Trop, c’est trop ! Quasi dans la même semaine, trois polémiques au sujet des musulmans… Entre Abderrah-mane Dahmane démissionnant de l’UMP avec fracas, disant que Copé «C’est la peste pour les musulmans» et les blagues racistes et xénophobes sur le mur Facebook de Josiane Plataret, suppléante du candidat UMP à Privas (Ardèche), voilà-t-y pas que Claude Guéant, fraîchement nommé ministre de l’Intérieur, remet une sacrée couche de merde dans une interwiew sur Europe 1 le 17 mars 2011 En parlant d’«immigration incontrôlée» : indig-nation à gauche, la droite partagée (Libération du 18 mars 2011) : «Les Français à force d’immigration incontrôlée ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux, ou bien ils ont le sentiment de voir des pratiques qui s’imposent à eux et qui ne correspondent pas aux règles de notre vie sociale».
De tels propos qui n’étonneraient pas éructés par des pochtrons accoudés au zinc d’un rade minable sont absolument indignes de la part d’un ministre. Preuve s’il en était besoin que leur fonction est aussi galvaudée que l’est sous Sarkozy celle de président de la République. D’ailleurs, et je l’ai souventes fois souligné rageu-sement : pour lui, c’est un “métier” (le plus lucratif possible) et non une fonction, la plus haute qui soit.
L’art de monter en épingle – à trois jours d’élections cantonales dont l’UMP avait déjà fait son deuil mais c’est la présidentielle de 2012 qui est dans la ligne de mire de Sarkozy - quelques comportements qui, pour être aussi désagréables que contestables, ne touchent qu’une toute petite minorité des musulmans, car ne nous y trompons pas, c’est bien le fumeux – mais fort malo-dorant débat sur l’islam et la laïcité – auquel pensait Claude Guéant : «nos compatriotes veulent choisir leur mode de vie, ils ne veulent pas qu’on leur impose un mode de vie». Comme s’il s’agissait de cela !
Sauf dans l’esprit déjanté d’un tout petit nombre d’islamistes prosélytes qui ont l’ambition de convertir le monde entier. Mais si l’Etat se montre incapable de les remettre à leur place – Nicolas Sarkozy en est le seul responsable, lui qui ne cessait de porter le «communau-tarisme» et ses singularismes aux nues avant 2007 – c’est bien la preuve que nous ne vivons plus sous l’empire des lois de la République française – Liberté, égalité, fraternité - et de la laïcité bien comprise.
Pain bénit pour Marine Le Pen qui boit du petit lait et a envoyé ironiquement une carte d’adhérent – de déshonneur ? – à Claude Guéant. Quant à son père, il a perdu l’occasion d’éviter de dire une connerie de première bourre, considérant qu’il ne s’agissait que de «paroles verbales» non suivies d’effets… Ah ! Ça, par exemple ! J’en avais déjà entendu et lu pas mal dans ma longue vie, mais celle-là, on ne me l’avait encore jamais faite… Il est heureux que de tout temps l’on eût soigneusement distingué parole et écrit «verba volant, scripta manent»…
Nicolas Sarkozy voulait du «gros rouge qui tache». Il est amplement servi : la coupe est pleine à ras bord, il la lui faudra boire jusqu’à la lie, laquelle est déjà au bord de ses lèvres dès qu’il l’ouvre. «Les parents ont mangé des raisins verts, les enfants ont eu les dents aga-cées» (Ezéchiel 18-2) souventes fois traduit plus prosaï-quement par «Les parents boivent, les enfants trinquent»…
Vous dire si cela commence à sacrément ruer dans les brancards à l’UMP ! Même si je le subodorais, je ne prends pas cela sous mon bonnet : c’est écrit noir sur blanc dans un article récent du Nouvel Obs Sarkozy : comment s’en débarrasser ? (16 mars 2011). L’instinct de survie des parlementaires pourrait les amener demain à «tuer le père» : survie car s’ils doivent bien évidemment leur élection à Nicolas Sarkozy – bienfait du couplage des élections présidentielle et législatives – ils pourraient tout aussi bien être battus en 2012 si Nicolas Sarkozy devait perdre la présidentielle…
D’où l’invite de Nicolas Dupont-Aignan à «renoncer au plus tôt à sa candidature s’il souhaite éviter le suicide de la droite» dont il affirme qu’elle aurait reçu un écho plus que favorable parmi une dizaine de parlementaires de l’UMP et qu’ils seraient au moins une centaine à le penser, entendant sur le terrain «jamais plus on ne votera Sarko»… Rejet massif de Sarkozy dans l’opinion de droite : «La déception est totale. Ce n’est plus du désamour, c’est de la haine. D’innombrables électeurs de la majorité ne supportent plus le personnage et son comportement. Dans ces conditions, les députés UMP ne voient pas comment Sarkozy pourrait être réélu. Ils ont le sentiment d’aller dans le mur. Finiront-ils par le dire publiquement ? On ne peut plus l’exclure ».
