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Ni-ni

Publié le 22 mars 2011 par Malesherbes

Lors d’une élection en France, on ne prend en compte que les seuls suffrages exprimés, après avoir écarté bulletins nuls ou blancs. J’ai longtemps considéré cette mesure comme injuste. Elle revient à ne pas faire de différence entre l’électeur qui ne prend pas la peine de se rendre aux urnes et celui qui, insatisfait du choix qui lui est proposé, entend signifier son mécontentement au moyen du bulletin qui lui est proposé. Je ne suis pas sûr de l'efficacité de ce refus de s'exprimer, un faible taux de participation n’invalidant pas nécessairement l'élection concernée.

Nous pouvons avoir le sentiment que notre vote ne pèse pas lourd. Mais c’est pourtant l’addition de tous ces choix individuels qui fait émerger un résultat. L’existence de chacun d’entre nous est faite d’une multitude de choix. Certains sont mineurs : vais-je partir en vacances ici ou là ? Je vais voir ce film plutôt qu'un autre. J’achète du pain pour ce soir ou non ? Je prends ma voiture ou je vais à pied ? D’autres choix sont beaucoup plus importants ; j’achète cet appartement ? Je signe ce contrat de travail ? Je me marie avec cette personne ? Nous ne pouvons nous en remettre au hasard pour gouverner notre existence. Vivre, c’est choisir.

Il me semble que le sentiment d’un électeur insatisfait par les options qui lui sont offertes puisse être, par exemple : tout est du pareil au même, à quoi bon se prononcer, ou bien : je ne veux pas me reprocher plus tard d’avoir voté pour tel ou tel. Ce qui lui échappe, c’est que, même sans exprimer son opinion, il conserve une part de responsabilité dans le résultat. Supposons qu’un texte ne soit voté ou bien qu’un candidat ne soit élu qu’à une voix de majorité. Ceci paraît une hypothèse d’école mais elle se réalise parfois et il convient de ne pas oublier que l’amendement Vallon qui en 1875 a établi la 3° République n’a été adopté qu’à une voix de majorité. Dans ces circonstances, lorsqu’on ne vote pas, on perd la possibilité, soit de conforter le camp majoritaire, soit d’empêcher son succès. Dans  les deux cas, on se retrouve avoir voté pour le vainqueur. On ne peut donc se déclarer sans responsabilité dans le résultat.

Admirons maintenant la très grande sagesse de notre despote pas éclairé du tout et adepte du ni ni (est-ce un hommage indirect à François Mitterrand ?). En un an, bien des choses peuvent se passer. Mais, si les tendances estimées actuellement reflètent bien la réalité, le candidat UMP court le risque d’être éliminé au premier tour de la prochaine élection présidentielle. Dans le cas d’un duel PS-FN, un vote en faveur d’un candidat PS vient améliorer le score du PS et renforce les chances de la gauche au 1° tour de 2012. Mais, sauf explosion du PS dans son processus de primaire, il ne craint guère de voir se rééditer la débâcle du 21 avril 2002. Par contre, un vote en faveur du FN élargit l'audience  de ce parti et augmente sa respectabilité. Ses chances d’éliminer l’UMP au 1° tour s’en trouvent accrues.

Une idée m’a traversé. Elle est peut-être farfelue mais je vous la livre malgré tout, vous laissant le soin d’en décider. Nicolas Sarkozy, convaincu que le passif de sa présidence l’empêche d’être réélu, conscient de la réluctance de la droite à souscrire à un front républicain, préfèrerait favoriser l’arrivée au pouvoir du FN afin de voir enfin appliquées les thèses extrémistes qu’il a faites siennes. Ainsi, cet immigré de deuxième génération resterait, pour la postérité, celui qui aura su préserver notre pays des invasions étrangères.


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