Arts Martiaux & méditation : Chanter les voyelles

Publié le 25 mars 2011 par Ladrevert

Même si l’on chante « faux » on peut chanter les voyelles, et les chanter « juste ». Remarquez, j’ai tout de même une excuse pour mon oreille musicale, ayant commencé la musique à 6 ans avec un instrument transpositeur, le saxophone alto, comment vouliez vous que cela se termine autrement. Il fallait jouer un fa dièse pour entendre un la comme l’instrument était en mi bémol… traumatisant s’pas ? la digression s’achevant passons au coeur de notre réflexion :

L’intérêt du saxophone par rapport à la pratique corporelle est la symbiose corps avec l’instrument, comprendre le lien qui permet de changer d’octave sans utiliser la clef d’octave, puis ensuite de pouvoir jouer des harmoniques avec des modifications corporelles où l’on va chercher ces notes… on comprend avec son corps.

Dans ma formation de taiji j’ai pratiqué des sessions de chanter les voyelles en séance de méditation en stage, notamment pour contrôler le souffle et la colonne d’air, une respiration relachée et continue, le son étant utilisé comme contrôle.

Puis j’ai lu des ouvrages sur le zen qui parlaient de chants qui n’avaient pas été traduits car ce qui importait étaient les sonorités chantées qui avaient un impact sur l’activité cérébrale. Cela a été étudié par des neuroscientifiques et je m’interrogeais à mon tour sur l’état d’esprit généré des diverses voyelles.

Dans mes sessions solitaires en foret j’expérimentais divers travaux de chant à partir du ventre, colonne d’air, et sonorités. J’en arrivais à une conclusion que j’ai expérimenté récemment à la RCM dans un cours.

Il est très difficile de faire comprendre parfois des sensations internes, et que les personnes se relâchent tout en gardant leur alignement.

Nous avons donc travaillé le fameux exercice push hand, où deux personnes jambes tendues l’une en face de l’autre à distance d’un bras tendu essayent de pousser les mains chacun leur tour, l’un bloquant l’autre poussant. Cet exercice permet de comprendre que l’on s’entrave soi même et qu’il faut laisser couler de son corps dans le corps de l’autre.

Un moyen de le travailler est de chanter sur la poussée, je vous laisse expérimenter mais plutôt que le i de la méditation, le a primal (quoique pouvoir pousser avec rage ce fameux a primal est très libérateur et relâche des tensions profondes) ou le om médiumnioque, je vous invite à chanter le u, où l’on sent la puissance. Il est très important que ce ne soit pas un chant de gorge mais bien un chant venant du ventre.

Pour chanter correctement avec le ventre : il faut trouver sa colonne d’air, cette colonne d’air correspondra à l’alignement recherché de la colonne et à une position correcte, le fait de chanter permettra également de ne pas se concentrer sur l’exercice et de relacher toutes les tensions inutiles.

Donc n’hésitez pas à chanter les voyelles pour contrôler auditivement le contrôle de votre souffle, pour relâcher des tensions, lâcher les pensées, respirer profondément par le ventre, et pour trouver votre colonne d’air et alignement.

Chanter des sutras procure d’autres surprises. Cela complémente zazen. Normalement quand on chante, on prolonge l’acte d’expiration. Chanter contribue à se concentrer sur une respiration profonde avec le ventre plutôt qu’avec les poumons. La manière dont je chante les monosyllabes japonaises, elles ne nécessitent ni concentration, ni ne requièrent de penser. Quelque chose au niveau de leur sonorité et rythme devient confortable en soi.

Zen and the brain