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Le vert au service de la croissance et de la précarité dans le monde

Publié le 18 mars 2011 par Sequovia

Economie verteComment 2 % du PIB mondial peuvent à la fois enclencher la marche vers une croissance plus verte et plus intelligente et lutter contre la pauvreté ? Le nouveau rapport du PNUE propose d’engager les politiques publiques et les investissements sur la voie du développement durable dans la perspective de Rio+20. Il préconise un investissement à hauteur de 2 % du PIB mondial dans dix secteurs clés afin de mettre en œuvre la transition vers une économie verte caractérisée par de faibles émissions de carbone et l’utilisation efficace des ressources. Selon le rapport, une économie verte est pertinente non seulement pour les économies plus développées mais elle constitue également un catalyseur essentiel de croissance et d’éradication de la pauvreté dans les pays en développement, où près de 90 % du PIB généré par les populations pauvres dépendent de la nature ou du capital naturel tel que les forêts et l’eau douce.

  • Croître et protéger notre planète

Soutenu par des politiques nationales et internationales soucieuses de l’avenir, l’investissement que préconise le rapport du PNUE, soit environ 1,3 mille milliards de dollars par an en moyenne, permettrait à l’économie mondiale de connaître un taux de croissance à peu près égal, si ce n’est supérieur, aux prédictions des modèles économiques en vigueur. À titre de comparaison, cette somme représente moins d’un dixième de l’investissement total annuel dans le capital physique.

Mais l’avantage de cet investissement et qu’il n’aura aucun impact sur l’aggravation des risques, des chocs, des pénuries et des crises de plus en plus inhérents à l’économie « brune » existante, responsable de l’épuisement des ressources et du niveau élevé des émissions de carbone. Ces conclusions remettent totalement en cause le mythe de l’arbitrage entre investissements environnementaux et croissance économique et pointent du doigt la « mauvaise allocation flagrante des capitaux » actuelle.
A l’heure actuelle, entre 1 et 2 % du PIB mondial sont consacrés à diverses subventions qui perpétuent souvent l’utilisation non durable des ressources dans des domaines tels que les combustibles fossiles, l’agriculture (y compris les subventions aux pesticides), l’eau et la pêche. Un grand nombre d’entre elles participent à la dégradation de l’environnement et à l’inefficacité de l’économie mondiale. Leur réduction ou leur disparition progressive présenterait de multiples avantages et libérerait des ressources pour financer la transition vers une économie verte.

  • Avec « peu » on peut enclencher la croissance verte

Par rapport au maintien du statu quo, outre une élévation du taux de croissance, la transition globale vers une économie verte dégagerait des revenus par habitant supérieurs à ceux des modèles économiques actuels et réduirait l’empreinte écologique de près de 50 % en 2050. Le rapport sur l’économie verte reconnaît que la marche vers le développement durable passerait inévitablement par des pertes d’emploi dans certains secteurs, tels que la pêche. Pour assurer une transition équitable et socialement acceptable, il faudra investir, parfois par réallocation des sommes récupérées de la baisse des subventions néfastes, dans la formation et l’acquisition de nouvelles connaissances pour certains pans de la main d’oeuvre mondiale.
Le rapport démontre qu’au fil du temps le nombre « d’emplois nouveaux et décents créés » dans des secteurs allant des énergies renouvelables à une agriculture plus durable compensera cependant les pertes de ceux générés par l’ancienne « économie brune ». Il affirme, par exemple, qu’investir environ 1,25 % du PIB mondial par an dans l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables diminuerait la demande mondiale d’énergie primaire de 9 % en 2020 et de près de 40 % en 2050.

Le niveau d’emploi du secteur de l’énergie serait supérieur d’un cinquième à celui du scénario de maintien du statu quo car les énergies renouvelables représenteraient près de 30 % de la demande mondiale d’énergie primaire d’ici le milieu du siècle. Dans un scénario d’économie verte, les économies de capitaux et de coûts de combustible pour la production d’électricité s’élèveraient à 760 milliards de dollars par an en moyenne entre 2010 et 2050.

