Et si les histoires d'esprits...

Le printemps est étourdi : il s'est trompé de date et est arrivé un peu trop tôt cette année. Je ne me serais pas plaint si ce n'était que cela. Le vrai problème, c'est qu'il s'est rendu compte de son erreur il y a deux jours et a décidé de faire demi-tour en nous reprenant le soleil et dix degrés.
Il fait froid. Trop froid pour profiter de l'extérieur.
Dans la maison, la cheminée crépite. C'est un joli son.
Il y a aussi le glouglou du poêle à pétrole. Moins agréable. Il me rappelle le bruit de mon estomac quand il crie famine...
Je m'amuse avec mon appareil photo. Toute les pièces sont photographiées.
Il paraît que les maisons ont une âme ou du moins, émettent des énergies qui leur sont propres, en fonction de leur histoire.
Peut-être qu'en photographiant la maison, j'ai voulu capter ces ondes ?
Avant d'être chez moi, la maison fut, à ma connaissance, discothèque, bar, puis épicerie. Elle a donc été pendant longtemps un lieu de rendez-vous, de convivialité et de ravitaillement. Les énergies devraient être plutôt positives...
Plus tard, quand je ne serai plus, je laisserai à mon tour une trace à cette maison que j'ai voulu printanière.
J'y ai mis des fleurs, beaucoup de fleurs : artificielles mais non moins séduisantes. J'y ai mis des couleurs très accueillantes : jaune orangé, bleu pimpant, lavande enchanteresse. Et j'y ai mis de l'espoir parce qu'un printemps sans espoir, c'est comme une vie sans amour : triste.
La nuit dernière, alors que je dormais, j'ai senti à deux reprises quelqu'un tirer sur mon oreiller...
Et si les histoires d'esprits, ça n'était pas que des histoires... ?