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Les gourderies de Robin (2)

Publié le 16 mars 2011 par Copeau @Contrepoints
  • Par Anton Suwalki

Les gourderies de Robin (1)

Robin et la toxicologie de comptoir

La bande annonce [1] de Notre poison quotidien commence par une scène d’un très vieux film [2], où à l’heure du souper, un brave père de famille assène des évidences frappés du coin du bon vieux bon sens gaulois : il se plaint des colorants dans son vin. Alors que bien sûr, un bon vin bio ne saurait être dangereux pour la santé… Allez, un petit dernier « pour la route » ?  Si la toxicologie de comptoir n’est pas née avec Marie-Monique Robin, et a même connu son heure de gloire humoristique dans des sketchs de Coluche, on la soupçonne immédiatement de vouloir la remettre à l’ordre du jour.

Vient tout de suite après la première affirmation off de Robin qui affirme que selon l’OMS, entre 1 et 3 millions de personnes dans le monde sont victimes chaque année d’intoxications aiguës aux pesticides, dont plus de 200.000 en meurent.

Les gourderies de Robin (2)

(Illustration René Le Honzec)

Première affirmation, première manipulation

Commençons par remarquer que cela est totalement sans rapport avec la thèse de Robin qui porte sur la dangerosité de l’exposition chronique aux pesticides, y compris à doses infinitésimales .

Conformément aux lois qui prévalent dans les médias, cette affirmation a été assumée par Arte qui produit les gourderies de Robin et déjà largement répercutées dans la presse et la rumeur sera reproduite des milliers de fois sur le web, avec pour seule référence, non pas la publication de l’OMS, mais Marie-Monique Robin. Les chiffres sur lesquels se base celle-ci ont en effet été publiés en 1990 [3], et sont « exacts »… Elle oublie simplement de dire que sur les 220.000 personnes qui mourraient chaque année suite  à une intoxication, 200.000 résultent de tentatives réussies de suicide [4] : autant juger de la dangerosité du transport ferroviaire à partir du nombre de gens qui se jettent sous un train.

Les gourderies de Robin (2)

Les 20.000 autres décès (intoxications aiguës) relèvent donc d’expositions accidentelles, à comparer aux 1.200.000 morts chaque année dans le monde dans des accidents de la route [5]. Bien sûr, manipuler des produits phytosanitaires n’est pas sans danger, cela nécessite des précautions d’utilisation, de stockage des produits, d’information des utilisateurs. Cuisiner aussi est dangereux, se chauffer au feu de cheminée ou au moyen d’une chaudière mal révisée… [6]. Mais l’objectif de Marie-Monique Robin n’a rien à voir avec la lutte contre les accidents domestiques ou professionnels, il est de se faire une place dans le créneau porteur de l’hystérie médiatique du moment . De ce point de vue, 200.000 morts, même par suicide, c’est toujours bon à prendre.

Des imposteurs de la sociologie au secours de Robin

Rappelons la thèse centrale de Marie-Monique Robin : les pesticides présents dans notre assiette nous tuent à petit feu, ils sont notre poison quotidien.  Les 220.000 morts, dont enfonçons le couteau dans la plaie, 200.000 suicidés aux pesticides, ne sont d’aucun secours pour étayer cette thèse et Robin ne dispose d’aucun autre qui démontrerait qu’ils soient le problème de santé majeur qui va aboutir à l’effondrement de l’espérance de vie, ce que rien ne laisse présager, comme nous l’avons vu dans la première partie.

Les « produits phytosanitaires » ou « pesticides » [7], comme d’autres substances issues de l’industrie chimique,  sont soumis (en tout cas dans les pays développés) à une réglementation stricte et à une surveillance épidémiologique continue de la part des agences de veille sanitaire. Tous les risques potentiels sur la santé humaine sont pris en compte. Les doses journalières admissibles (DJA) , les limites maximales de résidus (LMR) dans les aliments sont révisées régulièrement, car bien sûr, aucun système n’est infaillible.  Un coup d’œil sur la très longue liste des intrants retirés du marché en France, sur la seule année 2009 [8], suffit à se faire une idée de la valeur des accusations de la gourde à propos des toxicologues chargés de les évaluer, et qui ne serviraient selon elle que de caution à l’industrie. Soulignons que si l’avis d’une agence sanitaire est de retirer un produit, des décision politiques peuvent aboutir à des dérogations, comme ce fut le cas pour le chlordécone aux Antilles à la fin des années ’80, où tout récemment, pour la roténone appliquée en agriculture biologique.

