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Les cantonales, c’est vraiment passionnant !

Publié le 22 mars 2011 par Copeau @Contrepoints

Les cantonales, c’est vraiment passionnant !

C’est un véritable déferlement d’actualités plus idiotes les unes que les autres que le chroniqueur doit trier. Les rédactions, auparavant sur les rotules à en juger par le niveau abyssal de la presse française, attaquent maintenant les moignons à la rappe à bois.

Il y a, bien sûr, le calme, la pondération et la sérénité bouddhique avec laquelle la plupart des scribouillards se sont empressés de relayer les problèmes des Japonais.

Piochant avec une frénésie qui confine à la psychiatrie lourde dans le dictionnaire des synonymes pour le mot catastrophe, ils nous auront vendu de la mort nucléaire avec passion. Comme le souligne justement mon collègue blogueur l’Hérétique, on aurait presque dit qu’accompagnés par des écolos aux désirs bien louches, ils ne souhaitaient rien tant qu’une bonne explosion générale dans un vomissement radioactif apocalyptique : la misère et la tristesse font vendre, à condition d’être dynamiques.

Il faut de l’évolution, du drame, et, préférablement, des héros et une fin hollywoodienne avec une conclusion dans le style « Nous avons eu chaud« . Les Japonais qui grelottent dans la neige n’intéressent personne, finalement. Les mêmes qui fuient avec un champignon atomique en toile de fond, là, ça peut se vendre.

Et c’est vrai que pour ça, les écolos savent y faire. Ancrés dans le malthusianisme, la décroissance et les prédictions apocalyptiques, ils feront toujours plus d’audience dans la presse que les personnes pondérées qui croiront au progrès et à l’intelligence humaine ; on comprend que certains blogueurs en viennent à demander des plans sur 25 ans pour l’éradication de ces indécrottables pleurnicheurs.

Il est vrai que si l’on devait tenir compte des dernières nouvelles économiques mondiales, on pourrait choper les mains moites et des crampes aux fesses à force de les serrer, au moins autant qu’à imaginer la fin du monde atomique que nos folliculaires tentent de nous vendre : l’Iran gobe de l’or comme jamais, la Chine, elle, grignote des tonnes d’argent, et la Fed va devoir lister les banques pourries qu’elle a dû aider.

Voilà qui promet des lendemains qui chantent à tue-tête.

On pourrait alors croire qu’en se recentrant sur la France, et en occultant ainsi le reste du monde qui semble comploter pour rendre l’actualité presque cryptique (je dis presque), on pourrait trouver matière à plus de sérénité.

Que nenni.

Je passe sur les faits divers récents (une mairie incendiée et des tirs de kalach dans une cité) : c’est, finalement, une semaine banale qui s’ouvre ici en France, où tout se terminera, on peut en être sûr, par des chansons et une bonne rigolade, tant le peuple français est rigolard et bon enfant.

Non, ce qui fout vraiment la pétoche, en France, actuellement, c’est bien que Jean-François Copé, le lutin malicieux de la grotte UMP (de laquelle est sorti, il y a quelques années, un lutin effervescent), n’ait donné aucune consigne de vote pour le second tour des cantonales.

brie de Meaux

C’est, on peut le dire, le début des heures les plus sombres de notre histoire, à tout le moins. D’ailleurs, Martine, la Référence Morale, catalogue printemps-été 1971, nous l’explique gravement : si le petit Jean-François n’appelle pas à voter pour le PS lorsque le FN est présent, c’est bien qu’il appelle à voter pour le FN. En fait, elle a dit un truc un peu plus complexe ; elle a fustigé, je cite — je ne voudrais pas déformer sa subtile effluve de pensée –

« cette politique qui humilie ceux qui travaillent, qui ne peuvent pas arriver à finir leurs fins de mois – c’est eux qui votent Front national – c’est eux qui sont oubliés et qui ne s’en sortent pas. Au lieu de nous répondre là-dessus, on nous dit On ne choisit pas. C’est très grave. C’est la première fois que cela arrive dans notre République et dans le fond ceux qui abîment la République se mettent dans le camp de ceux qui n’ont jamais défendu la République« 

Vous suivez ? Si vous votez FN au premier tour, c’est que vous avez été oublié et vous ne vous en sortez pas. Et comme Copé n’a donné aucune indication de vote, au second tour, cela veut dire que vous n’allez pas voter PS au second. Hum. Non. Ce n’est pas ça.

Martine a dit que si, en fait, vous votez FN au premier tour, Jean-François, en ne donnant pas de consigne, ne répondait pas au PS qui n’arrive pas à finir ses fins de mois. Mhhh. Non plus.

En réalité, Martine, elle veut faire comprendre que les fins de mois difficiles amènent à voter FN. Et comme le patron de l’UMP n’a pas dit de voter PS, personne ne répond à Martine sur ceux qui sont oubliés. Mrrhhrf.

Bon.

Ça n’a aucun sens. Martine dit un truc qui n’a ni queue.

Pendant ce temps, Marine, son alter-égo (ultra-socialiste d’extrême-droite), elle, ne perd pas le nord (et y réalise même de bons scores). La voilà en route pour les présidentielles.

Au contraire de la pauvre secrétaire du Parti Officiellement Socialiste, soyons bien clair : il n’y a plus de différence factuelle entre les différents partis politiques majeurs en France. Tous ont intégré la doxa socialiste. Certains se la jouent un peu verte, d’autre, un peu rose, d’autre, un peu rouge, d’autre encore, un peu nationaliste.

Finalement, le parfum change, mais la sucette est toujours faite du même sucre à base de moraline, qu’on paie très cher et qui fond autant dans la main que dans la bouche et y laisse un goût amer.

Ce pays est foutu.
—-
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