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Une élection placée sous le signe de l’abstention…

Publié le 23 mars 2011 par Alex75

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Ce premier tour des élections cantonales s'est donc tenu, ce dimanche 20 mars. Rappelons-le, il s'agit d'élire les conseillers généraux, la durée d'un mandat au conseil général étant de six ans. Les conseillers généraux sont renouvelés par moitié, tous les trois ans. Donc, ce scrutin de ce mois de mars, concerne la moitié des cantons. Le premier signe révélateur de ce premier tour, c'est un taux de 55,6 % d'abstentions, relevant du jamais vu. Après les élections régionales de 2010, les européennes de 2009, ces cantonales sont elles aussi atteintes par un taux d'abstentéisme record. La gauche tire la mieux son épingle du jeu, l'UMP accusant une débacle électorale, talonnée par un FN à environ 14 %.

Longtemps, les cantonales ont mieux résisté que les régionales et les européennes - bien qu'assimilées à des élections de notables locaux -, grâce à l'ancienneté historique des départements et à la destination sociale des prestations servies. Les cantonales, c'est l'élection phare de la IIIe République. Quand les voyages s'effectuaient à cheval, quand les Français étaient majoritairement des ruraux. Quand le Sénat était le coeur de la République radicale. Depuis des décennies, on annonce la mort de ces élections et du département en général, les conseillers généraux étant d'ailleurs appelés à être remplacés en 2014, par des conseillers territoriaux. La droite comme la gauche ont annoncé depuis des années, son remplacement progressif par la région, plus adaptée aux transports en commun et surtout plus conforme aux exigences européennes. C'est la région que l'on richement doté, lui donnant le développement économique, quand on laissait les services sociaux et la caisse sociale au département. Même si le département a longtemps résisté à toutes les réformes, à toutes les prophéties. Mais à son tour, ce scrutin a donc suivi le destin commun des échéances dédaignées, comme si la présidentielle demeurait la seule élection qui intéressait encore les Français, renonçant à influer sur le cours décisionnel à un niveau local, et se réservant pour la mère des batailles électorales. Mais cette abstention massive fausse l'analyse politique, et biaise les informations et conclusions qui pourraient découler de ces résultats électoraux. A environ 25 %, le PS ne fait guère mieux que d'habitude, loin des 52 % des cantonales de 1979, qui annonçaient le grand soir du 10 mai 1981. La gauche ne devrait donc pas en tirer des conclusions hatives et tirer des plans sur la comète, les négociations entre verts (anti-nucléaire) et front de gauche (anti-européen), risquant d'être complexes et malaisés.

La victoire socialiste est sinon incontestable, mathématiquement parlant. Mais elle prouve surtout que la gauche (PS comme PC), compte de nombreux élus locaux de qualité, et qu'elle est dominatrice dans son approche clientéliste, auprès d'un électorat de fonctionnaires et de personnes âgées, votant traditionnellement à gauche. L'UMP ne peut se bercer d'illusions, son score est d'une rare médiocrité. Le parti de la majorité enregistre 16 %, talonné par un Front National à 14 %. Cette Bérézina électorale accuse encore les divisions internes au parti unique. Car selon la vieille dialectique, quand on est seul et fort, on agrège au second tour, selon la dynamique exemplaire de Sarkozy au premier tour de 2007. Mais quand on est seul et faible, suivant la dynamique opposée, on se désagrège de manière progressive. Les centristes réunis sous la houlette du Nouveau Centre, à l'aune de ces résultats électoraux, considéreront que l'intégration dans l'UMP, leur a fait perdre des positions électorales séculaires, et c'est leur domination au Sénat qui est en jeu. Ils seront encouragés à partir sous leurs propres couleurs aux élections présidentielles. Les élus UMP réunis sous la bannière de la droite populaire, refuseront de cautionner les fronts républicains, que la pression médiatique et parisienne essaiera de leur imposer. Et les franges libérales et plus conservatrices de l'UMP se désolidariseront progressivement. Les scores du FN sont plus difficiles à analyser objectivement. Même si Marine Le Pen repasse au-dessus de la barre fatidique des 10 %, à l'image des dernières élections régionales, on est loin des résultats promis par les récents sondages. Mais les cantonales n'ont jamais été des élections faciles, même du temps du père, et on sait aussi qu'une forte abstention pénalise le FN, car l'électorat dit protestataire substitue aisément l'abstention au vote protestataire.

Et pourtant le FN sort en tête dans trente-neuf cantons, il y aura une centaine de duels FN / PS au second tour, et le FN progresse dans les circonscriptions de l'ouest, là où il était auparavant inexistant. Bref, selon l'analyse d'Eric Zemmour, “la question du vote FN que Nicolas Sarkozy croyait avoir réglé, lui revient comme un boomerang“…

   J. D.


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