Cinq questions à Julien Viel, par le blog de Neudorf

Le blog de Neudorf, qui raconte la "petite et la grande histoire" de notre "quartier passionnant", a contacté Julien Viel pour lui poser 5 questions clés pour l'élection à venir. Voici ses réponses, in extenso.

1 - On sait que le Conseil Général du Bas-Rhin a fortement augmenté l'imposition en 2010 pour assurer son équilibre financier et compenser la fin de la taxe professionnelle. De plus, l'Etat s'appui de plus en plus sur les départements pour déléguer des prestations qu'il ne compense pas toujours à l'Euro prêt et dont il ne lui donne pas la maîtrise financière.

Pensez-vous que le Conseil Général a les moyens financiers pour réaliser correctement ses missions ?

Ne nous leurrons pas, le Conseil Général n'a pas les moyens pour assurer ses missions !

La hausse de plusieurs dizaines de point (en pourcentage) de la taxe d'habitation décidée par l'ensemble du Conseil Général il y a quelques mois ne réglera rien ...

Pourquoi cette augmentation d'impôt ?

La réponse est simple : les dépenses de fonctionnement et de remboursement de la dette du département sont trop importantes. Cela résulte essentiellement d'une gestion mal maîtrisée depuis de nombreuses années. Deux exemples :
- Le Conseil Général se saisit trop souvent de «compétences universelles» sans coordonner son action avec les autres collectivités alsaciennes. On aboutit bien trop fréquemment à des dépenses doublons sans réelle efficacité, voire même à des actions contradictoires !
- Des investissements sont engagés sans vision ni précaution : le nouveau bâtiment des archives départementales construit pour plus de 37 millions d'euros est inutilisable depuis des années, rongés par les moisissures ! Pendant ce temps, pour chaque semaine qui passe, les frais de conservation se comptent en milliers d'euros !

Ces causes profondes ne seront surmontées - et les impôts ne baisseront pas - tant que la mutualisation des moyens ne sera pas mise en oeuvre dans le cadre d'une fusion des grandes collectivités alsaciennes.

En outre, malgré la vigilance qu'appelle cet état de fait, nos conseillers généraux font preuve d'un laxisme flagrant : 90 % des votes de l'opposition ont approuvé les propositions de l'UMP au Conseil Général sans aucun débat. La hausse de la taxe d'habitation a bien été votée sans discussion. La majorité départementale a inscrit cette mesure à l'ordre du jour en juin dernier. Elle a été approuvée par l'ensemble de l'opposition ! Cette dernière explique avoir voté ce texte car celui-ci était présenté comme une mesure « technique »... Est-ce bien sérieux ? Le texte a-t-il seulement été lu avant le vote ? Cette erreur - disons même cette faute - ne peut que nous alarmer tant on sait quel impact aura sur les plus précaires l'augmentation de la taxe d'habitation, impôt des plus injustes socialement.

Je ne veux pas recopier ici une note de synthèse. Cela ne servirait à rien... A l'étalage de chiffres, je préfère ces quelques remarques de bon sens.
L'équilibre financier n'est pas là et l'embellie financière liée à la reprise des transactions immobilières (taxe droits de mutation) ne permettra pas de rétablir une situation saine au niveau du budget.
Des dépenses de fonctionnement maîtrisées et une concentration sur les compétences propres du Conseil Général sont nécessaires. Seuls des choix cohérents réalisés dans le cadre d'une politique concertée et coordonnée entres les différentes collectivités alsacienne donneront à notre département les moyens de vraies ambitions.

2 - Le canton de Neudorf est l'un des plus importants de la ville. Un conseiller général d'obédience différente de la majorité municipale a-t-il les moyens d'agir spécifiquement à Neudorf, ou fait-il uniquement de la figuration politique ?

Le conseiller général sortant est un représentant qu'on dit incontournable dans la politique locale. C'est indiscutable ! Son emprise politique s'illustre par l'accumulation de mandats et fonctions qu'il exerce : conseiller général, adjoint au maire, adjoint de quartier, vice-président de la communauté urbaine, président de Cus Habitat, d'Habitation Moderne, membre de nombreux conseils d'administration... Il est pourtant l'un des premiers à défendre le non cumul des mandats !

