(IN ENGLISH) E uma lojinina, m’avait on prévenu. Une chtit’boutique marmonnais-je un poil énervé par le vent continuel et la pluie qui commençait à tomber sur les trottoirs de Sao Paulo, la mégapole de 12 millions d’habitants symbole bouillonnant d’un Brésil en pleine explosion. Une fois de plus en ce vendredi soir, les rues s’engorgeaient d’un trafic chaotique et bruyant, la pression commençait à monter : je cherchais la boutique de Bethino, la seule qui soit spécialisée sur la pêche à la mouche ici. J’étais heureux aussi de m’aérer la tête, sortir de mon tournage de documentaire sur les nikkeys, les brésiliens d’origine japonaise. Enfin je rentrais dans le quartier de Villa Madalena, fameux pour ses bars branchés, ses graffitis magnifiques et son esprit bohème devenu en quelques années le lieu incontournable de la nuit paulista, un quartier que je connaissais bien où j’avais d’ailleurs repéré il y a un mois de ça une bicoque avec une enseigne Fly Fishing Adventures.
D’ailleurs plus je remontais la rue Pineiro plus le coin me semblait familier, et en effet en cherchant le 152 je reconnu derrière un rideau de pluie hollywoodien la même maisonette de pêcheurs. Bah y’a pas de sonnette, y’a pas de boutique non plus, c’est une baraque ce truc pensais je encore plus énervé par la pluie qui ruisselait de mon visage alors que la veille encore j’étais au plumard malade et bataillant contre un rhum qui faisait très largement la maille… Ayant secoué la poignet de la porte sans succès j’étais prêt à repartir quand j’aperçois d’un étroit vitrail la silhouette d’un type une assiette à la main s’approchant.
Deux secondes plus tard, un quadragénaire débonnaire m’ouvre la porte avec l’air un peu pressé et me lache aussitôt au dessus d’un riz-saucisse-fayot fumant : Salut ! Tu as diné ? – Euh pardon.. bonsoir.. euh je suis bien chez.. non merci j’ai mangé il y a pas… Déjà le type est reparti en me faisant signe de le suivre.
A l’intérieur je n’en crois pas mes yeux, dans la pièce principale qui est officiellement la salle à manger deux murs sont recouverts de matériel de montage de mouche, sur les deux autres des photos punaisées de poissons trophée, deux planches de liège noyées par des dizaines de mouche accrochées dessus, des tubes de canne en équilibre sur un pot de fleur déséché que le propriétaire a du oublier d’arroser lors de sa dernière expédition pour traquer le mythique peacock bass (ici tucunaré), le roi coloré et batailleur de l’Amazone.
Bethino est le grand spécialiste brésilien du peacock bass à la mouche, il a écrit plus de cent articles pour des magasines nationaux, c’est comme on dit, une autorité mais c’est surtout un mec mortel. Quand j’ai déboulé ils se racontaient des histoires de pêche lui et son pote argentin Francisco. Ensuite le temps s’est arrêté entre nous trois. J’adore cette fusion qu’il peut y avoir chez tous les passionnés du monde que ce soit pêche, musique, photo, pinard, etc. Instantanément, nous nous sommes reconnus faisant partie de cette famille planétaire dont les yeux brillent dés qu’on parle truite, mouche ou rivière sauvage. Bethino m’a finalement cuisiné des galettes de tapioca au fromage. Sous la toile cirée transparente de la cuisine, il y avait encore des photos de pêche.
Il organise un déjeuner tous les samedis pour ses amis pêcheurs, me glissait Francisco en rattrapant un bout de fromage chaud qui s’échappait de la galette croustillante. Sur une des photos, Bethino soulevait une arc dodue, sur une autre un groupe arborait cannes et sourire, il y avait une japonaise-brésilienne dans le tas, une quinquagénaire. Elle est fan de pêche à la mouche, enchaîna Francisco pendant que Betinho retournait ma galette d’un coup de spatule aussi précis qu’un posé de sèche. Mais elle est est aussi fan de salsa ! Alors parfois quand on va pêcher tous ensemble le samedi matin, elle sort directement de sa boite latino toute pompette pour enfiler son gilet de pêche et nous rejoindre canne en main au bord de l’eau. Magique internationale des fêlés du fouet !
E uma lojinina, they warned me. A small shop I muttered a bit annoyed by the constant wind and the rain that began to fall on the sidewalks of Sao Paulo, the symbol of brazilian exploding economy, a megalopolis of 12 million people. Once again this Friday night, the streets were chaotic and loaded with noisy traffic, the pressure began to mount: I searched the Bethino’s shop, the only one that specializes on the fly fishing here. I was also happy to air my head out of my filming documentary about nikkeys, brazilians who come from japan.
Finally I entered the district of Villa Madalena, famous for its trendy bars, its beautiful graffiti and bohemian spirit, in recent years this area become the hottest nightlife destination, a neighborhood that I knew where I had also spotted a month ago a small house with it a sign Fly Fishing Adventures on its front. In fact the more I was walking up the Pineiro street the more it seemed familiar, and indeed looking for the 152 I found behind a curtain of rain that seems out from an Hollywood movie, the same little house I saw before.
Ok there’s no bell, there’s no shop nor that thing is a home I was thinking even more upset by the rain streaming down my face remembering that only yesterday I was sick and battling a cold that was not a school … Having struck the wrist of the door without success I was ready to leave when I saw from a narrow window the silhouette of a guy approach with a plate in hand : rice-beans-sausage.Two seconds later, a man in his forties opens the door looking a little speed : Hi! You dined? – Um .. sorry goodnight .. uh I’m at .. no thank you I ate few hours … The guy already departed, motioning me to follow him. Inside I can not believe my eyes, in the main room which is officially the dining room two walls are covered with fly tying materials, on the other two pictures pinned trophy fish, hung over two cork boards drowned out by dozens of flies, tubes of rods stands on a weak balance beside a dry flower pot which the owner probably forgot to watered during his last expedition to hunt down the legendary peacock bass (here tucunaré), king and colorful fighter of the Amazon.Bethino is the brazilian leading expert for peacock bass on a fly, he wrote over a hundred articles for magazines, it’s like they say, an authority but is mainly what we could call His Dudeness. When I tumbled him, his argentinian fishing buddy Francisco and him were telling fishing stories. Then time stopped for us three. I love this instant fusion you can find in all passionate of the world either it’s fishing, music, photography, fine wine, etc…we recognized ourselves part of this global family whose eyes shine as soon as one speaks trout fly or wild river.
Bethino finally cooked tapioca pancakes with cheese. Under the transparent oilcloth of the kitchen, there were still photos of fishing. He organized a lunch every Saturday for his fishermen friends, slipped Francisco catching a piece of hot cheese that leaked into the crispy pancake. In one photo, Bethino raised a fat rainbow trout, on an other a group sported rods and smile, there was a Japanese-Brazilian lady among them. She is a fan of fly fishing, smile Francisco while Betinho turns my pancake in an accurate spatula move, the same kind of accuracy that makes him put a small nymph in front of a long brown trout. But she is also a fan of salsa! So sometimes when we go fishing together on Saturday morning, she comes straight out of the latin night club put on her jacket and fishing rod in hand and join on the bank.Magical International of cracked fly fishers !