemble un drone en vue de répondre ŕ un appel d’offres des ministčres français et britannique de la Défense. L’accord est officialisé par un MoU, memorandum of understanding (l’expression Ťprotocole d’accordť est tombée dans les oubliettes), le travail commun devant porter sur un MALE, Moyenne Altitude Longue Endurance). L’acronyme, heureusement, ne fait pas le moine.

Ledit MALE constituera la préfiguration de l’aviation militaire de demain, tout en sophistication et se passant de pilote. C’est une tendance générale, plus qu’un effet de mode, sans que l’on sache s’il résistera ŕ l’analyse critique des militaires, pour certaines missions tout au moins. A l’heure oů certains experts s’interrogent sur un risque de perte de savoir-faire français, et dans l’hypothčse oů le Rafale risquerait de ne pas avoir de successeur ŕ proprement parler, voici de quoi relancer le débat.

Dans l’immédiat, il est de bon ton de saluer cet accord franco-britannique qui s’inscrit dans un cadre politique défini par Paris et Londres. Personne n’ose dire qu’il est contre nature, dans la mesure oů il serait malvenu de réveiller de vieux démons. Reste le fait que le constructeur du Rafale s’allie aujourd’hui au principal responsable de l’Eurofighter, BAE, qui, côté avions pilotés, mise sur le F-35 Joint Strike Fighter de Lockheed Martin. Lequel, soit dit en passant, est en pleine déshérence financičre, ses coűts s’envolant dangereusement.

La durée de vie des programmes militaires est telle qu’il y a constamment un risque d’évoquer les dossiers qui fâchent, en oubliant que le temps passe, effaçant les rancœurs. Au cœur de l’été 1985, la France a quitté le club européen de pays qui imaginaient ce que serait le futur Eurofighter pour mener ŕ bien l’ACX et, finalement le Rafale. Un jour, les historiens diront qui a eu raison, qui a eu tort. En attendant, mieux vaut observer un silence poli. Aprčs tout, il y a 25 ans de cela !

Reste le fait qu’il est étonnant de voir Dassault accepter d’entamer une coopération ŕ 50/50 avec un vrai-faux rival, et cela sans męme obtenir la maître d’œuvre du MALE. Il est vrai que les Anglais ont un temps d’avance dans la mesure oů l’appareil franco-britannique s’inspirera, semble-t-il, des travaux qui ont déjŕ donné naissance ŕ un précurseur nommé Mantis. Reste ŕ savoir quelle sera la réaction du groupe EADS et de ses alliés en la matičre, qui fonde également de grands espoirs sur le marché des MALE. EADS qui est aussi trčs proche de BAE puisqu’ils sont étroitement liés …par l’Eurofighter. Ainsi va le lobby militaro-industriel, décidément inclassable.

C’est l’occasion de souligner que Dassault mčne une politique qui n’a plus rien ŕ voir avec celle qui était de mise ŕ l’époque de l’apparition de la dualité Eurofighter/Rafale. Aujourd’hui, les mérites de la coopération bien comprise sont unanimement reconnus, nécessité fait loi, une preuve supplémentaire en étant fournie par le développement d’un autre démonstrateur de drone, le nEUROn (oui, nEUROn et non pas Neuron), initiative purement française, celle-ci, portant sur la préfiguration d’un Ťvéhicule de combat aérien non pilotéť. Outre la France, maître d’œuvre, y participent l’Italie, la Sučde, la Grčce et la Suisse. Le premier vol du nEUROn est prévu pour l’année prochaine.

Lŕ, on comprend mieux. Mais il est aussi évident que les Guynemer de l’avenir ont intéręt ŕ se chercher une nouvelle vocation.

Pierre Sparaco-AeroMorning
(nEUROn, doc. Dassault Aviation)


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