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Après la potiche, voici la femme postiche. Et dans le fond,...

Publié le 26 mars 2011 par Mmepastel
Après la potiche, voici la femme postiche.
Et dans le fond,...

Après la potiche, voici la femme postiche.

Et dans le fond, c’est pareil.

Je suis en train de lire La vie très privée de Mr. Sim, le dernier Jonathan Coe dont j’aime beaucoup la plupart des romans. 

Jonathan Coe est un auteur malicieux. Il passe une bonne partie du début du roman à nous attacher à son personnage-narrateur, un quadragénaire dépressif, conscient de ses faiblesses et confit dans l’ultra-moderne solitude.

Alors ensuite, évidemment, il ne faudra pas s’étonner de le voir s’amouracher d’une expression pourtant terriblement misogyne de la féminité : la voix de son guide GPS (il est VRP). Voyez plutôt :

“la première chose qui m’attire vraiment chez une femme, neuf fois sur dix, c’est sa voix (…) Or, pour ridicule que cela puisse paraître, aucune de ces deux femmes, ni Lindsay ni Caroline, n’avait une voix aussi prenante que celle qui sortait de cette machine. Elle était tout simplement belle, cette voix, belle à couper le souffle. C’était sans doute la plus belle voix que j’aie entendue de toute ma vie. (…) C’était une voix anglaise -il n’était pas impossible de la situer sur l’éventail social du côté de de la prononciation “cultivée”, de l’anglais de la BBC. Elle avait quelque chose de légèrement hautain, disons-le, une inflexion discrètement impérieuse. Mais en même temps, elle était calme, posée, infiniment rassurante. Comment pourrait-elle se fâcher ? Comment l’entendre sans se sentir apaisé, consolé ? C’était une voix qui nous disait que le monde tournait rond -le vôtre, en tous cas. C’était une voix totalement étrangère à l’équivoque comme au doute de soi ; une voix qui inspirait confiance. Peut-être que c’était ce qui me plaisait tant : une voix qui mettait en confiance.”

Émerveillé, le narrateur se laisse charmer par cette pseudo présence auprès de lui. Il lui parle, lui donne un nom, puis la teste : il s’écarte de l’itinéraire conseillé mais ne constate aucune variation de ton de la part de sa compagne informatisée : “Le ton n’avait nullement changé. Toujours calme, toujours mesuré. Nullement perturbé par mon petit geste de rébellion. “Continuez environ trois kilomètres sur cette route.” Et voilà tout, pas de reproches, pas de sarcasmes, pas de questions. Elle acceptait mon autorité et réagissait en conséquence. Bon Dieu ! Que la vie aurait été facile si Caroline avait pu adopter cette attitude plus souvent ! Je commençais déjà à me dire qu’en Emma j’avais trouvé quelque chose comme la partenaire idéale.”

Ce passage m’a fait penser au livre L’Ève future qui m’avait tant horrifiée et dont j’avais déjà parlé . Livre misogyne entre tous, pétri des convictions décomplexées de la fin du XIXème siècle. Une femme-robot qui répond enfin aux attentes de l’homme. Mais ici, on est avec Jonathan Coe, plus d’un siècle plus tard. Le pathétique ici, c’est bien Mr. Sim. Même si tendrement, on a envie de le réconforter, et qu’on n’a pas envie de lui en vouloir de se montrer si grossièrement caricatural.

De toutes façons, je n’ai pas fini ma lecture. Je ne sais pas comment Mr. Sim va faire pour se dépatouiller de sa vie sentimentale IRL comme on dit maintenant. Je sais juste qu’il doit affronter, en homme moderne, sa propre défaillance, la question de la paternité… La voix d’Emma ne suffira pas…

Image tirée du film Metropolis.


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