À propos des DJA et des LMR, la journaliste prétend y avoir compris quelque chose, ce qui aurait déjà relevé de l’exploit intellectuel de sa part. Ça n’est bien sûr pas le cas, Marie-Monique Robin imaginant que ces mesures reposent sur un « dogme » (sic). Elle croit pouvoir « déconstruire » ce dogme par un étalage de références érudites, dont le désopilant Bruno Latour, sociologue postmoderne :

J’ai passé beaucoup de temps à tenter de reconstituer la genèse de la DJA, qui s’est avéré une « boîte noire », pour reprendre l’expression du philosophe et sociologique Bruno Latour. Dans son passionnant ouvrage La science en action, celui-ci explique comment une découverte originale – comme la double hélice de l’ADN ou l’ordinateur Eclipse M V/8000 , qui est le fruit d’un long processus de recherche expérimentale et théorique, devient un « objet stable froid » ou un « fait établi » , dont plus personne – y compris les scientifiques qui s’en servent comme d’un outil n’est en mesure de  comprendre les « rouages internes » ni de « défaire les liens innombrables » qui ont présidé à sa création. De manière similaire,  le principe de la  dose journalière acceptable auquel les toxicologues et les gestionnaires du risque chimique font sans cesse référence est  devenu une « connaissance tacite  profondément encapsulée » dans la « pratique silencieuse de la science » qui « aurait pu être connue depuis des siècles ou donnée par Dieu dans les Dix commandements » tant son histoire se perd dans la nuit des temps.

Quelle bouillie ! Question encapsulage de mouches, Latour en connaît un rayon… Il faut croire que Marie-Monique Robin ne comprend pas toujours ce qu’elle écrit ou recopie, car elle cite tout de suite après un certain Erik Millstone  qui lui explique que Latour a tout faux sur l’ADN :

La DJA est une boîte noire très différente de celles que Bruno Latour prend pour exemples. En effet, si la double hélice de l’ADN est une réalité scientifique établie sur laquelle se sont appuyés d’autres chercheurs pour faire progresser la connaissance, par exemple, sur le génome humain,  il est toujours possible, pour qui en a la capacité et le temps, de reconstituer les multiples étapes qui ont conduit Jim Watson et Francis Crick à faire cette découverte. Mais pour la DJA, il n’y a rien de semblable [...]

Marie-Monique Robin n’y a vu que du feu, obnubilée par le fait qu’il lui faut démonter la notion de DJA. Or l’individu, lui aussi docteur ès blabla comme son collègue Latour, en conteste la pertinence :

Mais pour la DJA, il n’y a rien de semblable, car elle est le résultat d’une décision arbitraire érigée en concept pseudo-scientifique pour couvrir les industriels et protéger les politiciens qui ont besoin de se cacher derrière des experts pour justifier leur action. La dose journalière acceptable est un artefact indispensable pour ceux qui ont décidé qu’on avait le droit d’utiliser des produits chimiques toxiques y compris dans le processus de la production agro-alimentaire.

Couvrir les industriels et protéger les politiciens, n’est-ce pas exactement ce que la gourde avait envie d’entendre ? Peu importe que tout le reste échappe à son entendement, ça doit être vrai, car Millstone est le gentil qui dénonce les méchants experts…

Malheureusement pour Robin, mais heureusement pour nous, c’est bien la dose qui fait le poison

