La réunion a lieu à un moment où de fortes incertitudes pèsent sur la santé future des économies européennes. Dans ce contexte, la CES exprimera son opposition à la modération excessive actuelle des salaires et mettra l’accent sur la nécessité de protéger le pouvoir d’achat des travailleurs et de garantir de bons emplois et une protection sociale adéquate pour essayer de contrer les risques de récession.
La CES formulera deux messages forts avant la réunion informelle des ministres de l’emploi et des affaires sociales qui a lieu du 31 janvier au 2 février :
en dépit des signes qui révèlent une baisse des salaires réels et une augmentation des inégalités dans de nombreux domaines, les lignes directrices de l’UE en matière de politique économique continuent de recommander une modération générale des salaires sans reconnaître qu’une modération salariale excessive est inéquitable et injustifiée, sauf pour les gros revenus (pour lesquels elle est attendue depuis longtemps).
“L’Europe risque d’être perçue comme une voie à sens unique où la part des salaires ne cesse de diminuer,” souligne le Secrétaire général de la CES, John Monks. “Nous ne pouvons accepter une telle situation.”
bien que l’UE ait créé 18 millions de nouveaux emplois ces dix dernières années, la récente analyse conjointe du marché de l’emploi par les partenaires sociaux, révèle qu’un trop grand nombre d’entre eux sont de mauvaise qualité ou précaires, sans ou quasiment sans formation, constitués de plus en plus de contrats temporaires. On constate aussi une augmentation du travail à temps partiel involontaire. Les Etats membres ne parviennent même pas à appliquer l’acquis social européen existant, comme la législation sur les contrats à durée déterminée, afin de générer des emplois de qualité. La CES veut que les contrats sûrs et les relations de travail stables soient encouragés par des droits du travail bien conçus et une pratique bien établie en matière de conventions collectives.
La CES estime en outre que les politiques actuelles ne répondent pas à la nécessité de stimuler la demande et de rétablir la confiance et que, dans ces circonstances, les Etats membres devraient avoir la possibilité de prendre des mesures fiscales discrétionnaires, liées aux réformes structurelles destinées à accroître le potentiel de croissance.
Le mouvement syndical européen note avec satisfaction que l’UE a adopté une approche plus équilibrée à l’égard du principe de flexicurité, et a reconnu la nécessité d’offrir davantage de sécurité aux travailleurs ayant des contrats temporaires. Par ailleurs, en ce qui concerne la protection sociale, l’accent est mis de manière excessive sur la nécessité qu’il faut éviter le risque, supposé, que les systèmes de prestations découragent le travail. Cette perception montre l’incapacité de tirer les leçons de la réalité d’un certain nombre d’Etats membres les plus performants de l’UE où les prestations généreuses constituent un ingrédient essentiel de la gestion du changement structurel et de la gestion d’une main-d’oeuvre adaptable.
Selon John Monks : “La CES est fortement préoccupée par la menace que font peser les inégalités sociales croissantes en Europe : entre les riches et les pauvres, les hommes et les femmes, et entre les travailleurs qui ont un emploi sûr et ceux qui ont un emploi précaire et des salaires de misère. Les travailleurs vulnérables ne doivent pas être les victimes de la situation mondiale actuelle.”
La CES parle d’une seule voix au nom des intérêts communs des travailleurs au niveau européen. Fondée en 1973, elle représente aujourd’hui 82 organisations syndicales dans 36 pays européens ainsi que 12 fédérations sectorielles.