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Il faut tout arrêter, les mots et les cris, et l’ivresse de noircir les pages.
Brisé sous le rouleau d’un monde absurde, ne reste que silence pour accueillir le jour.
Et la tristesse de poser d’ultimes pensées sur les joues refroidies de l’aurore.
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Changer d’air et d’aire
Ne rien laisser de l’ennui qui envahit tout l’espace
Avec son cortège de fatigues et de petits bobos
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Regarder le monde courir vers son suicide
Se retenir de faire un geste
Le temps ayant prouvé la vanité de toute parole
*
Peu à peu, je glisserai vers le silence total
Mon mutisme durera ce que durent les vains espoirs
Une éternité
.
Car il est insupportable de suivre les pas de muse
De conter fleurette avec des amours volcaniques
Et de te voir
Toi
Immobile et à genoux
Implorer quelque menue piécette
Pour un famélique ordinaire
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Je ferai donc la grève des mots
Jusqu’à ce qu’enfin on retourne les bêtes arguments à leur propriétaire
Devant quelque salon d’une agriculture qui nous tue sans autre soupir
Il faut bien rendre à César
Même si celui-là ne lui arriverait pas à la cheville
Ce qui lui appartient
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Et tant que dure telle monstruosité
Il n’est plus assez de mots pour encore en parler
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Mon refuge est tout de patience tissé
Me voilà enclin au point final
Courant
Muet
Après mes derniers rêves
*
Le poème se mure devant l’édifice chancelant
La nausée au cœur il tourne les talons
Fuyant devant la machination infernale
Qui tarit les esprits et enferme les corps
.
Nulle place pour une pensée libre
Pour une parole à la hauteur de ces pensées
En un pays contraint
Voici mon poing
Final et rageur :
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Manosque, 18 février 2011
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