Il y a certes une part d’arbitraire dans la fixation de toute norme, cela vaut autant pour la limitation de vitesse que pour la fixation d’une DJA.  Mais ça n’est absolument pas un paravent.  La plupart du temps, les normes reposent à la fois sur des données objectives et sur des critères d’acception sociale, qui eux sont très variables. On peut se demander par exemple pourquoi 50 km/h en ville, dans la mesure où cette vitesse est loin de garantir l’absence d’accident. On peut envisager de réduire cette limite de vitesse jusqu’au seuil où on ne dénombrerait plus d’accidents de la route, jusqu’à peut-être rendre à nouveau compétitif le voyage en roulotte. Reste à savoir qui serait prêt à défendre sincèrement ce type de mesures et toutes ses conséquences, car à l’évidence, le risque zéro pour les accidents de la route en supprimant l’automobile engendrerait bien d’autres risques, sans parler de ses conséquences sur l’inconfort de la vie quotidienne. Dans la même logique, la DJA qui sert à la règlementation des substances potentiellement toxiques doit être comme un compromis basé sur ce que la science permet de connaître, sur l’impossibilité scientifique de garantir un risque zéro sans interdire purement et simplement le produit  incriminé, et en tenant donc compte des services que rend ce produit et donc ce qu’il en coûte [9] de s’en passer.

La DJA résulte de deux choses :
- des observations issues de la recherche scientifique sur les effets des produits sur des animaux, dans des études qui doivent respecter une rigueur méthodologique dont les docteurs ès blabla gagneraient à s’’inspirer ;
- des marges de sécurité extrêmement élevées par rapport au seuil où des effets sont observés chez les animaux pour les transformer en « doses admissibles » pour l’homme.

Pour calculer la dose de référence aigue : « On prend la dose sans effet la plus basse démontrée dans l’espèce la plus sensible telle qu’elle a été calculée dans les études à court terme (c’est-à-dire allant de 24 heures à 28 jours : nos données sont donc largement exagérées dans le calcul de cette dose) et on la divise par un facteur de sécurité qui n’est jamais inférieur à 100. Ce facteur 100 correspond à un facteur 10 tenant compte de la variation inter espèce (extrapolation de l’animal à l’homme), multiplié par un facteur 10 pour tenir compte de la variation entre les individus humains. »

Pour la dose journalière admissible (DJA) qui peut être ingérée quotidiennement sans effet observable sur la santé : « Pour cela, on prend la dose sans effet dans les études à long terme et les études de reproduction : il s’agit de la dose la plus basse dans l’espèce la plus sensible  qui est divisée par un facteur de sécurité qui n’est jamais inférieur à 100. » [10]

Bien entendu, en dépit de ces critères très sécuritaires, de nouvelles études , notamment basée sur l’épidémiologie [11] peuvent amener à réviser ces doses.

Voilà les critères de sécurité pourtant drastiques dont Marie-Monique Robin ne veut pas entendre parler. Serait-ce que le facteur 100 de sécurité est insuffisant ? Elle n’a bien sûr aucune compétence pour en juger. Il lui faut donc nier purement et simplement la pertinence de dose journalière admissible.

Selon elle,  la dose ne fait pas le poison : « Nous verrons ultérieurement que le principe de la ‘dose fait le poison’, dogme intangible de l’évaluation toxicologique des poisons modernes ,  n’est pas valide pour de nombreuses  substances, dont celles qu’on appelle ‘les perturbateurs endocriniens’. »

Deux âneries en 3 lignes et demie, on est dans la moyenne robinienne. Le premier consiste à confondre consensus scientifique et dogme. « La dose fait le poison » n’a rien à voir avec un dogme, il s’agit même d’une proposition réfutable, quoi que très solide, et jusqu’à présent parfaitement reproduite par des millions d’expériences. Pour réfuter cette hypothèse, ou en tout cas son universalité, il suffirait de prouver qu’une seule substance ne respecte pas  de relation de dose à effet observable sur la santé . Que soit découverte une seule substance ayant des effets toxiques observables et quantifiables [12] dès la première molécule ingérée. Or aucune substance connue des biologistes ou des pharmacologues ne présente ces propriétés exotiquespas plus parmi les perturbateurs endocriniens que pour n’importe quelle substance. On peut d’ailleurs supposer que l’absence de telles substances soit une condition nécessaire à la vie, ne serait-ce que parce que le cycle de l’eau mettrait forcément les êtres vivants en contact avec des traces de ces poisons.

Marie-Monique Robin serait bien sûr incapable de fournir un seul exemple documenté de l’existence de telles substances, et elle confond les très faibles doses qui suffisent parfois à engendrer des effets chroniques [13] avec absence de dose.  Ce qui aboutit  à l’établissement des DJA encore plus faibles. La seule chose qui puisse se produire, c’est une surestimation de la DJA, qui nécessite alors sa révision, mais ça ne remet absolument pas en cause la notion de DJA.

