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Les Japonais et les autres

Publié le 24 mars 2011 par Copeau @Contrepoints

Comme tous les spectateurs impuissants du drame japonais, nous avons éprouvé tristesse et sympathie pour ce peuple si durement touché. Il n’a pas manqué d’élans de charité un peu partout dans le monde, et la générosité de nos compatriotes s’est mobilisée. Nos vœux sont maintenant ceux d’une issue rapide et positive, et à cette heure tout espoir n’en est pas perdu. 

Plusieurs leçons pourraient être retenues de ce qui s’est fait et de ce qui s’est dit ces derniers jours.

1° La maîtrise de ces hommes et femmes, leur courage face au malheur et au risque, l’absence totale de panique, de violence. Ailleurs on aurait peut-être assisté à des scènes de pillages de magasins, et on n’aurait pas supporté de faire patiemment la queue pendant des dizaines d’heures. Ailleurs on n’aurait pas mis un point d’honneur à reprendre le travail le plus tôt possible.

2° La solidarité active, dans les premiers secours, dans les transports, qui témoigne de l’âme d’une nation, d’une cohésion sociale qui a su résister aux luttes et ségrégations de bien des sociétés dites « démocratiques ».

Les Japonais et les autres

3° L’impossibilité d’avoir des informations fiables à travers les médias français. Tout a été dit, et le contraire de tout, tantôt pour rassurer, le plus souvent pour en rajouter une couche. On a entendu un haut responsable français de la sécurité nucléaire dire qu’une des enceintes de confinement avait été endommagée alors que ce n’était pas vrai (du moins au moment où cela a été dit). L’affaire des comprimés d’iode n’a pas été triste (en avez-vous acheté ?)

4° La suffisance et l’impudeur de certains Gaulois qui ont déclaré que les Japonais avaient mal géré leur énergie nucléaire, tandis que nous étions les meilleurs, comme d’habitude. On a même entendu dire que c’était le « modèle japonais », fondé sur la haute technicité, qui était en cause.

5° La relance de la campagne anti-nucléaire par les écologistes, sans aucune réserve : la catastrophe a du bon pour ces gens-là, en recherche de voix. En France il est bon de politiser tout évènement, tout accident.

6° Couronnant le tout, ce refus d’admettre que l’homme est parfois impuissant face à la nature, qu’il existe des catastrophes réellement « naturelles », comme les ouragans, les tsunamis, les inondations, les tremblements de terre, les avalanches, et qu’elles ne doivent rien aux systèmes politiques ou économiques.

À se complaire dans l’idéologie, on finit par oublier la réalité.


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