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Laisser le choix à l'électeur

Publié le 25 mars 2011 par Bix

Les communistes sont fâchés tout rouge.

La décision d'Europe Écologie Les Verts de se maintenir en cas de duel d'un de nos candidats avec un autre candidat de gauche provoque des réactions pour le moins énervées chez nos partenaires, surtout de la part des membres du Front de Gauche (et surtout du Parti de Gauche).

Jean-Luc Mélenchon, avec son sens de la mesure très chavezien, parle carrément de guerre civile  :

«Vous devez tous vous désister en faveur de celui qui est arrivé en tête», «c'est ou ça ou la guerre civile, ou les élections démocratiques tranquilles et fermes ou alors on se met des gifles»

On se met des gifles ? Et la confrontation démocratique des idées, fussent-elles toutes étiquetées "de gauche" ? Il faut expliquer à Jean-Luc que des duels dans une trentaine de cantons entre les écolos et le Front de Gauche ou le PS ne met à mal aucune majorité départementale ni l'union de la gauche pour plus tard.

Michel Soudais, éditorialiste de Politis, parle quant à lui de flibusterie électorale. Il a beau jeu de rappeler, à raison sans doute, que si l'on prône le libre choix de l'électeur au second tour nous aurions dû le prôner également au premier tour dans tous les départements. Certes, mais le mode de scrutin fait que la recherche d'un accord est systématique. Les départements sans accord au premier tour actent soit un différend purement politique (le PS estime être assez fort tout seul) soit un différend de fond (un dossier local pourrit l'ambiance...). Dans le cas d'un accord de premier tour, certes l'électeur n'a pas le choix, mais ce non-choix sur un canton peut être compensé par une présence assurée à l'assemblée départementale sur un autre canton.

Je le cite :

En général 4, on sait à quoi cela aboutit : les sympathisants de Nicolas Sarkozy et les fans de Marine Le Pen reportent leur vote sur le candidat qui leur paraît le plus proche des idées qu’ils défendent, donc le plus à droite, ou celui dont l’élection leur semble mettre le plus de « bordel » dans le camp adverse.

A ce jeu de con, la gauche ne gagne rien, car celui (ou celle) qui l’emporte c’est (presque) toujours le tenant de l’équité contre l’égalité, du changement dans la continuité plutôt que de la rupture, de l’évolution concertée et autres fariboles… Il n’y a pas de chemin plus direct pour droitiser la gauche que de s’en remettre au bon vouloir des électeurs du camp d’en face pour assurer son élection. Et qu’on ne me dise pas qu’un édile aussi (mal) élu ne cherchera pas à complaire à ces mandants, je n’en ai jamais rencontré de tels. Je tiens donc le procédé défendu par les dirigeants d’EELV pour détestable.

Mais Michel n'a pas que cet argument (somme toute recevable) à faire valoir. Non, il a mieux. La droite soutient officiellement les candidats EELV se maintenant au second tour contre un candidat de gauche. Il a 2 exemples précis :

  • À Saint-Denis, par le voix du conseiller municipal d'opposition (ce n'est pas très très officiel quand même),
  • À Cahors-Sud où l'UMP appelle (officiellement cette fois-ci) à voter écolo, pour en finir avec "la chape de plomb [socialiste] qui pèse sur le département".

Déjà, on n'y peut rien. On ne demande pas ce genre de soutien surtout que le conseiller municipal de Saint-Denis risque d'être déçu : si Fatima Laronde est élue au Conseil général du 93, je la vois mal militer pour couvrir le département de caméras de surveillance.

J'espère que cet homme vérifie bien le bulletin des gens qu'il sait de droite pour bien les refuser. Le vote pur, y a que ça de vrai.

Les différences entre les écolos, les communistes et les socialistes existent :

  • nucléaire (c'est d'actualité),
  • projets routiers (ça concerne les cantonales),
  • vidéosurveillance (un sujet où la relativité nationale-locale joue à plein au PS).

Rien que là, 3 raisons de laisser le choix aux électeurs quand la situation le permet. Parfois, comme en Loire Atlantique avec l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, un différend local empêchait un accord programmatique avant le scrutin et justifie une confrontation au premier et au second tour.

Enfin, il faudra qu'on m'explique en quoi ça va "casser la gauche"... Il serait peut-être temps que le Front de gauche passe au 21è siècle.


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