Tout interdire, y compris de respirer ?

Marie-Monique Robin ne peut étayer sa thèse folklorique selon laquelle la dose ne fait pas le poison, mais ça ne l’empêche pas de prôner la tolérance zéro vis-à-vis de tous les produits de l’industrie chimique, forcément malfaisante. À part sans doute quand il s’agit de diffuser sur DVD ou sur papier ses drogues dures [14]. Surfant sur tout, mais surtout sur les misères individuelles, elle évoque le cas d’un agriculteur qui a découvert que des pesticides contienne une (faible) proportion de benzène : ce qui n’est pas étonnant, vu que la règlementation les autorise à hauteur de 0,1% [15]. Encore une information que Marie-Monique Robin, qui s’excuse auprès de ses fans de son « soucis exagéré de la précision » (sic) ignorait, à moins qu’elle ait « oublié » de le leur mentionner.

Il est pas possible de déterminer si l’agriculteur a réellement été victime du benzène à cause de la manipulation des pesticides. Ce qui est certain par contre, c’est que d’autres catégories professionnelles le sont bien davantage, en particulier les employés du secteur pétrolier. Qu’importe, il faut interdire le benzène selon Marie-Monique Robin, quelle que soit le niveau d’exposition. Elle invoque pour cela l’autorité d’un scientifique [16] , qui a publié des années 30 aux années 50 et décédé en 1972.

En 1948,  l’American Petroleum Institute – une organisation qui dépend des industriels du pétrole – commande une synthèse des ‘meilleures études disponibles  sur le développement de la leucémie résultant d’une exposition au benzène’ au professeur Philip Drinker de l’école de santé publique de Havard. Après avoir énuméré tous les maux irréversibles provoqués par une intoxication aiguë ou chronique au benzène, le scientifique conclut : ‘Dans la mesure où l’organisme ne développe aucune tolérance au benzène et que la susceptibilité varie énormément d’un individu à l’autre,  on considère généralement  que la seule dose d’exposition absolument sûre est zéro’.  En d’autres termes : le seul moyen de se protéger contre l’hydrocarbure c’est de l’interdire.

On notera avec amusement que le crédit qu’apporte Marie-Monique Robin à une conclusion ne dépend nullement de la valeur des arguments, mais uniquement de la conclusion elle-même. Les toxicologues qui divisent par 100 la dose en dessous de laquelle aucun effet toxique n’est observé ne peuvent être que les suppôts des empoisonneurs, quelqu’un qui prône l’interdiction du benzène est simplement un « scientifique », un « professeur ».

Mais admettons un instant l’idée qu’il faille purement et simplement adopter la « seule dose d’exposition absolument sûre, zéro ».  Encore faudrait-il que l’industrie puisse se passer du benzène dans tous ses produits et plus encore, surtout en extraire de la totalité dans les hydrocarbures. L’omnisciente Marie-Monique Robin peut toujours s’y atteler : après tout, puisqu’elle est bien plus experte en toxicologie que n’importe quel toxicologue reconnu, nul doute qu’elle peut aussi révolutionner la chimie (au moins la « désencapsuler » ?) en quelques mois de « recherche »… sur Google. Mais son défi ne s’arrête pas là. Car les causes non professionnelles d’exposition sont aussi nombreuses, à plus forte raison si on est dans une logique de risque zéro. En attendant que Marie-Monique Robin trouve, faut-il interdire de se doucher – nul ne doute, bien sûr qu’un recul en matière d’hygiène serait un grand progrès pour l’humanité – de se chauffer au bois, au risque pour Marie-Monique Robin de s’aliéner son fan-club bobo écolo [17] ? Faut-il interdire à Marie-Monique Robin de fumer, non pas pour elle, qui a le droit de disposer de sa santé, mais pour ceux qu’elle serait susceptible de contaminer ?

Les principales sources non professionnelles de benzène proviennent de la fumée de cigarette (40%), des activités personnelles tels que l’automobile (l’émission du benzène provenant de l’essence : les vapeurs peuvent contenir entre 1 et 5 % de benzène), la peinture, les colles, les produits de caoutchouc, les poêles à bois domestiques, les industries, l’eau utilisée pendant une douche.

