Jeudi, c’est le budget du Québec. Cet événement annuel où vous apprenez quelles nouvelles taxes vous allez payer, quels nouveaux frais vous allez payer, quelles nouvelles cotisations que vous allez payer. Où on vous explique pourquoi c’est absolument im-pos-si-ble de réduire les dépenses du gouvernement. (Paraît que notre gouvernement est comme le corps de Jean Pascal : que du muscle. Aucun gras à couper.)
Concrètement, qu’est-ce qui va monter cette année ? Dans la catégorie « assuré » : taxe d’une cent de plus sur l’essence, hausse de 1% de TVQ, hausse de la contribution santé de $25 à $100. Probablement une hausse des frais de scolarité. Et l’an prochain, hausse de votre facture d’Hydro.
Dans la catégorie « taxe à payer très bientôt » : le Régime d’assurance parentale, le Régime des rentes et les garderies à $7 sont tous en déficit. Attendez-vous à voir vos cotisations augmenter bientôt sur votre chèque de paye, ou à la garderie du coin.
Les promesses
Le ministre des Finances nous a fait de belles promesses lors du dernier budget. Le gouvernement fera 62% de l’effort du retour à l’équilibre budgétaire, disait-il. Va-t-il nous annoncer jeudi qu’il a réussi ?
En juillet dernier, mon collègue Mathieu Turbide faisait la démonstration que l’effort du gouvernement n’était pas de 62%, comme il le prétend. Mais plutôt quelque chose qui ressemble à 50% – 50% entre l’État et les contribuables.
Surtout, il rappelait avec justesse que cet « effort » du gouvernement ne représente pas des compressions budgétaires. Plutôt un « ralentissement de la croissance des dépenses ». En d’autres mots : le gouvernement va dépenser encore plus chaque année, mais à un rythme inférieur à ce qu’il faisait les années auparavant.
Si au moins c’était vrai. En octobre, les documents gouvernementaux nous apprenaient que les dépenses de programmes du gouvernement ont augmenté non pas de 2,9%, comme il avait prévu, mais de 3,4%.
Ce n’est pas fini. En janvier, le Vérificateur général nous apprenait que 67 organismes et 34 fonds spéciaux du gouvernement — comme la Société d’assurance-automobile du Québec ou Héma-Québec, par exemple — continuent de dépenser sans contrôle. À un rythme deux fois plus élevé que les autres dépenses du gouvernement.
1 $ de plus = 1 $ de moins
Le ministre Bachand va quand même pouvoir se réjouir jeudi. La croissance économique a été plus forte que prévu. Les gouvernements du monde entier ont endetté les générations futures pour acheter quelques points de PIB. Les gens ont dépensé beaucoup, et payé beaucoup de taxes et d’impôts. Ça veut dire plus de revenus que prévu pour le gouvernement.
Mais ça ne durera pas. Et si on veut éviter de payer de nouvelles taxes à chaque budget pour le reste de notre vie, un jour ou l’autre il faudra établir une règle simple : si on met $1 de plus dans un programme existant ou un nouveau programme, il faut mettre $1 de moins ailleurs. Nous n’avons plus le choix : il faut commencer à faire des choix.
En attendant, j’ai hâte à jeudi. Pour écouter le ministre nous expliquer comment il a fait deux fois plus d’efforts que nous, contribuables. Permettez-moi d’en douter.