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USA: de la lutte des classes à la guerre civile

Publié le 24 mars 2011 par Rhubarbare

Le récent billet de Paul B. Farrell dans Market Watch ce mardi, intitulé New Civil War Erupts, led by super rich, GOP (Nouvelle guerre civile lancée par les super riches et le parti Répuplicain, ndt) donne le ton: les élites délinquantes sont à pied d’oeuvre et le pillage du pays, boosté par le sauvetage de Wall Street en 2009, est en plein swing. Un pamphlet d’un fan de Michael Moore? Pas vraiment: Farrell travaille à la banque d’investissement Morgan Stanley, il est vice-président entre autres du Financial News Network, auteur de plusieurs livres sur l’investissement et la finance et est, de surcroît, docteur en psychologie.

Pour Farrell, ce qui se passe depuis quelques années aux USA est l’illustration parfaite de ce que Naomi Klein explicitait dans son ouvrage “La doctrine du Choc: la montée du capitalisme du désastre”. En septembre 2008, Klein prévenait les américains que le désastre financier intiment lié au “free market capitalism”, quel qu’en soit l’issue à court terme (et l’issue fut que le Congrès approuva un plan de sauvetage massif des banques sur le dos des contribuables), n’en arrêterait pas la progression. Citant toujours Naomi Klein: “Soyez assurés que suite au sauvetage bancaire l’idéeologie Reaganiènne (Reaganomics) reviendra au galop. La dette publique massive générée par ce sauvetage fera alors partie d’une crise budgétaire globale et deviendra le fondement pour des coupes sombres dans les programmes sociaux et la relance de la privatisation“.

De fait, c’est reparti de plus belle et comme le disait le milliardaire Warren Buffet: “oui il y a bien une lutte des classes, mais c’est ma classe, la classes des riches, qui mène la guerre et nous la gagnons“. Ce qui nous ramène au sujet d’un renouveau d’une forme de luttes des classes brièvement analysée dans ce récent billet “USA: le retour de la lutte des classes?” mais va bien plus loin puisque Farrell n’hésite pas, comme Bufffet, à parler de guerre civile entre les riches et le reste.

Cette guerre s’est intensifiée suite à l’élection en 2010 de nombreux gouverneurs républicains et la mise sous tutelle de la démocratie par le pouvoir financier. Si vous suivez ce blog vous aurez lu plusieurs articles sur les évènement du Wisconsin et la charge menée par le nouveau gouverneur Scott Walker pour casser les syndicats publics, mais Walker n’est pas seul: au Michigan le gouverneur Rick Snyder vient de signer le “emergency financial manager legislation”, une loi permettant l’intervention de gestionnaires financiers nommés par le gouverneur au sein de structures en difficulté, que ce soit des villes ou des écoles, avec le pouvoir d’imposer leurs décisions  de manière unilatérale et sans aval des élus ou représentants légaux de ces structures ou institutions. Parmi ces pouvoirs totalitaires, celui de mettre fin aux conventions syndicales, de privatiser les services publics, et répudier les élus des collectivités locales. Cette loi martiale financière, tout à fait représentative d’une situation de guerre, trouve ses racines au sein d’un think tank ultralibéral américain, le Mackinac Center for Public Policy. D’après Doug Pratt, directeur des affaires publiques de la Michigan Education Association, ce think tank est depuis de nombreuses années intiment lié à l’establishment républicain et de fait tous ses concepts se retrouvent dans la loi de Snyder.

Mackinac est financé par les grosses fortunes tells les frères Koch qui ont également financé Scott Walker au Wisconsin., mais également les co-fondateur de Amway, de Wal-Mart et de Blackwater pour n’en citer que quelques uns (source: MotherJones). Mackinac, comme d’autres “centres de réflexion” de la droite américaine tels Americans for Prosperity ou le Cato Institute, est lié à la très influencielle Heritage Foundation à Washington, financée par Big Business au profit de Big Business.

Bien sur il serait for naïf de penser que tout est parfait du côté des services publics américains et que les mercenaires ultralibéraux à l’oeuvre aujourd’hui ne sont que des prédateurs apparus ex-nihilo. Aux USA comme ailleurs comme en France l’abus de pouvoir syndical, proclamant sans relâche la défense du bien commun pour imposer des revendications purement corporatistes, ne s’est pas fait que des amis et l’on peut tout à fait craindre que le militantisme syndical laissé à lui-même n’ait tôt fait d’imposer à la société le joug d’une technocratie stalinienne “pour le bien du peuple”. Cependant le capitalisme “honnête” industriel plutôt que financier et les syndicats ont trouvé un peu partout un modus vivendi et les négociations se passent généralement bien quand les syndicats ont une réelle représentativité (USA, scandinavie, Allemagne…).

Mais aujourd’hui l’ennemi des syndicats, de l’industrie et de la population mondiale c’est le capitalisme financier, cette chose qui génère elle-même les moyens de s’approprier ce qui appartient à tous et à personne, et qui est même en mesure de se servir dans les poches de l’Etat pour compenser les catastrophes qu’elle déclenche. Cette mafia dénoncée par des intellectuels, des économiques, des syndicalistes, des chefs d’entreprises et des politiques de part le monde a décidé de passer à la vitesse supérieure: le sabre sort du fourreau, il s’agit non plus de frapper mais de trancher. Son berceau originel, les USA, ne réponds pas suffisamment vite à sa soif de possession? On va détruire les garde-fous sociaux, on va mettre sous tutelle la démocratie des collectivités (au niveau des Etats c’est déjà fait) afin de privatiser, contractualiser, faire payer, fliquer tout ce qu’une société met en commun pour lui donner du sens.

La mère des guerres à venir est celle de la société humain contre la machine à broyer de la toute-puissance financière, il devient urgent de s’en apercevoir et de sortir des schémas idéologiques du 19ème et 20ème siècle.

Billet en accè slibre sur http://rhubarbe.net/blog/2011/03/24/usa-lutte-des-classes-ou-guerre-civile/ 


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