C’est d’ailleurs ce que suggérait le 18 fév. 2011 Nicolas Domenach dans Marianne Sondage exclusif : quand les Français fantasment sur DSK… en des termes très proches : «Les Français font bloc contre lui dans une proportion et avec une détermination telle qu’on peut se demander s’il n’est pas une dimension vaudoue dans cette rebuffade sondagière, comme s’ils voulaient, via les enquêtes d’opinion, lui signifier plus que du désappointement : ils veulent le décourager de se représenter ! Et, à la vérité, si les élections cantonales confirment, et amplifient, ce désaveu sans équivoque des sondages, la candidature de Nicolas Sarkozy à sa propre succession sera demain loin d’aller de soi, ce que certains élus murmurent déjà. Et s’il renonçait à se représenter, cinglé par le désamour et pour éviter le désaveu sans retour qu’avait subi Giscard en 1981 ?».
Nicolas Sarkozy renoncer à se présenter en 2012 ? Je n’y crois pas un instant. Non seulement il ne pense plus qu’à cela mais il est bien trop content de lui et autiste pour entendre ne serait-ce que de vagues échos – ses conseillers de l’Elysée et chiens de garde courtisans le confortent en permanence dans ses espoirs – de la grogne des Français. Les sondages de plus en plus calamiteux glissent sur lui comme un aca d’iau sur les plumes d’un canard – même pas mal ! – et il n’a aucune espèce de scrupules à (faire) reprendre les mêmes arguments que Marine Le Pen car il joue le FN contre la gauche en tablant sur l’élimination du candidat de gauche (20 minutes, 8 mars 2011).
Si ma prose ne suffit pas à vous convaincre de l’inexpugnable volonté de Nicolas Sarkozy à maintenir sa candidature envers et contre tou(t)s, je vous suggère de lire un fort intéressant article de Charles Jaigu sur Le Figaro - que l’on ne soupçonnera pas un instant d’être favorable à la gauche ! – relatant la visite que fit Nicolas Sarkozy le 8 mars 2011 à Josselin dans le Morbihan à la rencontre des maires du département pour remotiver ses troupes. Sarkozy prône le sang-froid en politique… «garder son calme» et le «sang froid» sont les nouveaux “éléments de langage” concocté à l’Elysée.. Du dernier fendard connaissant les colères explosives du sosie de Joe Dalton qui a pris pension à l’Elysée
Passons rapidement sur ce qu’en a pu dire le très béni-oui-oui sénateur du Morbihan Josselin de Rohan : «le président travaille, il est sur le terrain pendant que s’agitent les sondeurs (…) Les maires n’étaient pas là pour écouter un propos politicien, mais pour échanger sur des problèmes de développement local. Le président a bien répondu à cette attente»… Ben oui, on va le croire ! D’autant que Sarko him self en rajoute une couche, se faisant son propre hagiographe ! «Je fais de la politique depuis trente-cinq ans, j’ai connu tous les mandats, avec des hauts et des bas, et puis j’y suis arrivé. C’est un long chemin, très long chemin. Il faut du sang-froid»… Formule bis repetitas d’un discours prononcé à la Clusaz en Savoie le 10 février 2011 remarque Charles Jaigu. Sarkozy sait à merveille recycler formules, discours et… promesses (dont aucune n’est jamais tenue).
