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Securitas, c’est tellement moins fatigant

Publié le 30 janvier 2008 par Kalvin Whiteoak

securitas.jpgOn sait qu'en Suisse et dans les pays civilisés avoisinants, les pouvoirs publics et surtout les hommes politiques font de magnifiques discours pour ériger en dogme le fait que la puissance publique ne saurait être exercée que par ceux qui sont formés pour ce faire, et qui par ailleurs ont reçu une instruction particulière à cet effet et obéissent à une hiérarchie organisée. Bon, pourquoi pas, on peut discuter de ceci à perte de vue, mais enfin là n'est pas l'objet de ce billet.

A Genève, on sait que nos chers (à tous points de vue) flics ont des heures supplémentaires en réserve qui les empêchent quasiment de dormir tranquilles tellement ils se font du souci pour les prendre. Faut dire que l'heure supplémentaire au sens du flic du bout du lac couvre une acception assez large. C'est ainsi que devant une pénurie d'agents (en congé, en burnout, en coming-in ou encore en formation continue ) les politiques n'ont rien trouvé de mieux que de déléguer de pures tâches de police à des sociétés privées dont les rambos et rambettes n'ont généralement ni le casier judiciaire ni les capacités requises pour les exercer, sans parler de l'état d'esprit dans lequel ce genre de tâche est effectué.

Imaginez que vous devez faire transiter un détenu de Champ-Dollon dans un pénitencier en Valais près de Sierre, par exemple.

Et bien voici comment se passe le voyage dans les faits, pour lesquels ouvertures. info a recueilli un témoignage exclusif et vérifié.

Les agents manutentionnaires de détenus officiels genevois prennent l'intéressé en charge de la prison jusqu'à la Gare de Genève, non sans quelque halte pas très affriolante dans les cachots du Palais de Justice pour laisser à ces messieurs le temps raisonnable de boire le café. Puis l'intéressé est remis aux mains d'une rambette ou d'un rambo de Securitas qui exerce ses talents dans un wagon-cachot spécial qui amènera l'intéressé (de moins en moins) jusqu'en Valais ? mais non, voyons, ce serait trop simple, qui aménera l'intéressé jusqu'à Lausanne seulement où menotté il traversera la gare avec plaisir sous l'œil purement passif d'un gendarme vaudois. Puis il est alors introduit dans une camionnette blanche sans fenêtre, sans air et sans confort minimal, dans une sorte de cagibi borgne de 1 m2 au plus, appartenant à Securitas, et qui l'amènera à la Prison des Iles à Sion. Une bonne heure de calvaire routier durant lequel il fera connaissance avec la mise en pratique de la norme antiraciste par les rambettes et rambos au devant du véhicule. Déposé ainsi dans un autre cachot pour quelques heures, des gendarmes valaisans finiront alors le travail, eux de façon normale et disons-le assez sympathique même, compte tenu de la circonstance. Les gendarmes amèneront alors l'intéressé à sa destination finale près de Sierre.

Ainsi donc, de Genève à Sion, la puissance publique est exercée par des gamins et gamines sans aucune formation autre que celle qui consiste à avoir généralement raté l'école de police, ce qui en dit long sur leurs capacités, et tout ceci pour de basses histoires de fric.

Cette délégation de la puissance publique par les cantons à des sociétés privées est inadmissible et ne respecte pas les plus élémentaires garanties légales et constitutionnelles. Elle doit être dénoncée. En outre, quid en cas d'incident, voire d'accident grave ? on n'ose même pas y penser.


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