En Pologne, les choses seraient-elles en train de changer pour les LGBT, dans ce pays de tradition catholique très conservatrice et homophobe?
En automne 2010, les habitants de Varsovie ont élu un gay au conseil municipal.
Krystian Legiersky, élu sur la liste de l'opposition, y voit le signe du changement pour les homosexuels polonais.
Il est en effet devenu en novembre 2010, le premier élu ouvertement gay de Pologne.
Juriste de formation, il a coécrit, en 2003, un projet de loi visant à introduire une union civile en Pologne.
Il fut au centre du "stonewall polonais", lorsque la mairie de la capitale polonaise décida de fermer sa boîte de nuit gay en 2006. Depuis, il en a ouvert deux autres.
Avec un père mauritanien, Krystian Legierski est à la fois métis et gay. Dans un pays très xénophobe et qui a du mal à devenir gay-friendly, Krystian Legiersky déclare que c'est "Un mélange assez rare".
L'élection de Krystian Legiersky veut dire deux choses.
Certains ont voté pour lui parce qu'il est gay, ce qui montre l'éveil de la communauté LGBT et la prise de conscience de leurs droits par les homosexuels.
D'autres ont voté pour lui bien qu'il soit gay, pour montrer que l'homosexualité, même si elle n'est pas considérée comme normale, n'est pas une raison pour discriminer un candidat.
Le projet de Krystian Legiersky est que soit votée une loi introduisant l'union civile pour les couples homosexuels en Pologne.
Cela surpasse son travail en temps que conseiller municipal, faire voter une loi étant un processus national et non local.
Au conseil municipal de Varsovie, il souhaite travailler pour l'émancipation de la communauté LGBT.
Quand on lui demande s'il est un symbole pour l'évolution des mentalités en Pologne, il déclare "Dans un sens, oui. Je suis content que la Pologne, considérée par certains comme très croyante et intolérante, ait montré qu'elle a plusieurs facettes. C'est aussi un pays de progrès et d'ouverture d'esprit, doté d'une bonne énergie. Ma victoire montre qu'une part importante de la société polonaise est tolérante et n'a pas de préjugés. Notre tâche est d'emmener cette tranche de la société à la tête du débat public".
Il se déclare optimiste pour les années à venir mais n'oublie pas qu'un changement demande des efforts sur la durée pour qu'il ne s'arrête pas en chemin et ne change pas de direction vers une situation pire encore qu'auparavant.
L'Histoire humaine a montré que des périodes d'évolution vers plus de liberté et d'égalité pouvaient être balayé par un retour vers l'intolérance et la persécution.
Krystian Legiersky en est conscient et déclare "Par conséquent, nous devons toujours rester en alerte et être préparés à faire des compromis et même des sacrifices".
Avec dix sièges au conseil municipal, l'opposition ne peut pas faire jouer ses voix pendant le vote, mais elle peut influencer l'opinion publique.
Krystian Legiersky est aussi conscient que si le rôle de l'Union européenne est très important, seuls les Polonais peuvent résoudre les problèmes de la communauté LGBT.
Toute solution qui serait "imposée" par l'Europe, ou toute autre force extérieure au pays, n'apporterait pas de résultats réels tant que la majorité des Polonais ne change pas d'opinion et ne se débarrasse pas de ses préjugés et de ses mauvais raisonnements.
Une autre nouveauté montrant l'évolution est que l'élection de ce conseiller municipal gay à Varsovie a été rapporté positivement par de très nombreux médias polonais.
Seigneur, merci pour le respect de tous.