Il est peut-être “arrivé” comme il dit mais la question actuelle est bien de savoir s’il parviendra à se maintenir en 2012. Pour l’instant, c’est la «parade présidentielle pour faire face à une érosion dans les sondages que rien pour le moment ne semble stopper : tenir bon le gouvernail pendant la tempête, continuer les réformes et la “pédagogie des réformes” – dommage que le prof soit si mauvais ! - en attendant que l’opinion redevienne plus réceptive»…
Tenir bon le gouvernement dans la tempête ! Ne croyez pas qu’il s’agisse de la crise économique et sociale qui continue de frapper les Français depuis septembre 2008, la situation ne faisant d’ailleurs que s’aggraver avec l’intense spéculation sur les matières premières et notamment agricoles qui font s’envoler les prix avec une fulgurance au moins aussi importante qu’entre l’été 2007 et le krach boursier. Il n’attache d’importance qu’à la lente mais continuelle dégradation de sa cote de popula-rité depuis le début 2009, lors même qu’il prétend ne pas s’en soucier. Tu parles ! Ainsi s’explique la multipli-cation des sondages commandés par l’Elysée et le fameux scandale qui rythma l’été 2009 – décidément annus horribilis pour Sarko…
J’ai trop souvent comparé Nicolas Sarkozy à un marin d’eau douce s’étant aventuré en haute mer et qui, tout aussi incapable que le capitaine de La Méduse d’affronter le gros temps, fait sombrer le bateau France, pour ne pas éprouver une super grosse envie de rigoler en lisant un titre du Figaro 2012 : Sarkozy et Fillon sont des «capitaines de tempête». Malheureusement, je ne vous en dirais guère plus sinon que l’auteur de cette remarque est Valérie Pécresse car je n’ai pas la transcription du talk-show (15 mars 2011).
Dans la lignée des propos tenus par Roger Karoutchi : «Pourquoi Sarkozy va gagner» lors une interview recueillie le 17 mars 2011 par Béatrice Houchard (Le Figaro) : «Il faut conserver beaucoup de sang-froid - encore ! - et travailler sur le fond. L’élection présiden-tielle n’est pas un pic d’émotion ou d’adrénaline. Pendant treize mois, les sondages vont beaucoup varier, il y aura des coups de chaud. Mais à l’arrivée, dans sa sagesse, le peuple français sait qui a la capacité et la carrure d’homme d’État. Il va rechercher quelqu’un qui, dans un monde compliqué, en pleine crise économique, financière, bancaire, guerrière, garde le cap et protège. Qui, aujourd’hui, peut le faire ? (…) Les Français vont voter utile, efficace. À droite, Nicolas Sarkozy est le seul à pouvoir gagner (…) dans la crise on reconnaît ceux qui savent faire et qui travaillent sur le long terme. Il s’inscrit dans la durée et dans la protection. Quand on traverse des tempêtes, il faut un Capitaine Courage (…) D’abord, Sarkozy est le sortant. Ensuite, il fait le job – oui ! comme le margoulin qu’il est et VRP des multina-tionales - et loin des idéologies – sauf l’ultralibéralisme ! - il fera encore bouger les choses pour protéger les Français».
