Récemment, un article dans le magazine Fortune expliquait la chose suivante:
Supposons que vous achetiez une entreprise qui réalise 100 euros de chiffre d’affaires et 50% de marge. Vous la payez deux fois le chiffre d’affaires soit 200 euros. Il vous faudra tout de même quatre ans pour rentrer dans vos frais si les revenus restent stables.
Imaginez maintenant que vous achetiez cette même entreprise pour 25 fois son CA, il vous faudra donc 50 ans pour rentrer dans vos frais si les revenus restent stables. Bien sûr, vous allez me dire que si cette entreprise est une « startup », les revenus ne resteront pas stables. Ok, alors prenons 50% de croissance par an, c’est bien pour une startup non? Pas assez? Prenons 100% de croissance et toujours 50% de marge par an alors et il vous faudra quand même 6 ans pour rentrer dans vos frais!
Qu’est ce qui vous pousserait à investir dans cette entreprise à ce prix là ? L’hypothèse la plus plausible est que vous comptiez revendre cette entreprise encore plus chère à un autre investisseur fou persuadé que la valorisation ne cessera pas d’augmenter… Si vous êtes le dernier « fou » de la chaîne, c’est la faillite assurée.
Ce cas de figure n’est pas inventé de toute pièce, c’est l’exemple de Facebook qui vaut aujourd’hui 25 fois son chiffre d’affaires. Et ce n’est pas un cas isolé: Linkedin réalise 240 millions de dollars de chiffre d’affaires pour une valorisation de 3 milliards (x12,5) , Twitter devrait réaliser 100 millions de dollars en 2011 pour une valorisation à 8 milliards (x80). Vous voyez la bulle arriver? Les entrées en bourse des principaux acteurs du web aujourd’hui (Facebook, Twitter, Zynga, Groupon) ne devraient pas tarder, ce qui implique une liquidité importante et peut être l’étincelle qui manque aujourd’hui pour amorcer la bombe. Quand on connaît l’histoire d’internet, il apparaît évident que tout peut bouger très vite… Un jour même Facebook, Twitter et Groupon seront remplacés.D’autres facteurs sont inquiétants:
- les valorisations incroyables de certaines jeunes startups américaines laissent rêveur (Hotpotato et Beluga racheté environ 10 millions de dollars par Facebook sans réelle base utilisateur, valorisation de Quora à un milliards de dollars…).
- la rareté des talents: les startups se battent pour recruter les meilleurs développeurs, designers, product managers à prix d’or. Facebook et Google s’affrontent chaque jour sur ce terrain!
Il ne faut pas non plus s’emballer trop vite, la situation est tout de même moins catastrophique qu’au début des années 2000. Des boîtes comme Groupon ou Zynga réalisent tout de même plusieurs centaines de millions de dollars de chiffre d’affaires et sont leaders dans leur secteur. Ces valorisations de « startups » de la Silicon Valley, bien qu’incroyablement élevées, ne reposent pas que sur du vent.
Mais si la traction à elle seule suffit à faire grimper les valorisations et que le seul but des investisseurs est de revendre plus cher au suivant, ca peut ne faire que monter le soufflé…