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L'Orissa met l'oppression hors la loi

Publié le 20 mars 2011 par Bijoliane
Bénarès, après la folie de ce matin où tout le monde se mettait des couleurs de partout et où je suis restée sagement avec beaucoup d'autres femmes dans mon petit hôtel au bord du Gange, regardant du balcon les faces hilares et peinturlurées, je reprends le train de nuit pour partir un peu plus à l'Est, dans le Jharkhand, pour rendre visite à quelques villages tribaux en compagnie d'une amie, Michèle, psychothérapeute, d'un travailleur social, Birendra (qui est venu en France en juin-juillet dernier, voir le blog) et d'Olivier, journaliste (qui a écrit l'histoire d'Inam le petit tailleur de Mussoorie dans le dernier numéro de la revue XXI, en vente dans toutes les librairies jusqu'à fin mars).
Je viens de lire dans le Times of India un article édifiant concernant l'Orissa, un état situé au sud du Jharkand et comportant aussi de nombreux peuples tribaux et de basses castes.
En 2002, un instituteur de haute caste, Baghambar, de la région de Brahmagiri en Orissa commença une bataille longue et solitaire pour mettre fin au "bartan system" une sorte d'esclavage typique dans cette région. Ce système permet aux hautes castes d'employer des personnes de basses castes pour n'importe quel petit travail non qualifié en échange de 15 kg de riz par an. Quand on sait qu'une famille indienne moyenne a besoin de 2 kg de riz par jour pour vivre, cela signifie que ces gens travaillent -même pas pour des prunes- 51 semaines dans l'année. Et l'environnement social est tellement rigide qu'un boycott social très fort se fait en cas de révolte contre ce système. (C'est ce qu'on appelle l'oppression intériorisée). Par exemple, Braja, 65 ans, veut arrêter de travailler sous ce système. Le village entier se ligua contre lui et il a eté en punition, obligé de servir les 200 familles de hautes castes du village. Dans un village voisin, Aparti, 50 ans, arrête ce travail de bartan qu'il devait faire avec le chef du village. On lui a interdit d'emprunter la route du village et on l'a menacé d'une amende de 5000 roupies s'il parlait à un autre villageois. Quand Babula refusa de laver les pieds des invités à un mariage de haute caste, il fut purement et simplement rejeté du village.
Seule la courageuse et tenace opposition de cet instituteur pendant dix ans a permis l'interdiction de cette servitude injuste le mois dernier. La lutte a été d'autant plus difficile que l'état d'Orissa refusait d'admettre le statut "d'esclave" car ces gens vivaient dans leur propre maison et étaient libres de leurs mouvements. D'autre part, cette pratique était ancienne et profondément ancrée dans la mentalité de la population. Mais l'instituteur obtint l'aide précieuse du NHRC (National Human Rights Commission) en 2008 et arriva à montrer que ces servitudes obligatoires devaient être définitivement bannies (plus de mille dossiers déposés en 2008).
Bravo pour son courage, sa ténacité et sa lutte pour libérer ses concitoyens. Egalité est un mot, qui en Inde, n'a pas encore de sens pour beaucoup.
Pour la suite des aventures, pas sûr de trouver un ordinateur...

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