Les fumeurs ont une quantité de benzène dans le sang 6 à 10 fois plus élevée que les non fumeurs.

La principale source de benzène est la fumée de cigarette. Les fumeurs sont exposés 10 fois plus au benzène que les non fumeurs. Les non fumeurs exposés à la fumée secondaire ont une augmentation d’exposition au benzène de 50 % par rapport aux non fumeurs non exposés à la fumée secondaire. La fumée secondaire contient plus de benzène (345 à 529 µg/cigarette) que la fumée principale (6 à 68 µg/cigarette). [17]

Folie « chimique », ou phobie du « chimique » ?

Lorsque MMR dénonce la folie chimique et les « 100.000 molécules chimiques qui ont envahi notre environnement depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale » [18], c’est tout simplement pour surfer sur les peurs irrationnelles et sur l’ignorance collective soigneusement cultivée par les marchands de peur. Les supposées 100.000 molécules issues de la chimie de synthèse ne représentent qu’une infime partie des molécules présentes dans la nature, dont on ne sait pas souvent pas grand-chose. Qu’on songe que l’ADN d’une simple bactérie code à lui seul plusieurs milliers de protéines. La peur du « chimique », comprenez la chimie de synthèse, ne repose en fait que sur la superstition New Age qui se résume à la double équation :

« Naturel » = bon
« Artificiel » (inventé par l’homme) = mauvais

Malheureusement, la nature n’a pas la bienveillance que lui prêtent les superstitieux, et force est de reconnaître que la vilaine chimie diabolisée par Marie-Monique Robin a apporté pas mal de solutions contre ses agressions permanentes,  qui expliquent en grande partie pourquoi nous vivons mieux, et en moyenne plus vieux et de plus en plus longtemps en bonne santé, n’en déplaise à Robin (cf. première partie).

Pourtant, les produits qui nous servent à nous protéger contre les agressions de la nature ne sont pas eux-mêmes sans danger, qu’il s’agisse de produits « naturels » devant lesquels se signent les adorateurs du bio, ou de produits de la chimie de synthèse. Et fort heureusement, on n’a pas attendu les « révélations » d’une journaleuse pour s’en préoccuper.

Puisque la mode est à l’hystérie anti-pesticide, concentrons-nous un moment sur ce problème. Une revue de la littérature scientifique [19] fournit une liste très longue d’études associant,  le risque de développer certaines maladies à l’exposition à certains pesticides.  Le premier enseignement à en tirer est qu’une production scientifique indépendante des lobbies est donc possible. Ensuite, fait beaucoup plus important lorsqu’on veut rétablir un minimum de rationalité,  est que la superstition « naturelliste » n’a pas à ce jour submergé la communauté scientifique. En l’absence de ces préjugés, des chercheurs peuvent mettre en lumière des effets toxiques aussi bien pour des produits naturels que pour des produits de synthèse. C’est le cas d’une étude récente parue dans Environnemental Health Perspectives [20] qui a mis à nouveau en évidence que deux pesticides sont associés (par des mécanismes biologiques différents) à la maladie de Parkinson chez les agriculteurs : l’un est le paraquat, herbicide de synthèse, l’autre est la roténone, insecticide issu de plantes. Le premier a été interdit en France en 2007. L’insecticide bio, dont la neurotoxicité est connue depuis longtemps, a été interdit dans l’UE en 2008 , mais a bénéficié d’une dérogation en France jusqu’en 2011, pour… l’agriculture biologique. Imaginez-vous Marie-Monique Robin hurler au scandale ? Lorsque j’ai mis le lien vers cette étude sur son blog, elle l’a censuré par deux fois, avant de se faire prendre par surprise. Personne, pourtant, ne serait assez idiot pour en conclure que c’est parce qu’elle est payée par les méchants capitalistes qui commercialisent ce poison.

Mais devinez qui , par contre, écrit ceci : « [Cet entretien] révèle les méthodes de désinformation, de manipulation et d’intoxication de l’opinion publique et des politiques utilisées par les fabricants de pesticides pour freiner toute réglementation de leurs produits.

