...Et si cher à tes yeux.

Chère Nelly,
Le ciel est monochrome. Gris neigeux pour être plus précis.
Les arbres nus, plongés dans la brume poudreuse, ressemblent à une peinture à l'encre de Chine.
Sur l'immense papier de riz, je me vois : contemplatif, apaisé.
C'est un tableau dépouillé, presque vide. Mais entièrement plein, empli de beauté, de douce mélancolie, d'émotions. De la vacuité naît souvent l'essentiel; de la simplicité, la somptuosité.
Si j'avais pu, j'aurais ajouté à l'ensemble quelques fleurs de pruniers, juste quelques petites tâches colorés pour une touche un peu plus enluminée.
J'aurais peint ces quelques fleurs printaniers en pensant aux victimes du séisme qui a frappé la semaine dernière le pays du soleil levant. Triste Japon endeuillé et si cher à tes yeux.
Hier, Jeannine m'a dit qu'elle était désolée pour moi pour ce qu'il s'était passé là-bas. Je n'ai pas voulu la contrarier. Je lui ai souri. Je me suis demandé : combien de français pensent que la Chine et le Japon, c'était la même chose ?
Peu importe.
Dans quelques jours, je reviens sur Paris, à une vie plus intense, plus active, plus emplie mais ô combien... plus vide.