Peut-être plus encore que le match Racing-Toulouse, la rencontre à Anoeta entre le Biarritz Olympique et l'Aviron Bayonnais constituait l'affiche de la 22ème journée du Top 14.
Certes, le classement des deux équipes Basques n'est pas celui du Racing ou du Stade Toulousain, mais le derby entre les deux frères ennemies possède une saveur que le retour récent au plus haut niveau du Racing ne suffit pas à donner au "trophée Pierre-de-Coubertin". Du moins pas encore.
Pourquoi vouloir comparer les deux rencontres ? Essentiellement parce qu'il fallait faire un choix, devant son téléviseur, entre le derby et le match de gala du Stade de France, programmés respectivement à 15h30 et 16h30. Et encore fallait-il posséder un abonnement à Rugby + (ou accepter de payer pour le match à Anoeta). Il est assez étonnant (pour ne pas dire aberrant) que les amateurs de rugby aient à affronter ce dilemme, alors que les instances dirigeantes se plaignent d'un manque de visibilité de leur sport et que Canal + estime que le rugby n'est pas aussi rentable que cela. De l'art de se tirer une balle dans le pied.
Bref, l'auteur de ces lignes a donc décidé de se camper devant le derby basque, alléché par les propos d'avant-match, qui disaient l'importance de la rencontre pour l'avenir des deux clubs en Top 14, rappelaient la tension qui peut exister entre les tuniques bleues et les peaux rouges, une tension mêlée, néanmoins, de suffisamment d'estime pour laisser présager un combat dans les règles.
Las, Bayonne est passé complètement à côté de son sujet et a accumulé à peu près tout ce qu'il faut faire pour perdre un match. Des plaquages ratés en pagaille ont permis aux Biarrots de créer des brèches dans le dispositif défensif bayonnais. La mêlée de l'Aviron n'a jamais réussi à trouver la bonne carburation, la touche n'a pas été fameuse et les attaquants ciel-et-blanc ont multiplié les en-avants et autres choix hasardeux.
Seul une baisse de régime Biarrote dans chaque mi-temps a évité à Bayonne de prendre plus cher que ce (néanmoins cinglant) 40 à 10. C'est une erreur de Damien Traille (qui n'a pas fait sa meilleure rencontre aujourd'hui) qui a remis l'Aviron dans la partie en début de rencontre, avec un essai qui ramenait les hommes de Christian Gajan à dix points. Mais les espoirs Bayonnais ont été de courte durée. Avec un Julien Peyrelongue rusé (et hors jeu sur le deuxième essai...) et un Takudzwa Ngwenya des grands jours, sans parler de Dimitri Yachvilli et Imanol Harinordoquy, que le derby semble visiblement, transcender, le BO a fait parler la poudre.
Côté Bayonnais, on peut craindre que les querelles intestines entre dirigeants n'aient pas facilité la préparation de ce match. Malgré les dénégations de certains joueurs (on pense à Denis Avril) l'extra-sportif a vraisemblablement miné la confiance des joueurs.
Le résultat est là. Biarritz se cramponne à une place de barragiste, pendant que Bayonne devra cravacher pour espérer connaître les joies d'une qualification. A quatre journée du terme de la saison régulière, avec trois matches compliqués, les perspectives ne sont pas des plus réjouissantes. Un échec dans la course aux barrages pourrait plomber l'ambiance car elle serait synonymes de non qualification pour la H Cup et les recettes qui vont avec.
On en n'est pas encore là, mais l'Aviron pourrait bien regretter son "non match" d'aujourd'hui.