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Hiroshima - 6 août 1945

Publié le 20 mars 2011 par Goure

J’avais 10 ans lors de la première bombe atomique sur Hiroshima. J’ai eu le temps par la suite d’apprendre ce qui s’était passé et les conséquences pour les survivants.
Mais les jeunes,  en savent-ils assez ? Ci-dessous un article emprunté au journal Le Monde (P Mesmer) qui fait le lien entre Hiroshima et Fukushima

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“Il y a 23 964 jours, une bombe atomique ravageait la ville d’Hiroshima. A l’entrée du Mémorial de la paix, un chronographe égrène ce décompte. Peut-être un jour, un autre chronographe affichera-t-il le temps écoulé depuis la catastrophe qui frappe le nord-est du Japon : une tragédie humanitaire en passe de devenir nucléaire.

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A Hiroshima, où le souvenir de l’attaque de 1945 affleure partout et d’où partent régulièrement de vibrants appels en faveur de l’abandon des armes atomiques, les questions du nucléaire, des radiations et des effets secondaires sont bien connues. Notamment par les premiers concernés, ceux qui en ont souffert dans leur chair : les hibakusha, les victimes survivantes des attaques atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, qui ont fait 240 000 morts au moment de l’explosion et des dizaines de milliers d’autres dans les années qui ont suivi.

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Pour les 239 225 hibakusha encore de ce monde, l’enchaînement des événements à la centrale de Fukushima et l’extension progressive des zones de retombées radioactives rappellent ce matin d’été ensoleillé, chaud et humide, déchiré par l’éclair d’une explosion d’une violence inouïe, suivie pour certains d’une perte de conscience avant un réveil dans un paysage de cendres, traversé par des survivants hagards, brûlés au dernier degré, la peau en lambeaux, torturés par la soif. Ils se souviennent aussi des jours de pluie noircie par les cendres contaminées, des années à souffrir dans les hôpitaux où les médecins pronostiquaient une mort prochaine. Soixante-cinq ans plus tard, ils n’ont rien oublié

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Ces cauchemars ravivés suscitent un sentiment mitigé de colère, d’inquiétude et de désespoir chez eux, qui sont souvent de fervents militants de la cause antinucléaire. ” Ce qui se passe à Fukushima est effrayant, juge Haruko Moritaki, qui préside une association d’hibakusha. Nous, nous connaissons l’impact des radiations sur les corps et l’environnement. Je m’inquiète pour les gens de la région, victimes des tremblements de terre, d’un tsunami et maintenant d’une exposition aux radiations. “

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Une crainte partagée par Hisako Kimura, hibakusha de 73 ans, résidente de Sendai, au coeur de la zone ravagée par le séisme et qui a confié au Chugoku Shimbun, quotidien de la région d’Hiroshima : ” Le pire est à craindre pour les habitants de la région. Le problème est que peu de gens peuvent comprendre, car ils ne connaissent pas les dommages causés à la santé par les radiations. “

La situation suscite également des réactions de colère, comme celle de Kohta Kiya, qui avait 3 ans au moment de l’attaque atomique de 1945, et qui est aujourd’hui le secrétaire général de la Confédération préfectorale des survivants de la bombe A. ” Le gouvernement a fait preuve d’inconscience. Je ne comprends pas comment on peut construire des centrales nucléaires sur un territoire aussi sujet aux séismes. “ Lui craint de voir la région de Fukushima devenir comme les alentours de la centrale de Tchernobyl, en Ukraine, qui reste une ” zone morte avec au centre des matériaux toujours actifs, vingt-cinq ans après “.

Pour les hibakusha, la tragédie de Fukushima ne doit cependant pas être inutile. Déjà mobilisés pour apporter une aide financière aux victimes, ils envisagent de discuter d’une assistance psychologique aux personnes irradiées.
Plus généralement, ils appellent à la tenue d’un vrai débat sur l’avenir du nucléaire au Japon. Des mouvements retardent parfois la concrétisation de projets, comme dans la région de Namie Okada, dans le nord du pays, où l’activisme de la population locale a permis de repousser plus de vingt fois un projet de centrale. Mais cela ne remet jamais en cause le principe d’une filière nucléaire, que les autorités justifient par la nécessité de pallier le manque de matières premières dans l’Archipel et la réduction des émissions de gaz à effet de serre.  […]

” Une réflexion est essentielle, estime Haruko Moritaki, car il y a de graves problèmes tout au long du cycle nucléaire […]” . ” Pour moi, l’homme ne peut dépendre du nucléaire. Il est aujourd’hui essentiel de repenser nos modes de vie et de renforcer l’usage des énergies renouvelables. “ Pour elle, le seul mot d’ordre valable est désormais : ” Non au nucléaire ! “ Si le débat a finalement lieu, elle saura quelle position défendre.”

Philippe Mesmer. Le Monde 15 mars 2011

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