C’est ce qu’on appelle « la fabrique du doute » (j’y reviendrai longuement) , un système développé par l’industrie du tabac pour cacher les méfaits de la cigarette, et repris ensuite par les industriels de la chimie. Nous sommes en présence d’un véritable système qui s’appuie sur des agences de communication, de pseudos ‘associations’ ou ‘groupes indépendants’ (comme, en France,  les sites Agriculture et environnement, Alerte environnement ou les imposteurs) qui sont grassement payés par l’industrie pour faire de la désinformation et fabriquer le doute, en salissant systématiquement la réputation de ceux qui osent questionner l’innocuité des produits, car, en général, ils sont incapables d’argumenter sereinement, tant il leur est impossible de défendre l’indéfendable ».

Bon, la devinette n’était pas trop compliquée.

Imposteurs , MéMèRe , pas « les imposteurs ». Comme le fait le remarquer Yann, cela peut être considéré comme de la diffamation. Je ne sais pas comment les autres sites « grassement payés par l’industrie » vont réagir . Vous démontrez une fois de plus que vous ne méritez pas votre carte de presse. Comment Arte peut-elle se compromettre avec vous ?

(À suivre)

Publié avec l’autorisation de l’auteur.

Notes :

[1] vidéo visible sur : http://robin.blog.arte.tv/page/2/
[2] que je n’ai pas identifié
[3] http://whqlibdoc.who.int/publications/1990/9241561394.pdf
[4] on ne se désintéresse pas pour autant du suicide et en particulier des suicides par ingestion de pesticides, lire notamment :
-Deaths from pesticide poisoning: a global response, The British Journal of Psychiatry (2006) 189: 201-203.
-Patterns and problems of deliberate selfpoisoning in the developing world,QJM: An International Journal of Medicine Volume93, Issue11 Pp. 715-731
[5] http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2004/pr24/fr/index.html
[6] http://www.sante.gouv.fr/les-intoxications-au-monoxyde-de-carbone.html
[7] phytosanitaires et pesticides sont synonymes, car agir pour la santé des plantes cultivées, c’est évidemment les protéger de tous les nuisibles. Mais dans la terminologie propagandiste de MMR and co, le premier terme est proscrit, car ce serait admettre au moins implicitement une certaine utilité.
[8] http://e-phy.agriculture.gouv.fr/
Se reporter au lien Produits phytosanitaires retirés
[9]  coût pas seulement financier , bien sûr, mais en termes de sécurité d’approvisionnement alimentaire et de qualité des produits, comme nous l’avons déjà mentionné dans la première partie.
[10] http://www.symposcience.fr/exl-doc/colloque/ART-00000774.pdf
[11] car bien sûr, aucune expérience in vivo n’est effectuée sur l’homme
[12] car on peut toujours spéculer à l’infini sur l’inobservable , ça n’intéresse aucunement les scientifiques chargés d’évaluer des produits sur la base de preuves.
http://personal.us.es/mlopezlazaro/2008.%20Mol%20Nutr%20Food%20Res.%20Curcumin.pdf
[13] c’est le cas de certains métaux lourds, pour lesquels des DJA de quelques microgrammes par jour et par kilogramme de poids corporel ont été établies.
[14] Si ça se trouve, ses imprimeurs utilisent déjà l’amidon issu de la pomme de terre génétiquement modifiée Amflora…Vile collaboratrice du complexe génético-industriel !
[15] http://www.inrs.fr/INRS-PUB/inrs01.nsf/inrs01_search_view_view/5F30BF77B0641B18C1256D55004F80C0/$FILE/print.html
[16] http://en.wikipedia.org/wiki/Philip_Drinker
[17] http://www.reptox.csst.qc.ca/Produit.asp?no_produit=2543
[18] d’où tient-elle d’ailleurs ce chiffre de 100.000 molécules chimiques, à part de Google (156.000 occurrences pour «100.000 molécules chimiques »)?
[19] utiliser de préférence Pubmed ou Google Scholar, plutôt que Google tout court, qui risque de vous diriger vers les dernières gourderies de Robin, mais il faut saisir sa requête en anglais
[20] http://ntn.org.au/wp-content/uploads/2011/02/ehp.1002839.pdf


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