Ah ! La «protection des Français» ! Si c’est dans le domaine sécuritaire, l’échec de Nicolas Sarkozy depuis 2002 jusqu’à aujourd’hui est plus que patent et omniprésent dans tous les faits divers, des plus graves aux anecdotiques qui n’en pourrissent pas moins la vie de Monsieur et Madame Toulemonde. Quant au social, il ne suffit que de voir la destruction pan par pan des “chantiers de la démolition sociale”…
De cela, Nicolas Sarkozy n’a cure. Pour lui, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes – celui de ses fort amis multimilliardaires et invités permanents de la Nuit du Fouquet’s où ils durent sans nul doute signer subrepticement un décret abrogeant l’abolition des privilèges de la non moins célèbre nuit du 4 août 1789. Il ne manque jamais d’air et dira aux maires du Morbihan : «vous donnez l’image d’un pays apaisé, qui sait discuter»… Des plus risibles quand on connaît l’idée qu’il se fait de la “discussion” : monologue, soliloque et péroraison et son incapacité à écouter ! Tout ça pour ne pas varier d’un iota… La “com’” de Sarko – comme hélas de la plupart des politiciens et des publicitaires – est l’antithèse absolue de conception bien comprise de la communication développée par la psychologie sociale qui suppose l’interactivité entre les individus et groupes sociaux dans les processus dits de “changement social”…
Oui, mais voilà : la conception que se fait Nicolas Sarkozy du changement est totalement univoque, celle de l’ultralibéralisme : rouleau compresseur pour qui le changement consiste à anéantir toute protection sociale. Quand bien même - et surtout ! – aurait-il le monstrueux culot de se présenter comme «le président de l’intérêt général», «protecteur». Foin de la vulgate ultralibérale destinée à justifier le “changement permanent” – signe qu’il s’agit bien là d’une idéologie : exact pendant de la “révolution permanente” trotskiste – «qui n’avance pas recule»… Ouaip ! mais quand cela signe avant tout une formidable régression sociale qui met à bas plus de 150 années d’avancées d’une meilleure justice sociale, il est permis de se demander où est le progrès.
Que les tenants de l’ultralibéralisme évitent de venir me faire leur leçon quand j’affirme que la destruction de l’Etat-providence ne doit rien à leur fantasmatique «main invisible» du marché. Rien - sinon la volonté politique dominante - ne s’oppose à ce que l’on en réhabilitât le principe et sa mise en œuvre : il ne semble anachronique qu’en tant que conséquence de la volonté politico-économique et des choix ultralibéraux. Ce qui a été détruit aussi systématiquement que méticuleu-sement pendant plus de 30 ans au nom de l’idéologie libérale – lire à cet égard le toujours d’actualité article de Pierre Bourdieu dans le Monde diplomatique de mars 1998 L’essence du néolibéralisme, fort opportunément sous-titré : «Cette utopie, en voie de réalisation, d’une exploitation sans limite - un volontarisme politique au moins aussi puissant, obstiné et tenace pourrait tout aussi bien le réinstaurer.
N’ayons garde d’oublier qu’il fut mis en œuvre dans la plupart des Etats – Etats-Unis, Grande-Bretagne, Alle-magne, Japon, etc. – et rappelons à Nicolas Sarkozy (qui se pique de gaullisme quand cela l’arrange) qu’en France, toutes les grandes lois sociales que lui et ses copains s’acharnent à détruire furent adoptées par le Conseil national de la résistance (toutes tendances politiques confondues, des gaullistes aux communistes en passant par les chrétiens-démocrates) et sous la houlette du général de Gaulle, après la tragédie de la seconde guerre mondiale et la barbarie nazie pour que ne se puissent reproduire les conséquences de la dépression de 1929 qui y avaient largement contribué, notamment en Allemagne.
Vivant des temps barbares qui y ressemblent furieu-sement, la gauche – si elle veut véritablement se débar-rasser définitivement de Nicolas Sarkozy et tout ce qu’il incarne et en même temps de l’hypothèque du Front national - plutôt que se replier sur son habituel pré-carré et se livrer à des guerres picrocholines d’arrière-garde qui ne peuvent que désespérer ses électeurs devrait tout au contraire s’inspirer d’un tel mouvement pour rassembler le plus largement possible au-delà de ses frontières, tout ce que la France compte de mouvements et personnalités attachées à la République, à la démocratie ainsi qu’au maintien d’une protection sociale digne de ce nom dans un pays qui fut naguère une puissance industrielle.