Je ne crois pas que laisser tant de pouvoirs en une seule main ne soit sain pour notre démocratie locale.L'efficacité politique n'est pas incompatible avec le travail partagé au sein d'une équipe aux positions et expériences complémentaires.

Il ne s'agit pas forcément d'être issu d'une obédience différente de la majorité municipale, il faut avant tout avoir l'esprit critique sur le travail réalisé, et l'esprit d'équipe quelles que soient les personnes en place. Je veux dans cet esprit être une véritable force de proposition et un vrai relais des préoccupations des habitants.

Pourquoi le conseiller général d'un canton urbain devrait-il être aussi un élu municipal ? Il est si facile d'être d'accord avec soit même... Pourtant c'est dans le pluralisme, la confrontation des idées que naissent les meilleurs solutions.

Choisir un conseiller général indépendant des sphères d'influence de la municipalité assure enfin un meilleur contrôle des délégations que le Conseil Général donne à la ville. L'action sociale à Strasbourg, par exemple, est déléguée à la ville par le Conseil Général. Cumuler les deux fonctions revient par conséquent à ce que le budget soit auto-contrôlé. Peut-on seulement être juge et partie quand on sait que la solidarité représente plus de 41% des dépenses du Conseil Général? Ma réponse est non. Je veux une situation plus saine pour notre démocratie locale.

3 - Quel est votre point de vue sur le Conseil Unique d'Alsace, et plus généralement sur la réforme des collectivités locales.

L'ensemble des collectivités alsaciennes sont lourdement endettées et ne peuvent plus répondre aux besoins des alsaciens tant du point de vue du fonctionnement que de l'investissement. Pour faire face à cela, chaque pierre posée pour la constitution d'un conseil unique d'Alsace est une chance !

Malheureusement jusqu'à présent chacun défend son pré carré et continue ses petites affaires quitte à investir moyens et énergies en totale désharmonie. Dans ce tableau, le Conseil Unique d'Alsace ne deviendra qu'une strate supplémentaire dans l'empilement de collectivités et institutions que connaît notre pays.

Cela ne peut être la réponse de nos élus aux alsaciens. Je veux croire en la promesse de collectivités alsaciennes puissantes pour l'avenir et participer à leur réorganisation raisonnée et raisonnable !

Pour une gestion volontariste de notre région je souhaite la fusion des conseils généraux du Bas Rhin, du Haut Rhin et de la région Alsace. Là est la clé d'une fiscalité judicieusement décidée et utilisée et d'une réelle unité, efficace face au désengagement de l'Etat.

4 - Citez-nous deux points de votre programme qui concerne directement Neudorf.

Avec plus de 1,1 milliard d'euros, le budget du Conseil Général du Bas Rhin concerne Neudorf dans de très nombreux domaines et l'ensemble de notre programme s'y réfère. Pour répondre tout particulièrement à votre question, deux points me paraissent essentiels :

- Je veux être l'élu de proximité disponible qui manque à Neudorf : être le relais des préoccupations des habitants dans les soucis de la vie quotidienne tant en matière de sécurité, d'environnement, de transports ou encore d'aménagements.

- Je veux défendre les intérêts des neudorfois d'aujourd'hui et de demain face à l'urbanisation irréfléchie et soudaine du quartier ! Les projets en cours impliquent une augmentation de la population d'environ 11% en quelques années ! La construction de logements est une urgence mais elle doit être raisonnée. Où sont les services publics dont les besoins se feront sentir par l'arrivée d'un tel nombre de nouveaux habitants ? La poste de la Musau, par exemple, est déjà encombrée, notamment depuis la construction du quartier Rivétoile. Le collège Louise Weiss, qui lui fait déjà face à de nombreux problèmes d'infrastructures, n'a reçu - malgré les affirmations du conseiller général actuel - aucun investissement depuis des années ...

5 - En cas d'élection, dans quel groupe souhaitez-vous siéger et pour qui voterez vous comme président du Conseil Général ?

Les prochaines élections des 20 et 27 mars changeront, on ne peut que l'espérer, la donne au Conseil Général. Certains groupes politiques apparaîtront - je tenterai d'être un acteur moteur de cette construction - et d'autres disparaîtront. J'estimerai au regard de la recomposition qui aura eu lieu quel sera le groupe où mon projet politique pour Neudorf, le Bas-Rhin et l'Alsace pourra s'épanouir pleinement.