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Billet de l’isoloir

Publié le 22 mars 2011 par Alteroueb

Je n’ai pas voté ce dimanche, mon canton n’était pas renouvelable. Si j’avais eu à le faire, je serais resté longtemps dans l’isoloir à me gratter la tête, non pas sur qui voter mais pour quoi voter, tant le choix est lourd de conséquences. J’ai suivi le «spectacle électoral» dès la fermeture du scrutin, assez heureux de ne pas avoir eu à y participer. Voilé par des écrans de fumée d’origines diverses et variées, le message, à droite comme à gauche, me laisse perplexe, et montre, s’il en était besoin, la profondeur du calcul des appareils et le grand écart existant entre les citoyens et leurs représentants.

Le conseiller général (et non le cantonnier…) est, comme les conseillers municipaux, un élu de terrain, celui qui est amené à se prononcer sur des sujets locaux, sur le quotidien immédiat de chacun. Mon cantonnier à moi, à part une apparition sur le marché il y a 3 ans, juste avant les élections, je ne l’ai jamais vu, et, à moins de dépenser beaucoup de temps et d’énergie, le bilan de son action est difficile à trouver, donc à juger. C’est d’ailleurs pareil pour mon conseiller régional et mon député, sauf que pour ce dernier, il aura fait valoir ses droits à la retraite à un âge ou il me restera 10, voire 15 ans à trimer, si j’ai encore du boulot. Mes attentes, mes besoins, clairement et tous autant qu’ils sont, ils s’en foutent royalement.

Billet de l’isoloir
Pour le commun des citoyens, ça commence sérieusement à bien faire, et ce n’est pas nouveau. Comme le choix n’en est plus un, l’électeur en mal de représentant finit par ne plus s’intéresser aux institutions, par ne plus se déplacer aux urnes, ou par sanctionner, et proteste, vraisemblablement par un vote extrême, le seul qui peut faire du bruit et secouer la société…. Le monde politique globalement, dans ses analyses, en convient, mais ne change aucunement son discours, il n’y a aucune remise en cause, aucun questionnement sur leur attitude, leur positionnement, leur idéologie. Pire, on tente même purement et simplement de siphonner les voix en rendant le discours politiquement correct, donc acceptable, «digérable».

L’électeur n’en peut plus des manœuvres d’une classe dirigeante qui a rendu l’intérêt général très particulier, composée d’individus aux ordres d’appareils idéologiques experts en langue de bois. Il ne supporte plus le double langage ambigu et dangereux des responsables de droite et de gauche, incapables de parler chacun dans leur camp d’une manière claire, sincère et respectueuse du mandat que leur confie le peuple, sans voix dissonantes et coups de boutoir d’égos surdimensionnés. Impossible d’aborder un second tour unis à gauche, impossible d’avoir une vue précise de l’attitude à adopter à droite dans les circonscriptions ou le FN sera présent en lieu et place de l’UMP, impossible d’appréhender simplement les raisons d’une déroute électorale…

L’attitude des hommes politiques semble ne répondre à aucune logique autre que le calcul et le profit immédiat. Ainsi, pour exister enfin, Notre Saigneur, n’a pas hésité une seconde, s’agitant comme à l’école maternelle pour être le premier à reconnaître le Conseil National Libyen contre tout usage en la matière et à dérouiller le chef d’Etat libyen 2 ans après lui avoir déroulé le tapis rouge et cédé à tous ses caprices les plus extravagants alors que sa nature de despote sanguinaire ne faisait aucun doute depuis longtemps. L’homme de la rue, dans l’isoloir ou ailleurs, en a assez, vraiment assez. Le tremblement politique reste mesuré, mais en 14 mois, la vague peut se creuser considérablement. Gare à ceux, de tous bords, qui ignorent ces signaux.

C’est le printemps. Pourtant, les nuages bruns s’amoncellent.


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