Qu’il soit de la toute première urgence de réindustrialiser la France est une évidence car quitte à me répéter une fois de plus, un pays qui n’a plus d’industrie est un pays économiquement foutu.
Et quand je parle d’industrie, je ne pense pas aux billevisées de l’économie numérique censée être la panacée : seuls les imbéciles ne savent pas encore que ces emplois seront délocalisés encore plus vite que les usines… Les pays émergents – tels l’Inde - ont déjà commencé à les attirer : pour exemple que je crois avoir déjà signalé, le blog Hexaconso Peut-on rire des délocalisations ? (12 nov. 2010) qui citant un article paru en 2007 sur le site Bloomberg faisait état d’une estimation d’environ 50.000 postes d’avocats américains qui seraient délocalisés d’ici à 2015. «L’Inde forme chaque année 80.000 juristes, dont certains en partie dans des universités américaines. Un réservoir intéressant pour les grandes entreprises américaines, qui peuvent ainsi mettre en place des services juridiques fonctionnant 7 jours sur 7, 24 heures sur 24 pour un coût défiant toute concurrence»…
Pour les emplois subalternes – les “centres d’appel” qui sont de véritables bagnes – il y a belle heurette que les délocalisations ont commencé et cela ne fera que se se poursuivre : «d’autres types de services commencent à être confiés à l’étranger, à l’image de l’archivage ou de la saisie des comptes-rendus médicaux de certains hôpitaux. Et on peut compter sur le sens “pratique” de certains pour que le phénomène prenne de l’ampleur». Toutefois, Hexaconso signalait récemment (17 mars 2011) une relocalisation gagnante ! Aston (fabricant de décodeurs numériques pour la télévision) en partenariat avec un sous-traitant installé en Alsace qui emploie 130 salariés dont une centaine affectés à la production : tous comptes faits, cela lui reviendra moins cher que dans son usine de Corée du Sud…
Et si vous en avez marre de la merde chinoise qui vous claque dans les doigts à la première occase - même pas chère de la merde reste de la merde et c’est souvent une économie de bout de chandelle - n’hésitez pas à consulter le site Hexaconso.fr qui recense les entreprises françaises fabriquant du vrai “made in France”. Vous pourriez avoir des surprises, y compris sur les prix ! A l’exemple d’une antenne de réception externe (une cinquantaine d’euros) qui outre le prix à l’avantage d’être petite et autrement esthétique que les “räteaux” et autres “soucoupes volantes”…
Non ! Les délocalisations n’ont rien d’inéluctable, n’en déplaise aux vomitifs chantres de l’ultralibéralisme… Ce n’est qu’un gigantesque complot organisé. Le mot n’est pas trop fort et outre ce qu’il faut savoir sur le Groupe de Bidelberg et la Trilatérale, je conseillerais de (re)lire «La fin du travail» de Jeremy Rifkin (1995) et les deux excellents ouvrages de Vivian Forrester : «L’horreur économique» (1996) et «Une étrange dictature»…
A l’égard de feu l’Etat-providence, qu’il me soit permis de critiquer la société du «care» - entendre au sens de «soins» qui me fait furieusement penser à la théorie du “nursing” de Florence Nightingale dont on nous abreuva copieusement lors des trois premiers mois à l’école d’infirmières : s’il est indispensable pour le confort du malade et constitue indubitablement une des conditions de la guérison, il ne saurait se substituer aux différents traitements qui s’attaquent aux causes des maladies. Se refusant à prôner le retour de l’Etat-providence, Martine Aubry se prend les pieds dans le tapis d’une fumeuse théorie féministe américaine… Pour être féministe depuis trente ans, je n’en connais que mieux toutes les conneries qui ont parfois pu être pondues ! Or, si les solidarités de proximité – entre individus et/ou associations diverses – sont à l’évidence nécessaires (ce que le sociologue Emile Durkheim nomme «solidarité organique» et qu’il faudrait réhabiliter dans une société de plus en plus individualiste) la solidarité collective – celle de l’Etat-providence – ou «solidarité mécanique» selon ses termes, ne saurait disparaître, bien au contraire.