Pour un développement durable et une éradication de la pauvreté met également en avant les possibilités considérables que présenterait le découplage de la production de déchets de la croissance du PIB, y compris en termes de récupération et de recyclage.
- La politique de responsabilité élargie des producteurs de la République de Corée a réglementé les produits du type batteries/piles, pneus et emballages (verre et papier) et engendré une augmentation de 14 % des taux de recyclage et un bénéfice économique de 1,6 milliard de dollars.
- Au Brésil, le recyclage génère déjà un gain de 2 milliards de dollars par an tout en évitant l’émission de 10 millions de tonnes de gaz à effet de serre. Une économie pratiquant le recyclage intégral dans ce pays dégagerait un bénéfice équivalent à 0,3 % du PIB.

Produit par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) en collaboration avec des économistes et des experts du monde entier, le rapport considère que la réalisation et la pérennisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (depuis la réduction de moitié du nombre de personnes souffrant de la faim jusqu’à la réduction de moitié des populations privées d’accès à de l’eau potable salubre) constituent un seul et même but. Abaisser les émissions de gaz à effet de serre à des niveaux beaucoup moins dangereux de 450 parties par million en 2050 est un autre objectif global.

  • Un rapport pour RIO 2012 et plus

Le contenu de ce rapport est extrait d’une étude macroéconomique plus large publiée en ligne. Il vise à accélérer le développement durable et fait partie de la contribution du PNUE à la préparation de la conférence Rio+20 qui aura lieu au Brésil l’année prochaine.

Les pays sont également invités à fournir d’autres exemples d’économie verte. Dans les mois à venir, l’équipe en charge de l’Économie verte au PNUE prévoit de présenter le rapport dans plusieurs capitales à travers le monde. Elle profitera également de cette occasion pour explorer comment aider au mieux les pays et les communautés à engager la transition vers une économie verte dans leur contexte national.

M. Achim Steiner, sous-secrétaire général de l’ONU et directeur exécutif du PNUE, a déclaré :
« Les nations ont repris le chemin de Rio, mais dans un monde très différent de celui de 1992 ». « L’épuisement rapide des ressources naturelles et l’accélération du changement environnemental, depuis la perte des récifs coralliens et des forêts jusqu’à la pénurie croissante de terres productives, la nécessité urgente de nourrir les populations et d’alimenter les économies nationales en combustibles et en carburant et les impacts probables d’un changement climatique non maîtrisé constituent la toile de fond de Rio 2012 », a-t-il ajouté. « L’économie verte présentée et illustrée dans le rapport du PNUE se veut une évaluation ciblée et pragmatique des premiers pas des pays, des communautés et des entreprises vers un schéma plus durable de consommation et de production. Ancré dans les principes de développement durable convenus à Rio en 1992, ce document reconnaît que les signaux fondamentaux qui pilotent nos économies doivent évoluer en termes de politiques publiques et de réponses des marchés », a-t-il poursuivi.

« Nous devons dépasser les polarités du passé telles que les oppositions développement/environnement, État/marché ou Nord/Sud », a affirmé M. Steiner. « 2,5 milliards de personnes vivent avec moins de 2 dollars par jour et en 2050 la population mondiale comptera plus de deux milliards de personnes supplémentaires : il est donc clair que nos économies doivent continuer à croître et à se développer. Mais ce développement ne peut pas se faire aux dépens des systèmes dont dépend la vie sur terre, dans les océans ou dans l’atmosphère et qui permettent à nos économies d’exister et donc à chacun d’entre nous », a-t-il ajouté. « Comment conserver l’empreinte écologique de l’humanité dans des limites supportables par la planète ? L’économie verte constitue un volet essentiel de la réponse. Son but est d’établir un lien entre impératifs environnementaux pour changer le cours des résultats économiques et sociaux, particulièrement en termes de développement économique, d’emploi et d’équité », a souligné M. Steiner.


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