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La fille qui se demandait si la culpabilisation à outrance est vraiment une arme de persuasion massive

Par La Chose

La fille qui se demandait si la culpabilisation à outrance est vraiment une arme de persuasion massive

Aujourd’hui, ma courge, j’ai un peu envie de te parler de la culpabilité.

Attention, pas celle qui peut t’asticoter le creux des reins quand tu finis le papier toilette et que tu te rends compte qu’il n’y a plus de rouleau de rechange, ou quand tu viens de t’enfiler le dernier Pitch-oh-mon-Pitch de ton môme une demi-seconde avant qu’il (ton môme, pas le Pitch, sauf si tu as pris de la drogue) ne te demande innocemment de lui donner son goûter.
Non, aujourd’hui j’ai envie de causer du genre de culpabilité  qui maximise tes chances d’avoir le Playmobil hyper-difficile à construire tellement y’a de pièces dedans (mais ça c’est parce que chez Playmobil, ils aiment bien débaucher les pervers sexuels qui travaillent chez Lego en leur offrant de meilleurs salaires et encore plus d’occasions de concevoir des jouets absolument impossibles à monter si tu n’es pas sous champignons hallucinogènes, comme le chapiteau du cirque géant par exemple).
Ca s’appelle la culpabilisation.
En clair: planter un couteau émoussé dans un endroit que tu estimes suffisamment vulnérable, retourner le couteau lentement et méticuleusement et attendre la reddition sans condition de (au choix): ta mère, ton conjoint, ta conjointe, ton meilleur ami, le cousin Gilbert ou tante Rachel. Reddition immédiatement suivie (au choix):
- de l’acquisition du Cirque Playmobil avec chapiteau géant et notice en swahili
- de l’abandon par ton conjoint de l’idée de passer les prochaines vacances à crapahuter au Chiapas avec sa bite, son couteau et quinze boîtes d’Imodium
- de la renonciation au prénom « Matteo », « Malo » ou « Enzo » pour le petit dernier de ta BFF
- de l’acceptation (voire du soudain plebiscite) de ta proposition concernant l’achat compulsif et parfaitement inutile d’un objet technologique hors de prix orné d’un trognon de pomme

A ce petit jeu-là, je peux te dire, ma dinde adorée, que j’ai toujours été très forte (Cf. le cirque Playmobil, l’une de mes premières grandes victoires à l’usure).
Avec Loutre, néanmoins,  je dois avouer que c’est un peu plus compliqué. Chaque fois que j’essaye d’appuyer sur le bouton culpabilisation, ça foire lamentablement.

- Loutre?
- Mmmmmm?
- Je me sens pas très bien ce matin, amour. Je sais pas, grosse migraine, nausée, limite je vois des taches blanches qui se déplacent sous mes globes oculaires…
- Ah ben zut alors, ça c’est embêtant.
- N’est-ce pas?
- Oui. Bien tenté, remarque. Mais je dirais que la migraine et la nausée sont provoquées par les deux litres de chouchen  que tu t’es enfilés hier soir avec ce blaireau de Francis pendant que vous regardiez La pieuvre géante et nymphomane venue de Jupiter, et que les taches blanches sont sûrement les reliquats des soixante-mille zombies colorés que tu as passé la nuit à abattre sur ta console de jeu à la con. Conséquemment, tu vas sortir de sous la couette, lever ton cul et aller promener le chien malgré tout, vu que c’est ton tour.

Voilà, et c’est comme ça tout le temps. Soit la Nature a zappé la case « compassion » chez Loutre, soit on est confronté à quelque chose d’entièrement nouveau qui tient presque de la mutation génétique.

- Loutre?
- Mmmmmm?
- J’irais bien faire un tour en ville, histoire de prendre l’air.
- Bonne idée. Vas-y.
- Oui mais bon…toute seule, c’est moins fun, quoi… Et puis avec ces histoires de radioactivité en Asie, va savoir…
- T’as raison. Il ne manquerait plus qu’un avion libyen vienne à passer juste au-dessus du centre de Ploucville pour larguer (va savoir?) des bombes chimiques. Le danger est partout, de nos jours. Cependant, et même si je te jure que ça me déchire les entrailles de te dire ça, non, je ne sortirai pas la bagnole pour te déposer, et oui, tu vas prendre le bus. Et si tu pouvais arrêter de me prendre pour une poire, voire pour une lectrice de ton blog foireux, tu aurais ma reconnaissance éternelle. Allez, bonne balade, mon coeur.

Hier, en rentrant du boulot, Loutre a déposé un paquet sur la table du salon avant de se barrer en ricanant.
C’était un chouette tee-shirt commandé sur internet, le genre de truc que tu peux personnaliser avec des photos de famille ou des images Clipart à vomir.
Au début ça m’a fait plaisir parce que j’aime bien recevoir des cadeaux.
Mais après, j’ai été prise d’un gros doute, et là je sais plus trop quoi en penser, en fait.

La fille qui se demandait si la culpabilisation à outrance est vraiment une arme de persuasion massive

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Filed under: A propos de la vie de famille, qui donne des ulcères et provoque de l'eczéma

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