«Pour rester nous-mêmes, il nous faut changer» - il recycle la formule inaugurée lors de l’émission face aux Français «face aux Français» et il s’inspire visiblement des aphorismes de Big Brother dans «1984» de George Orwell tels «La paix c’est la guerre» - (…) Si nous ne changeons rien, nous n’aurons plus d’argent pour financer le modèle social français (…) Qui paiera, qui? Avec quel argent ? – et celui qu’il a généreusement distribué aux multimilliardaires, redistribution de l’impôt sur la fortune par centaines de millions d’euros, Liliane Bettencourt en étant la preuve par l’absurde qui a mis le feu aux poudres – (…) rappelant que la France ne pouvait pas éviter les réformes sans courir le risque de rejoindre «la Grèce, le Portugal, l’Irlande». Faisant allusion à la réforme des retraites ou de la fiscalité, il a justifié sa volonté de procéder à des réformes pas forcément populaires: «S’il y a des problèmes, il faut les traiter, on les règle tout de suite». Ben, oui, quoi ! Comme un petit taureau rageur qui fonce dans le mur, faute de réfléchir : “méthode Sarko” !
Ultime preuve qu’il n’a rien compris à l’exaspération croissante des Français sur fond de paupérisme et de mal-être social croissants, il tente de relativiser le climat morose : «Puisqu’on est en France, forcément il y a des gens qui ne sont pas contents» - à propos de la réforme des territoires – «Regardez comme c’est complexe la France. Quand on a peur que ça n’aille pas, on s’empare des micros. Quand cela s’est mieux passé que ce qui était prévu, on est d’une discrétion de bluette»… et cerise sur le gâteau : «Vous saviez qu’il y a trois mois on a fait la réforme des retraites ? Ainsi va la France»…
Le Pôv c… ! Totalement UM/Pcapable de comprendre que précisément cette réforme des retraites – imposée à la hussarde au moment même où l’affaire Bettencourt-Woerth défrayait la chronique – et à laquelle 60 % des Français étaient hostiles a sans doute creusé définitivement le hiatus entre Nicolas Sarkozy et le plus grand nombre des Français, des couches populaires aux classes moyennes à qui l’on n’impose le serrage de ceinture de plus en plus drastique en même temps que les “gloutocrates” multimilliardaires du “premier cercle” des généreux donateurs de l’UMP croulent sous une avalanche de largesses…
N’étant ni Mame Soleil ni la Pythie et ne disposant d’aucune boule de cristal, je serais bien infoutue de prédire si nous aurons en 2012 un 21 avril à l’endroit ou à l’envers. Nous sommes à un peu plus d’un an du premier tour de la présidentielle et bien fol serait celui qui exciperait aujourd’hui des sondages sur les intentions de vote – aucun ne donnant au demeurant les mêmes résultats à quelques jours d’écart – pour en inférer le résultat réel. Il de passe bien trop de choses en très peu de temps. Il suffit de se souvenir qu’au début 2009, le raz de marée de l’UMP aux régionales ne faisait aucun pli au point que certains se demandaient s’il fallait une campagne ! Je pense que le calamiteux épisode de «Prince Jean à l’Epad» survenant après force exemples de comportements dignes d’une république bananière, népotiste et clientéliste et suivi de bien d’autres aura été la cerise sur le gâteau.
Tout dépendra également du candidat de gauche – et s’il n’y a pas trop de dispersion entre de trop nombreux candidats qui n’ont objectivement aucune chance – qui lui serait opposé. En espérant que nous n’aurons pas une nouvelle fois «la gauche la plus conne du monde» ! Je rejoins totalement sur ce point ce qu’écrivent numéro après numéro dans Marianne, aussi bien Jacques Julliard, Jean-François Kahn et Nicolas Domenach (entre autres) et pour plagier un slogan soixtante-huitard : «5 ans c’est beaucoup, 10 ans c’est trop !»…