Dans notre société sécuritaire et protectionniste où les institutions et l’Etat tentent de jouer les mères poules, deux actions de communication viennent secouer la morale hygiéniste en vigueur.
Depuis le 13 mars dernier, l’Inpes déballe un film publicitaire sur les chaines hertziennes et la TNT pour dénoncer l’usage quotidien de l’alcool. Rien de nouveau dans cette énième rengaine édifiante et ennuyeuse… En miroir à cette campagne, le réseau Périnice —1er réseau sur la prise en charge de l’incontinence en France, agréé par la Haute Autorité de Santé et soutenu par l’Agence Régionale de Santé— balance un communiqué de presse alarmiste : « Boire trop d’eau (plus d'un litre et demi de liquide par jour) devient un réel problème de santé publique qui précipite de nombreuses femmes dans le handicap social de l’incontinence urinaire. Notamment à l'approche des beaux jours où les petites bouteilles d'eau vont commencer à fleurir dans les sacs et au bureau. » (???)
Pour continuer sur ce chapitre vésicale et féminin (apparemment ça concerne pas les hommes…), les acteurs du réseau Périnice détaillent les inconvénients d’un trop plein d’eau : « Fuites, incontinence, urgences mictionnelles, levers nocturnes multiples, cystites à répétition, infections urinaires à répétitions, reflux vésico urétéraux, insuffisance rénale, troubles du sommeil, de l’humeur, dépression, marginalisation, handicap social etc. » Autant de problèmes qui invitent à la mesure aquatique…
Sans ignorer la réalité des problèmes de santé générés par notre humanité instinctive et futile, on peut s’interroger sur ces avis de santé qui déferlent pour réguler notre frivolité inconsciente et humaine, tellement humaine. Les scientifiques enrôlés par les institutions étatiques cherchent à nous rappeler simplement que l’excès est la mère de tous les désordres. Certes, mais trop de messages, tuent les messages…
D’ici peu, peut-être qu’une étude va nous apprendre que manger 5 fruits ou légumes par jour provoquent des coliques néphrétiques et qu’il est temps de réduire leur consommation. Et si nous vivions tout simplement ?
Photos : D.R.