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Le Tournoi vu par Jean Pierre Elissalde

Publié le 26 mars 2011 par Pierre Salviac

Si je devais retenir une seule chose du Tournoi יcoulי, ce serait le grand יcart opיrי par Marc Liטvremont en matiטre de commentaires sur le comportement de son יquipe. Comment a-t-il pu passer en si peu de temps de l’emploi de mots aussi lourds de sens que « trahison » ou « lגchetי » א celui d’« admirable » ? Trahir, c’est passer א l’ennemi. Etre lגche, c’est abandonner son honneur, devenir mיprisable. Quant א avoir יtי admirable contre le pays de Galles, je ne vois pas ce qu’il y a eu d’admirable dans ce match somme toute assez moyen. Si ךtre admirable, c’est consentir des efforts dיfensifs et collectifs, alors mes juniors de Nafarroa le sont neuf dimanches sur dix.

La seule admiration que j’ai ressentie samedi a יtי pour Vincent Clerc lorsque, seul dans deux mטtres carrיs, il a bien failli grגce א son envie et son talent (merci le « cadrage dיbor » א l’arrךt) marquer son 25e essai international. Marc doit prendre plus de recul dans ses discours, devenir plus mature. Car s’il y a de la place pour tous les types de rugby, l’expression du message, particuliטrement vers l’extיrieur, doit, elle, ךtre modיrיe en presque toutes circonstances. Contre l’Italie, les Franחais ont lגchי mais n’ont pas יtי lגches (en quoi ?), ils se sont peut-ךtre mentis mais qui ont-ils trahi ? Samedi contre Galles, ils ont יtי des rugbymen comme tout un chacun se doit de l’ךtre sur un terrain. Je suis donc surpris de ces jugements extrךmes du sיlectionneur. A ce sujet, je rebondis sur un article de L’Equipe, paru mercredi dernier, qui א propos de Marc Liטvremont interrogeait Eric Blondeau, prיparateur mental et spיcialiste de la gestion de crise. Il disait ceci : « La confiance ne se dיcrטte pas, elle est sous-tendue par cinq יlיments factuels, liיs aux actes : authenticitי, loyautי, compיtence, cohיrence, ouverture au changement. » Je ne me permets pas de juger sur quatre d’entre eux (Blondeau estime qu’il en manque trois sans dire explicitement lesquels !!!), mais je m’arrךte sur la cohיrence : celle des mots a aussi son importance.

Jean-Pierre Elissalde. (Photo DR)

Concernant le match, j’ai apprיciי d’entendre le public soutenir nos petits Bleus dטs leur sortie des vestiaires. Les gens ne leur ont pas tenu rigueur de leur faux-pas romain, c’est la preuve qu’on est encore (un peu) diffיrent de certains. Pour le reste, ce France - pays de Galles rיsume assez bien les problיmatiques que rencontre l’יquipe de France depuis un certain temps. On souffre toujours autant de notre incapacitי א franchir, le changement des centres n’y a rien changי. Pour schיmatiser, il existe deux faחons de pיnיtrer une dיfense : soit on ouvre poliment la porte pour y laisser entrer la personne qui nous suit (placer son partenaire dans l’intervalle qu’on lui a (a)mיnagי par sa course et par sa passe), soit on l’enfonce pour faire place nette et laisser le champ libre א son suivant (percuter et casser le plaquage). Combien de fois a-t-on vu l’une et l’autre ? Clerc est capable de franchir, Mיdard et Trinh-Duc aussi. Mais on a surtout multipliי les temps de jeu et les transmissions sans grande efficacitי... sur ces mouvements-lא. Quel rיalisme sinon : avec deux occasions franches, les Franחais marquent trois essais (comme au foot oש l’on a pu voir Arsenal marquer contre Barcelone sans tirer une seule fois au but de tout le match grגce א un but contre son camp de l’adversaire) ! Nous n’avons pas de liaisons dangereuses qui unissent deux joueurs dans un mךme intervalle permettant de jouer un un contre un pour l’autre. Il faut amיliorer la cellule et la circulation offensive des joueurs, tous les observateurs s’accordent sur ce point. Mais cela ne suffira pas.

Je reste perplexe sur le caractטre (in)offensif de nos plaquages. Notre impact faible sur le plan offensif l’est aussi dיfensivement. A conserver ces plaquages de type judo (accompagner la chute vers l’arriטre), on va au devant de grandes dיsillusions. Or si nos joueurs n’entrent pas sur le terrain pour casser l’adversaire, ils y entrent pour casser son jeu par des plaquages appuyיs notamment. Aujourd’hui, intuitivement, je dirais que Thierry Dusautoir assume א lui seul la moitiי des plaquages offensifs. Il faut mettre du caractטre dans cette יquipe ! Et on en dispose. Nos piliers sont de vrais petits taureaux, Lionel Nallet (celui vu contre les Gallois) peut ךtre un vrai fer de lance. Tous doivent se concentrer sur le combat sinon la dיfense franחaise reculera, certes organisיe, mais elle reculera comme on a pu la voir faire de trop nombreuses fois durant ce Tournoi. Et l’on ne pourra pas toujours se reposer sur les mauvaises passes (au propre comme au figurי) de nos adversaires pour s’en sortir. Certaines nations א l’autre bout du globe ne se priveront pas d’exploiter nos failles dans ce domaine - souvenez-vous novembre...

Suite :http://blog.rugbyconnection.com/lhumeur-de-jean-pierre-elissalde-admirable-non-ordinaire-trop-ordinaire


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